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Les prix du blé et du maïs s’accrochent, pour l’instant, à leurs plus bas niveaux

À l’approche de l’automne, l’activité de chargement à l’export demeure un indicateur clé à suivre pour la suite de la campagne.

Les prix des céréales ont marqué de nouveaux plus bas, intégrant désormais les chiffres définitifs des récoltes de l’hémisphère nord et les perspectives optimistes de celles de l’hémisphère sud.

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Les opérateurs attendent désormais, en cette fin de semaine, la publication mensuelle du ministère américain de l’Agriculture (USDA) avec les mises à jour des prévisions des stocks de fin de campagne. L’optimisme affiché actuellement pour les rendements du maïs et aussi du soja aux États-Unis sera néanmoins à confirmer lors de la récolte en raison du temps sec actuel sur plusieurs zones de production.

Retour sur les plus bas traités pour le blé

Les cours du blé en zone portuaire sont revenus tester le niveau de 186 €/t base juillet en rendu Rouen, retrouvant ainsi le plus bas enregistré la semaine précédente. Les prix tentent désormais de se stabiliser, avec en ligne de mire la nécessité de rester compétitifs face à ceux pratiqués dans la région de la mer Noire. Les écarts actuels entre les origines françaises et les prix Fob russes ou ukrainiens tendent à se réduire progressivement.

En Russie, sur le marché local, les prix libellés en roubles s’apprécient, soutenus par l’évolution favorable du taux de change. Cette situation encourage les intentions de vente de la part des agriculteurs, jusqu’ici peu actifs. La progression des récoltes confirme une production en hausse en Russie, ce qui devrait renforcer les volumes disponibles à l’exportation, estimés à plus de 43 millions de tonnes. Bien qu’en légère hausse par rapport à l’an dernier, le potentiel exportable s’affiche toujours en deçà des deux campagnes record de 2022-2023 et de 2023-2024.

Sur le marché français, avec des prix physiques proches des plus bas depuis mars 2024, l’intérêt des fabricants d’aliments du bétail pour l’incorporation de blé dans leurs formulations reste soutenu. Le blé se substitue ainsi à d’autres céréales fourragères jugées moins attractives, comme le maïs et l’orge.

À l’approche de l’automne, l’activité de chargement à l’exportation reste un indicateur clé à suivre pour la suite de la campagne, dans un contexte où les prévisions de stocks sont toujours très élevées en France comme chez les principaux pays exportateurs.

Moissons à venir en maïs

Les premiers chantiers de récolte du maïs grain débutent progressivement en France, dans les régions les plus précoces, avec, sans surprise, des rendements inférieurs à ceux de l’an dernier. L’impact des conditions sèches de l’été accentue l’écart de rendement attendu entre les parcelles irriguées et celles qui ne le sont pas. L’avancement des récoltes permettra de confirmer cette hypothèse et de mettre en évidence une hétérogénéité atténuée, ainsi que les disparités entre la zone du Sud-Ouest et celle de l’Est de l’Hexagone, qui n’a pas souffert des mêmes conditions climatiques.

La baisse attendue de la production française par rapport à l’an dernier devrait être facilement compensée malgré tout par l’utilisation d’autres céréales disponibles dans les débouchés de l’alimentation animale, ainsi que par le recours à d’autres sources d’importation pour les pays européens voisins, habituels acheteurs de maïs français.

Les prix sur le marché français pour la nouvelle récolte évoluent peu actuellement et restent, à ce jour, proches des récents plus bas. À titre d’exemple, en rendu Bordeaux, le cours se situe juste au-dessus de 180 €/t en base juillet. En effet, malgré une production attendue en baisse en France et en Europe, le marché mondial reste bien approvisionné.

La production brésilienne a été revue à la hausse cette semaine par le Conab : l’agence gouvernementale brésilienne prévoit désormais un volume de 139,67 millions de tonnes de maïs pour la campagne de 2024-2025, avec une activité export toujours estimée à 40 millions de tonnes. Les importateurs européens suivent également de près les perspectives de production ukrainiennes, elles aussi annoncées en hausse.

