Une bonne récolte de pommes attendue pour 2025
La prévision de la récolte française de pommes en 2025 est jugée satisfaisante en volume et en qualité. Toutefois, le marché ne couvre pas toujours le prix de revient.
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Sans être pléthorique, la récolte de pommes françaises en 2025 devrait être légèrement supérieure à la moyenne triennale avec une première estimation de 1,485 million de tonnes, contre 1,444 million de tonnes sur 2022-2023-2024 (+3 %). Elle est aussi supérieure de 4 % à la récolte de 2024.
Fruits plus sucrés et colorés
« En termes de variétés, 2025 voit une stabilité des variétés dites “internationales” (Golden, Gala, Granny Smith principalement) à 916 000 tonnes, et une légère augmentation des variétés club (+2 % sur un an) et terroir (+3 %, à 120 00 tonnes) », a indiqué l’Association nationale pommes poires (ANPP) jeudi 28 août 2025 lors du lancement de la campagne de 2025-2026.
Cette récolte est ainsi jugée satisfaisante en qualité. « Lorsque l’on parle de récolte plus qualitative qu’en 2024, on se base sur ce qui a déjà été rentré en ce début de campagne et sur ce qu’on envisage en observant le verger. L’aspect qualitatif qui ressort pour 2025 ce sont des fruits plus sucrés. Et souvent, grâce au temps qu’il y a eu en juillet, les fruits ont eu une capacité à prendre de la couleur précocement, ce qui a d’ailleurs permis de rentrer les récoltes avec un bon rythme », a informé Vincent Guérin, responsable des affaires économiques de l’ANPP.
Des stocks élevés en pommes et quasi nuls en poires (28/08/2025)
Récolte européenne en baisse
Or, cela intervient dans un contexte européen en baisse. La récolte est en effet estimée à 10,455 millions de tonnes, soit au même niveau que l’an passé, mais sensiblement inférieur de 7,5 % à la moyenne triennale. « Autrement dit, au niveau européen, cela fait deux années de suite que l’on est sur une petite récolte », a expliqué ce dernier.
« La Pologne arrive encore en tête des pays producteurs, avec 3,3 millions de tonnes prévues, en légère hausse sur un an (+3,4 %) mais restant très inférieure par rapport à son potentiel de production. Les autres pays d’Europe de l’Est accusent un déficit marqué, la Roumanie en tête, en raison des dégâts causés par le gel et de la baisse des rendements. L’Italie suit, avec une prévision de récolte légèrement inférieure à la récolte de 2024 (–3,5 %), proche de la moyenne triennale. L’Allemagne retrouve un niveau de récolte plus conforme à son potentiel après une petite récolte en 2024. Au sud, Espagne et Portugal sont en baisse sur un an, mais restent proches de la moyenne », fait savoir l’association.
Besoin en rémunération
L’association a par ailleurs insisté sur le besoin de rémunération du producteur afin de garantir la durabilité de la production. Les prix nus départs des adhérents se sont ainsi établis en moyenne à 0,93 euro, un niveau similaire à celui de l’année précédente. « Il n’y a donc pas de progression de la valorisation globale des pommes en 2024-2025 », note l’ANPP.
Et d’ajouter : « Il manque encore environ 10 centimes au kilo non compensés, à la suite de la hausse des coûts de production, malgré les alertes lancées depuis deux ans. »
En détail, la main-d’œuvre récurrente est le seul poste de charge qui est en progression, avec +9 % par rapport à 2024 et +21 % par rapport aux trois années précédentes. « Aujourd’hui, c’est devenu le principal moteur qui contribue à la hausse des charges et cela est essentiellement dû à la multiplication des interventions en réponse à l’effet “puceron” (+25 heures par hectare) », insiste l’association, qui constate qu’il manque toujours entre 80 à 100 euros la tonne pour couvrir l’ensemble des charges.
Démunis contre les pucerons
Xavier Le Clanche, responsable technique de l’ANPP, appuie : « Aujourd’hui, dans le cadre réglementaire qui est défini pour la production, il n’est pas possible de produire sans aller chercher des produits en dérogation pour l’année. » Plusieurs d’entre elles concernent d’ailleurs la lutte contre le puceron.
Il précise concernant ce ravageur que la filière a appris le prochain retrait en 2026 de la lambda cyhalothrine. « Ce sont donc trois interventions qu’on avait encore dans notre boîte à outils qui vont disparaître », insiste-t-il. Les producteurs se retrouvent pour 2026 avec des possibilités d’intervention très limitées contre le puceron cendré : seulement deux solutions efficaces, certaines sur le long terme, quand certains pays européens vont avoir jusqu’à 8 fois plus. « On comprend donc mieux pourquoi nous avons partagé l’initiative du sénateur Dupont sur l’acétamipride », avance Xavier Le Clanche.
D’autant que cette molécule est utilisée chez les principaux concurrents européens : Pologne, Italie, Espagne et Belgique. Ainsi, dans l’Union européenne, c’est 9 millions de tonnes de pommes qui sont produites à l’aide de l’acétamipride, dont une petite partie arrive quand même chez nous (122 000 tonnes sur la pomme).
Érosion des prix d’achat en bio
En outre, avec 104 000 tonnes, la récolte française de pomme bio en 2025 est pour sa part attendue en légère progression par rapport à l’an dernier (100 000 tonnes). Au niveau européen, la récolte de 2025 serait assez proche de 2024 avec 605 000 tonnes. « Le marché semble se stabiliser et l’offre France qui devrait répondre dans sa globalité à la demande des trois circuits de distribution (grande distribution, magasins spécialisés bio et réseau des grossistes) », rapporte Pierre Gratacos, président de la commission bio de l’ANPP.
Et d’ajouter : « Aujourd’hui, on remarque une érosion du prix d’achat bio départ station sur certaines variétés qui se rapproche dangereusement du prix conventionnel, ce qui amène à décourager les producteurs de bio. Il faut qu’on fasse attention à un prix d’achat assez rémunérateur pour les producteurs. Il faut en effet se rappeler que c’est plus cher de produire du bio car il y a davantage de main-d’œuvre et moins de rendement. »
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