L’abondance de la récolte mondiale fragilise les prix du colza
L’afflux des récoltes de l’hémisphère Nord provoque le recul du marché, dans un contexte de commerce mondial déstabilisé.
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Depuis la moisson, les cours du colza perdent du terrain. Une baisse régulière de 20 €/t et des prix qui naviguent désormais autour de 467 €/t sur Euronext. En toile de fond, l’abondance des récoltes dans l’hémisphère Nord conforte l’approvisionnement du marché. En France, la production est estimée à 4,5 millions de tonnes, en progression de 15 % par rapport à l’an dernier, portée par des rendements localement exceptionnels. L’Allemagne suit la même tendance avec 3,97 millions de tonnes (+9,4 %), et la récolte européenne rassure ainsi les opérateurs.
Un marché où la demande peine à suivre
Le Canada n’est pas en reste et s’apprête à engranger sa meilleure moisson de colza depuis 2019, à près de 20 millions de tonnes. Dans ce contexte, le léger repli des disponibilités ukrainiennes sera compensé, d’autant plus que l’Australie prévoit une récolte de 6,4 millions de tonnes en décembre prochain, sous réserve de conditions climatiques clémentes. Ce regain de disponibilités pèse naturellement sur les cours, dans un marché où la demande peine à suivre.
La récente décision de l’Opep + d’augmenter sa production pétrolière à partir d’octobre fait pression sur les prix du pétrole brut, qui s’affichent autour de 65 dollars le baril. Or, le colza européen est avant tout valorisé dans le biodiesel pour près de 60 % des volumes. Une baisse du prix du pétrole fragilise la filière énergétique et rejaillit sur les prix des huiles végétales. L’huile de colza résiste encore mais la rentabilité des opérateurs se réduit.
Sont en cause, les cours des tourteaux, qui dégradent les marges de trituration en atteignant leurs plus bas niveaux depuis six ans, dans le sillage du soja. La hausse de l’euro face au dollar exacerbe encore la compétitivité des tourteaux de soja à Montoir. Dans ce contexte, les usines achètent moins, les débouchés s’affaiblissent et la graine, elle aussi, perd en valeur. Mais cette pression baissière est en partie contenue par un ralentissement des échanges internationaux.
Échanges mondiaux contrariés
Le commerce mondial du colza s’enraye sous l’effet de mesures politiques et douanières qui complexifient les flux. En Ukraine, un droit de douane de 10 % s’applique désormais aux exportations de colza. Cependant, depuis le 5 septembre, l’absence de procédure claire bloque les chargements dans les ports. L’Europe importe près de 50 % de ses besoins en colza au départ des ports ukrainiens. Le ralentissement des expéditions limite donc temporairement la pression sur les cours.
De son côté, la Chine a instauré des droits de douane sur l’importation d’huile et de tourteaux canadiens depuis mars. Cette mesure pourrait s’étendre également à la graine, fragilisant les débouchés asiatiques pour le premier exportateur mondial. L’Australie semble pouvoir tirer son épingle du jeu après plusieurs années de gel diplomatique entre Pékin et Canberra.
Ces décisions géopolitiques redistribuent les flux et entraînent des incertitudes sur les marchés, limitant pour le moment l’effet dépressif des récoltes abondantes sur les prix.
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