Sur le marché du maïs, l’attention reste principalement tournée vers la situation américaine. Les rendements records espérés lors de la publication de l’USDA en août, annoncés à 188,8 boisseaux/acre, suscitent désormais davantage de questionnements en raison de comptages issus du terrain moins optimistes. Depuis le rebond des prix observé fin août, les cours sur le marché américain se stabilisent au-dessus de 4,20 $/boisseau pour les contrats à terme de Décembre 2025 sur la Bourse de Chicago.

Les prix du colza dans une fourchette étroite

Les cours du colza ont marqué un léger rebond sur le niveau de support de 460 €/t en équivalent Fob Moselle, soutenus par la hausse des prix de l’huile de colza. Depuis début septembre, les cours évoluent dans une fourchette étroite, oscillant entre 460 et 470 €/t. Malgré une révision à la hausse de la production européenne, estimée désormais à 19,8 millions de tonnes par Argus Media, le marché européen demeure importateur de graines de colza. Les prix européens demeurent donc sensibles à l’évolution de la situation chez ses principaux fournisseurs à savoir l’Ukraine, l’Australie et le Canada.

En Ukraine, la mise en place d’une taxe de 10 % sur les graines de colza destinées à l’exportation pénalise l’activité de chargement à court terme, en raison des contraintes liées à l’application opérationnelle de cette nouvelle mesure. Les flux devraient reprendre progressivement, en tenant compte de ces nouvelles conditions tarifaires.

En Australie, le repositionnement annoncé de la Chine, qui cherche à sécuriser ses approvisionnements en raison des nouvelles pénalités imposées à son fournisseur habituel, le Canada, constitue un facteur de soutien pour les prix. Au Canada, après une baisse continue ayant ramené les cours du canola à leur plus bas niveau depuis cinq mois, les prix se stabilisent et affichent même une légère progression sur la semaine. Les négociations entre les autorités canadiennes et chinoises n’ont, à ce jour, pas permis d’avancée notable concernant la levée des taxes sur les graines canadiennes.

Les cours des tourteaux en progression

Les cours du tourteau de soja en délivré Montoir progressent légèrement, avec une hausse de 5 €/t sur la semaine pour les livraisons rapprochées, repassant ainsi au-dessus de 320 €/t. Les prix européens s’ajustent naturellement en fonction des fluctuations de la parité euro/dollar, qui oscille actuellement autour de 1,17, dans l’attente d’une baisse largement anticipée du taux directeur de la Banque centrale américaine.

Sur le marché américain, les cours des tourteaux à la Bourse de Chicago enregistrent également une légère hausse, sans pour autant remettre en cause la lourdeur du marché, portée par une forte activité de trituration aux États-Unis. Les prix s’ajustent à la hausse en réaction à la détente observée sur les cours de l’huile de soja. À l’approche de la nouvelle récolte, les agriculteurs américains se montrent un peu moins optimistes quant au potentiel de rendement, en lien direct avec la récente dégradation des notations de l’état des cultures, consécutive à un épisode de sécheresse.

Malgré de possibles révisions de production à venir par l’USDA, l’abondance de graines de soja dans l’hémisphère sud est bien confirmée. Au Brésil, la production record annoncée est validée par la dernière mise à jour du Conab, qui estime désormais la récolte à 171,47 millions de tonnes.

(1) Argus Media, société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, nous livre son analyse agricole hebdomadaire.

À suivre : Publication du rapport mensuel de l’USDA le 12 septembre ; négociations commerciales et tarifaires entre les États-Unis et la Chine ; évolution de la parité euro/dollar et aussi du rouble/dollar ; activité de chargement et de vente à l’export au départ de la France en blés et en orges ; début des récoltes en maïs en Europe et aux États-Unis.

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