« On vend peu de chasselas de Moissac malgré les prix bas »
En dépit d’une production en baisse, le chasselas de Moissac, un raisin de table AOP, peine à trouver des débouchés. Sauf à des prix couvrant tout juste les coûts de production.
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C’est une année très particulière pour le chasselas de Moissac : une production en baisse de 20 à 30 % mais des difficultés à écouler ce raisin de table AOP, sauf à des prix très bas. « Notre coût de revient est à environ 2 € le kg et on le vend à 2,10 ou 2,20 € le kg, résume Claude Gauthier, président du syndicat de défense du chasselas de Moissac. On travaille pour pas grand-chose. Et, en plus, on n’a pas de visibilité sur les commandes futures. »
Face à cette « galère » à trouver leur place dans les étals, les chasselatiers ont tiré la sonnette d’alarme, dès la mi-septembre. Ce qui a incité la préfecture du Tarn-et-Garonne à organiser une réunion entre les représentants des producteurs de raisin, d’Interfel, de la chambre d’agriculture et ceux de la grande distribution, à la fin de septembre. Le 30 septembre, la préfecture écrivait ainsi que « 80 % de la récolte est stockée et attend d’être distribuée ». Depuis, « il y a un mieux, admet Julien Custody, producteur à Cazes-Mondenard (Tarn-et-Garonne) et coprésident de la toute nouvelle association interprofessionnelle des raisins du Sud-Ouest. Les enseignes se sont engagées à mettre en avant notre raisin dans les prochaines semaines, qui est le point haut de la saison. »
Les stocks « baissent donc, mais assez doucement, il n’y a pas une grosse demande », regrette Claude Gauthier. M. Custody énumère : « On est une AOP, avec un raisin de qualité, où toutes les étapes sont faites à la main, mais notre production coûte cher. Et ce sont des petits grains et avec des pépins, ce qui n’est pas le plus tendance. » le tout dans un contexte de concurrence avec les raisins espagnols et surtout italiens. Alors, témoigne M.Gauthier : « Depuis plus de 40 ans que je fais ce métier, les prix bas ne sont pas rares. Mais la situation actuelle l’est beaucoup plus : ça ne part pas, ou peu, malgré les prix bas. »
Une culture en pleine restructuration
La préfecture a diligenté « une mission d’appui et d’accompagnement du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAGER) au soutien de l’association interprofessionnelle » du chasselas sur la zone de son AOP, le nord du Tarn-et-Garonne et le sud du Lot. De fait, il s’agit d’une culture en pleine restructuration : « Depuis 2020, la surface en AOP a baissé de près de 25 %, on est à 346 ha aujourd’hui. Et la production est passée de 3300 tonnes en 2024 à 1850 tonnes l’an dernier, compte M. Custody. Nous devons travailler à moyen et long terme pour voir ce qu’on est capable de produire et quels sont les besoins. » Avec « une baisse progressive des vignes de chasselas » et une diversification. A « moyen terme », Julien Custody prévoit ainsi de diminuer sa surface du raisin AOP, pour la passer de 1,9 à 0,6 ha. Mais pas d’abandonner : « L’AOP reste la locomotive. C’est ce qui fait connaître la région dans la production de raisin. » Par ailleurs, souligne M.Custody, « le chasselas de Moissac, c’est une chose, mais c’est tout le raisin français qui a du mal à lancer la saison et à être suffisamment commercialisé. »
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