Vagues de chaleur dans les champs et sur les prix des céréales
Les prix des céréales et des oléagineux se raffermissent en France, dans un contexte de tensions géopolitiques et de forte remontée des températures.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Les prix des céréales et des oléagineux s’affichent en hausse, face aux tensions grandissantes au Moyen-Orient, qui conduisent à une hausse des cours du pétrole, et face à l’évolution des conditions météorologiques. Les températures affichent ainsi une nette progression sur l’Hexagone avec des risques d’orage.
Le début des récoltes, en orges dans un premier temps, rassure pour le moment tant sur les qualités que sur le rendement par rapport à l’an dernier.
Vif mouvement de hausse sur le blé
Les cours du blé ont connu un net rebond cette semaine, progressant de près de +10 €/t en équivalent rendu Rouen. Le mouvement a été similaire sur le marché d’Euronext où les prix se rapprochent peu à peu des plus hauts du mois dernier. Cette hausse s’explique par des rachats de positions vendeuses, notamment aux États-Unis, en raison de fortes pluies retardant les récoltes de blé d’hiver et soulevant des inquiétudes sur la qualité.
Parallèlement, les tensions géopolitiques au Moyen-Orient, notamment entre Israël et l’Iran, favorisent une prime de risque sur les marchés. Toutefois, les fondamentaux restent pour le moment inchangés avec des disponibilités en mer Noire attendues abondantes. Le blé français devra toujours chercher à demeurer compétitif à l’exportation tant vers les pays tiers que vers le débouché intracommunautaire. Le mouvement de baisse des prix des semaines précédentes a incité des acheteurs internationaux à se manifester. La Tunisie, le Maroc et l’Algérie se sont ainsi positionnés pour de nouveaux achats, montrant ainsi le différentiel de prix entre l’origine française et les différents compétiteurs dont notamment ceux de la mer Noire.
La hausse des températures à l’approche de la récolte interroge sur son éventuel impact sur les cultures où pour le moment les cultures en France conservent globalement un état rassurant, avec 68 % des blés jugés dans un état « bon à excellent » selon Céré’Obs. L’approche des premières récoltes devrait rapidement permettre de rassurer sur les qualités et conforter les perspectives d’un rendement satisfaisant, effaçant ainsi le spectre de la récolte de 2024.
Léger rebond des cours du maïs
Après avoir retrouvé des niveaux proches des plus bas de campagne, les cours du maïs pour la récolte de 2024 connaissent un léger rebond. Le mouvement de hausse est visible tant sur les marchés physiques que sur les marchés à terme. Après une chute de 20 €/t observée depuis mai, les cours sur le contrat de maïs à l'échéance d'août 2025 sont revenus se négocier au-dessus de 195 €/t. Les prix en récolte de 2025 évoluent également en hausse, confirmant des prix légèrement supérieurs au niveau des prix négociés en récolte de 2024.
Les récoltes ont débuté au Brésil avec des rendements quasi records annoncés. En Argentine, les récoltes commencent également. Les premiers échos rassurent favorisant une révision du potentiel de production en Argentine par la Bourse de Buenos Aires à 50,3 millions de tonnes (Mt) cette année. Les importateurs européens se rassurent ainsi par la perspective de nouvelles disponibilités de l’hémisphère Sud pour répondre à d’éventuels besoins sur la période d’été et la période de soudure de campagne.
En France, les maïs semés sont désormais tous levés avec 83 % des surfaces jugées dans un bon à excellent état. La hausse des températures favorise le développement du maïs avec désormais de nombreuses feuilles en place. La situation aux États-Unis est à ce jour également rassurante, ce qui a d’ailleurs limité le mouvement de hausse des prix en nouvelle récolte. En revanche, en ancienne récolte, les cours se négocient toujours très proches de leur plus bas niveau depuis la récolte. Ce nouveau repli des prix conforte ainsi la pression actuelle sur le marché du maïs à l’échelle internationale à l’approche de l’été.
Retour du colza sur ses plus hauts niveaux depuis février
Le marché du colza en nouvelle récolte poursuit son mouvement de hausse, retrouvant le niveau de 500 €/t sur l’échéance d'août 2025 d’Euronext. Cette progression des prix est aussi visible sur les marchés physiques qui suivent la même dynamique de hausse, portée par la fermeté du pétrole et les tensions géopolitiques au Moyen-Orient. Le soutien du pétrole, la hausse du canola canadien et de l’huile de palme, ainsi que l’annonce de l’EPA (Agence de protection de l’environnement américaine) sur l’augmentation des mandats de biodiesel aux États-Unis en huile de soja renforcent ainsi le complexe oléagineux.
En Europe, la récolte se rapproche et s’annonce déjà supérieure à l’an dernier avec un volume autour de 20 millions de tonnes (Mt). Cette amélioration des disponibilités européennes permettra ainsi de compenser la baisse attendue en Ukraine. La volatilité des prix reste forte, alimentée par l’incertitude macroéconomique et la parité de l'euro par rapport au dollar élevée en pleine poursuite des négociations commerciales entre l’Union européenne et les États-Unis. Le canola canadien atteint de nouveaux plus hauts dépassant ainsi 740 CAD/t, soutenu par une demande croissante, alors que les conditions climatiques dans les plaines canadiennes sont sous surveillance.
Nouveau recul du marché des tourteaux
Les prix des tourteaux de soja poursuivent leur repli, repassant sous 320 €/t à Montoir pour des livraisons rapprochées, dans un contexte de marché mondial très bien approvisionné. Les prix des tourteaux de soja libellés en euro reviennent ainsi se négocier sur leur plus bas niveau depuis cinq ans.
Les récoltes records en graine de soja au Brésil, où la perspective de production est toujours très optimiste, avec un volume de 170 Mt espéré, et en Argentine, où la récolte se rapprocherait cette année de 50 Mt, rassurent les opérateurs. Les conditions climatiques aux États-Unis restent favorables aux cultures de soja. Les travaux de semis aux États-Unis se finalisent avec plus de 93 % des surfaces en place désormais. L’état des cultures rassure également, ce qui permet, malgré une baisse annoncée des surfaces, d’espérer une production américaine finalement stable.
La trituration s’intensifie notamment en lien avec les annonces américaines sur les mandats de biodiesel. Le projet d’augmentation par l’EPA des volumes d’incorporation permettrait d’augmenter les besoins en huile de soja et aussi, par la même occasion, d’accroître l’offre des tourteaux. Cette perspective a ainsi accentué la pression sur les prix cette semaine.
Pour l’heure, la demande reste modérée pour les tourteaux de soja et cela malgré le retour des prix à Chicago sous les 290 $/short ton sur l’échéance d'août. Les perspectives météo clémentes aux États-Unis ne laissent entrevoir aucun risque immédiat sur l’offre. La parité élevée de l'euro par rapport au dollar, qui demeure proche de 1.15, favorise les importations vers l’Europe, alourdissant davantage le marché.
(1) Argus Media, société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, nous livre son analyse agricole hebdomadaire.
À suivre : Avancée des chantiers de récolte de 2025 des céréales à paille en France ; mouvement de détente de la parité euro/dollar à confirmer ; suivi de l’écart de prix, entre les origines mer Noire et française, pour les orges et les blés ; évolution des conditions météorologiques et des températures en Europe ; développement des cultures de printemps en mer Noire, en Europe et en Amérique du Nord ; retour des fonds d’investissement aux achats à confirmer.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :