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Blé, maïs, pommes de terre : les amidonniers français sont à la peine

Le recul des achats de matières premières agricoles par le secteur amidonnier français en 2024 s'observe principalement sur le blé.

Les achats de matières premières agricoles françaises par le secteur de l'amidonnerie (blé, maïs, pommes de terre et pois) accusent un recul de 4 % sur un an. La consommation de produits amylacés est atone, et la concurrence internationale s’accroît.

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« Les résultats de 2024 du secteur amidonnier ne sont pas les meilleurs qu’on ait pu présenter », prévient Mariane Flamary, déléguée générale de l’Union des syndicats des industries des produits amylacés et de leurs dérivés (Usipa), lors d’une conférence de presse tenue le 25 septembre 2025.

2,7 millions de tonnes de blé

La profession a réalisé un chiffre d’affaires de 3,1 milliards d’euros, en baisse de 21 % par rapport à 2023. « Les amidonniers subissent en effet une conjoncture économique qui n’est pas très bonne, marquée par une consommation en berne, explique-t-elle. Depuis quatre ans, elle ne repart pas malgré la baisse de l’inflation. » Cela a tiré les prix à la baisse pour le secteur.

Et « quand on vend moins, on achète moins » : le volume de matières premières agricoles consommées, 5 millions de tonnes, a baissé de 4 % sur un an. Il se répartit ainsi :

En 2024, 98 % de ces matières premières sont d’origine française, contre 96 % en 2023, grâce à une plus grande disponibilité de maïs tricolore.

Contraintes de production

Le recul de la consommation n’est pas la seule raison de la baisse du chiffre d’affaires, estime l’Usipa. « Produire de l’amidon et produits dérivés en France, c’est produire dans un environnement où les coûts de production sont plus élevés qu’ailleurs. L’environnement réglementaire et fiscal est plus contraignant, ce qui a un coût », signale Mariane Flamary.

La déléguée générale de l’Usipa évoque notamment des taxes « spécifiquement françaises », telles que les redevances sur l'eau, les impôts de production français (3,8 % du PIB) plus élevés que la médiane européenne (2 %), ou encore les crédits carbone plus chers en Europe (environ 65 €) que dans le reste du monde (entre 18 et 35 $ aux États-Unis ; 13 $ en Chine).

Mariane Flamary est déléguée générale de l’Union des syndicats des industries des produits amylacés et de leurs dérivés (Usipa). (© Usipa)

Exportations en baisse

L’amidonnerie reste un secteur contributeur de la balance commerciale. 71 % du chiffre d’affaires a été réalisé à l’exportation, un chiffre relativement stable. Mais « faute de compétitivité, nos exports régressent », souligne-t-elle. Le chiffre d’affaires du secteur réalisé à l’étranger est ainsi passé de 2,7 milliards d’euros en 2023 à 2,2 milliards d’euros en 2024 (–18 % en un an).

Sur le marché français, « les points de préoccupation se multiplient », pointe l’Usipa, qui cite notamment les perspectives incertaines de reprise de la consommation, la perte de compétitivité, la hausse des coûts de production, la volatilité des cours de l’énergie, ou encore les investissements « colossaux » dans la décarbonation sans valorisation par le marché. Sur ce dernier point, l’Usipa souligne que les industries amidonnières ont réduit de 36 % leurs émissions de gaz à effet de serre directes entre 2015 et 2024.

Appel à un « réveil européen »

Par ailleurs, le syndicat s’inquiète des conséquences de plusieurs accords commerciaux sur le marché européen : avec le Mercosur, qui contient des contingents de produits amidonniers, mais aussi avec la Thaïlande et l’Indonésie, « premiers producteurs mondiaux de fécule de manioc ». L’accord politique conclu entre l’Union européenne et les États-Unis « se révèle préjudiciable ». Et la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, deuxième producteur mondial d’amidon, pourrait avoir un effet négatif indirect sur l’Europe. L’Union européenne pourrait voir arriver les invendus chinois sur son marché. Le syndicat plaide pour la mise en place d’un dispositif de surveillance renforcé.

En 2024, certaines usines ont tourné en sous-capacité. Si la demande ne repart pas à la hausse, certains sites seraient-ils menacés à l’avenir ? « Il y aura certainement des mesures qui seront prises », a estimé Marie-Laure Empinet, présidente de l’Usipa. « Cette question-là se posera à l’échelle européenne », juge-t-elle. Avant d’arriver à des fermetures de sites ou des licenciements, l’Usipa souhaite travailler sur la capacité d’investissement des sites.

Et pour maintenir les capacités de production des amidonniers européens, l’Usipa appelle plus généralement à « réveil européen » face à la « nouvelle donne internationale ». La protection du marché européen « doit redevenir une préoccupation de la Commission » européenne, estime l’organisation. 69 % des exportations françaises du secteur sont réalisées au sein de l’Union européenne.

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