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Le blé stagne autour des 200 €/t dans un marché hésitant

Argus Media estime la récolte française à 33,4 millions de tonnes, en hausse de près de 5 % par rapport à la moyenne quinquennale.

L’hésitation est de mise sur le marché du blé dont les cours continuent de consolider autour de 200 €/t sur l’échéance rapprochée d’Euronext, entre retard de récolte en mer Noire et offre mondiale confortable.

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Si la pression récolte à moyen et long terme pèse toujours, les prix physiques ont été soutenus ces derniers jours par le retard de récolte en mer Noire, avant de chuter de nouveau en fin de semaine. La situation de statu quo au niveau macroéconomique avec une annonce officielle très attendue sur les droits de douane aux États-Unis, engendre un regain de fermeté sur l’euro par rapport au dollar à 1,174.

La récolte française estimée à 33,4 Mt par Argus

Les moissons touchent à leur fin en France, avec au 21 juillet pas moins de 86 % des surfaces récoltées, très au-dessus des 37 % de l’an passé, selon Céré’Obs. Le taux de bonnes à très bonnes qualités est stable sur une semaine, à 69 %, en nette hausse par rapport au niveau catastrophique de 50 % de la campagne précédente. Les rendements s’affichent globalement supérieurs aux attentes, estimés à 7,44 t/ha par Argus Media à l’échelle nationale. Nous estimons ainsi la production de blé en France, à 33,4 millions de tonnes, en hausse de presque 5 % par rapport à la moyenne quinquennale.

Les conditions climatiques divergent sur le continent Europe, avec en France une météo globalement favorable récemment et de bonnes surprises de rendement, tandis qu’en mer Noire, l’excès de précipitations retarde les travaux des champs et inquiète les opérateurs. En Russie, seulement 30 % des surfaces sont moissonnées à l’échelle nationale, soit un retard de 10 points par rapport à l’an passé, dans un contexte d’inquiétudes croissantes sur la qualité. Le manque de marchandise en mer Noire soutient les prix physiques cette semaine, mais ceux-ci commencent à chuter vendredi, alors que les acheteurs trouvent des alternatives. L’Australie pallie ainsi ce manque de volume en  mer Noire vers des destinations asiatiques, entraînant la chute des prix Fob russes, roumains ou encore français.

Enfin les opérateurs sont partiellement rassurés par les droits de douane aux États-Unis qui ne pourraient s’élever qu’à 15 %, sauf dans certains secteurs. La hausse de l’euro face au dollar pèse de nouveau sur les céréales européennes, dans un contexte de demande insuffisante.

Un potentiel européen revu en baisse pour le maïs

Après avoir touché un plus bas à 173 €/t base juillet rendu Bordeaux à la mi-juin 2025, le cours du maïs en France rebondit de +20 €/t, à 194 €/t, réduisant ainsi son écart avec le blé. En France, les qualités continuent de se dégrader avec 69 % au 21 juillet de « bons à très bons », à comparer à 72 % la semaine passée, selon Céré’Obs. Le potentiel de production national pourrait être revu à la baisse, de même qu’à l’échelle de l’Europe, laquelle pourrait afficher une récolte à seulement 55,2 millions de tonnes. Les besoins d’importations du Vieux Continent se verraient ainsi revus en hausse à 25,5 millions de tonnes, avec la question des droits de douane américains au cœur du débat. Si l’origine américaine a été inhabituellement importante cette année, le Brésil, saura, comme à son habitude, offrir une origine d’importation compétitive pour compenser d’éventuels droits de douane retour. La pression récolte est d’ailleurs de mise en Amérique du Sud, avec l’arrivée imminente des récoltes et pas moins de 190 millions de tonnes de maïs en cumulé attendues en provenance du Brésil et de l’Argentine, soit un record historique.

Enfin aux États-Unis, les conditions restent très bonnes, avec 74 % de maïs « bons à excellents » au 20 juillet selon le rapport hebdomadaire USDA, à comparer à la très bonne année passée à 67 %. La récolte record attendue à 400 millions de tonnes viendra donc s’ajouter aux très bonnes disponibilités d’Amérique du Sud, et pourra ainsi compenser en partie le resserrement du bilan européen.

Fermeté des cours du colza dans un contexte mondial soutenu

Une fois de plus, le marché du colza évolue à contre-courant des céréales, en affichant une certaine fermeté ces derniers jours à 474 €/t à Moselle. En France, les moissons touchent à leur fin avec de bons retours de rendements, de même qu’en Europe et Royaume-Uni qui affiche toujours un potentiel de production à 20 millions de tonnes.

Les craintes se portent maintenant sur notre voisin ukrainien, dont le potentiel se voit une fois de plus réduit en passant désormais sous les 3 millions de tonnes, soit au plus bas depuis 2020. Fournisseur principal de l’Europe en graines, le Vieux Continent devra donc trouver des alternatives en Australie ou au Canada pour ses importations estimées entre 7 et 8 millions de tonnes. Mais les faibles stocks de report canadiens ainsi que la forte demande locale pour la trituration laissent les opérateurs sceptiques. Le pays est dans une période clé concernant le canola, d’autant plus après le récent épisode de sécheresse. Dans la province de l’Alberta, 64,4 % des canolas sont jugés en bon ou excellent état, contre 71,8 % l’an passé à cette date. Le retour de 10 à 15 millimètres de pluie sur les huit prochains jours rassure quelque peu les opérateurs et limite les cours à Winnipeg sous le seuil psychologique des 700 CAD/t.

Enfin, la demande d’huile de colza attendue en hausse pour la campagne de 2025-2026, en raison des nouveaux projets de loi sur les biocarburants en Europe et aux États-Unis, soutient le cours. L’ensemble des quatre huiles végétales s’affiche au-dessus des 1 000 €/t à Rotterdam, soutenu par le rebond des huiles de palme et de soja.

Un bilan excédentaire

La chute des tourteaux de soja en délivré Montoir entamée depuis plus de deux ans ralentit, et les cours enregistrent pour la première fois depuis décembre 2024 un léger rebond. Le tourteau s’affiche ainsi à 308 €/t à Montoir, en hausse de 6 €/t par rapport au plus bas de campagne à 302 €/t atteint au début du mois.

Aux États-Unis, les disponibilités de tourteaux restent très confortables, dans un contexte d’activité de trituration record. Le complexe oléagineux reste quant à lui ferme, avec la hausse attendue des objectifs d’incorporation de biocarburants américains soutenant l’huile de soja. Cette dernière se maintient sur ses plus hauts niveaux depuis l’été 2023 sur son contrat de décembre 2025 à Chicago.

Dans les prochains jours, les opérateurs seront attentifs à l’annonce officielle très attendue des droits de douane entre les États-Unis et l’Europe. Les importations d’origine américaine de tourteaux de soja sur le Vieux Continent représentaient 40 % sur le total des 14 millions de tonnes importées lors de la dernière campagne. L’Europe pourra toutefois trouver facilement une alternative avec son principal fournisseur historique qu’est le Brésil. Les opérateurs s’attendent à un allègement des annonces initiales à 30 %, se rapprochant des 15 %, et limitant ainsi la réponse retour de la part de l’Europe.

(1) Société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, qui nous livre son analyse agricole hebdomadaire.

À suivre : négociations tarifaires entre les États-Unis et l’Europe ; évolution de la parité de l'euro par rapport au dollar ; retard des récoltes en mer Noire ; conditions climatiques en Europe pour les cultures de printemps ; retour de la demande et positionnement du blé français.

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