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Un début de campagne tendu pour les céréales françaises

« On est tous contents d’avoir cette récolte de blé plutôt bonne en quantité et en qualité, ce qui est positif, a commenté Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé des grandes cultures de FranceAgriMer. En revanche, les prix ne sont pas là. »

FranceAgriMer actualise ses données de la fin de la campagne de 2024-2025 et du début de la campagne de 2025-2026 pour les marchés français des céréales. Face aux prix du blé très bas, Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé des grandes cultures, observe une morosité chez les opérateurs français.

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Le 17 septembre 2025, à l’issue de son conseil spécialisé sur les marchés céréaliers, FranceAgriMer a légèrement revu en hausse de 2 % la production 2025 de blé tendre par rapport à ses prévisions publiées en juillet dernier. Celle-ci est désormais estimée à 33,294 millions de tonnes, et marque une hausse de 30 % par rapport à la récolte de 2024. « On est tous contents d’avoir cette récolte plutôt bonne en quantité et en qualité, ce qui est positif, a commenté Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé des grandes cultures de FranceAgriMer. En revanche, les prix ne sont pas là. »

En moyenne, les revenus des céréaliers français sont négatifs cette année, pour la troisième campagne consécutive, souligne-t-il. Face à l’augmentation des charges, et principalement du prix des engrais qui restent chers malgré une baisse par rapport à il y a deux ans, la situation est « extrêmement délicate », et il n’y a « pas de solution immédiate. Des agriculteurs s’adressent à leurs organismes stockeurs en demandant des avances de trésorerie pour pouvoir payer les intrants dont ils auront besoin cet automne. Et ce n’est que le début de la campagne. »

Des exportations qui ont « démarré fort » en blé tendre

Pour le premier mois de la campagne de commercialisation de 2025-2026, FranceAgriMer estime que 1,0 million de tonnes de blé tendre français a été exporté (contre 0,9 million de tonnes en 2024-2025 sur la même période). Par rapport à ses prévisions de juillet 2025, FranceAgriMer a augmenté de 350 000 tonnes ses estimations d’exportations de blé tendre pour 2025-2026 vers les pays tiers, à 7,85 millions de tonnes (+125 % sur un an).

« Elles devraient être importantes par rapport à la campagne de 2023-2024, principalement vers le Maroc avec des prévisions entre 2,5 et 3 millions de tonnes, décrit Habasse Diagouraga, chargé d’études économiques sur les céréales chez FranceAgriMer. Les exportations seraient également assez dynamiques vers la destination habituelle qu’est l’Afrique subsaharienne. » Il signale par ailleurs des volumes achetés depuis le début de la campagne par l’Égypte, et quelques pays d’Asie dont le Bangladesh et la Thaïlande. Vers l’Union européenne, les exportations françaises sont attendues relativement stables sur un an, à 6,743 millions de tonnes.

« On a eu la chance d’avoir des exportations assez soutenues en ce tout début de campagne, poursuit Benoît Piètrement. La moisson, plus précoce que d’habitude, a permis à des opérateurs de se positionner sur les marchés. » Sont ensuite arrivées les productions européennes et de la mer Noire, qui exercent une forte concurrence. « Pour la suite, on sent bien que tout le monde est tendu, attentif et inquiet », note Benoît Piètrement.

Le besoin de trésorerie va forcer les agriculteurs à vendre

Mais si les greniers français sont pleins, ceux de nos concurrents le sont aussi. « Notre compétitivité est plombée, entre autres par la parité euro/dollar, observe Benoît Piètrement. Pour tous les opérateurs, il va être compliqué de se placer sur les marchés. » Les prix proposés actuellement aux agriculteurs ne les incitent pas à vendre.

« Et les organismes stockeurs vont devoir continuer à vendre régulièrement pour abonder les marchés habituels, à des prix qui ne sont pas là, anticipe-t-il. On espère que des marchés vont se développer et retrouver des compétitivités d’une manière ou d’une autre. En tout cas, les perspectives par rapport aux marchés internationaux ne sont pas là. » Pour lui, les producteurs français vont finir par être obligés de vendre « de gré ou de force », pour pallier le besoin de trésorerie, à des prix « qui ne seront pas bons ».

Alors que les semis de blé approchent, cette situation ne se traduira pas nécessairement par une baisse de la sole, estime-t-il. « Les surfaces baissent depuis quelques années parce que d’autres productions viennent compenser sur d’autres marchés. Mais on voit bien que c’est compliqué pour tout le monde, et que personne ne sort son épingle du jeu. »

Les stocks d’orge au plus hauts depuis 2009-2010

Du côté de l’orge, les stocks finaux de 2025-2026 ont été rehaussés de 25 % par rapport à juillet 2025, à 2,189 millions de tonnes. Ils marquent ainsi un plus haut depuis la campagne de 2009-2010, souligne Habasse Diagouraga. C’est notamment la conséquence de la hausse du stock initial (qui correspond au stock final de 2023-2024) : d’une estimation à 932 000 tonnes en juillet 2025, il est passé à 1,132 million de tonnes en septembre.

Au niveau des utilisations, le poste « fabricants d’aliments du bétail (Fab) » a été légèrement revu à la baisse de 50 000 tonnes en septembre par rapport à juillet 2025. « Sur cette campagne, on a estimé que les Fab allaient utiliser un peu plus de blé [dans leurs formulations] compte tenu de sa quantité disponible et de sa compétitivité par rapport aux autres céréales », justifie le spécialiste.

FranceAgriMer estime que 900 000 tonnes d’orges ont été exportées en juillet 2025, contre 500 000 tonnes l’année précédente à la même date. L’organisme prévoit que 5,614 millions de tonnes d’orge françaises seront exportées en 2025-2026, dont 2,900 millions de tonnes vers les pays tiers, et 2,653 millions de tonnes vers l’Union européenne.

Les exportations de maïs ont été « dynamiques ces derniers mois »

Concernant le maïs, Habasse Diagouraga note que les exportations de maïs de 2024-2025 ont été « assez dynamiques ces derniers mois » : 5,4 millions de tonnes ont été exportées (contre 5,0 millions de tonnes initialement prévues), dont 4,70 millions de tonnes vers l’Union européenne. La collecte de 2024-2025 a, quant à elle, été revue en baisse de 600 000 tonnes par rapport au prévisionnel, « parce que les agriculteurs ont moins vendu » que prévu, commente ce dernier.

Entre la hausse des exportations et la baisse de la collecte, le stock final de maïs de 2024-2025 a finalement été abaissé de près d’un million de tonnes, à 2,188 millions de tonnes. L’expert souligne toutefois la difficulté d’établir des prévisions de collecte pour le maïs, la part de la culture affectée à la méthanisation étant difficile à identifier et hétérogène selon les campagnes. Pour la campagne de 2025-2026, FranceAgriMer table sur une production de maïs à 12,482 millions de tonnes, en baisse de 9 % sur un an.

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