Les cours des céréales et des oléagineux sont volatils en ce début de 2025
La volatilité domine les marchés des céréales et oléagineux au début cette année 2025, indépendamment du retour des opérateurs.
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Les opérateurs reviennent peu à peu en activité, après la traditionnelle trêve des confiseurs. Toutefois, leur absence n’a pas limité la volatilité, tant sur le complexe céréalier que sur les oléagineux. Les conditions climatiques se sont légèrement dégradées ces dernières semaines en Amérique du Sud, levant quelques incertitudes sur les productions de maïs et soja.
L’investiture prochaine de Donald Trump nourrit également les doutes sur la scène macroéconomique. Fondamentalement, les observateurs scruteront le nouveau rapport mensuel du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) attendu ce vendredi 10 janvier, premier grand rendez-vous de l’année 2025.
Consolidation du blé après le test de nouveaux plus hauts de campagne
Après un plus haut de campagne touché le 3 janvier à 236,50 €/t, les cours du blé meunier en rendu Rouen se sont consolidés cette semaine, en repli hebdomadaire de 11,50 €/t, pour revenir à 225 €/t.
Tout d’abord, la volatilité reste forte sur le marché des devises. Dans l’attente de l’investiture de Donald Trump à la Maison Blanche, la politique commerciale des États-Unis reste très incertaine et les discussions sont nombreuses concernant l’application de droits de douane renforcés annoncée par le nouveau président. Le renforcement de l’indice dollar par rapport aux autres monnaies comme l’euro ou le rouble russe apporte de la volatilité sur les cours.
Du côté des fondamentaux propres au blé, la hausse des taxes à l’exportation de blé en Russie et à l’approche de la mise en place d’un quota à l’exportation à partir du 15 janvier, le blé russe perd de la compétitivité sur le marché mondial. Pour autant, les volumes encore disponibles en Roumanie ou en Bulgarie continuent d’alimenter la demande mondiale. Le blé français reste pour le moment en prime par rapport à ces origines et peine à se faire une place sur le marché mondial. Il faut dire que les disponibilités à l’exportation sont moins importantes que ces dernières années et le blé regagne de l’intérêt dans le secteur de l’alimentation animale en France.
À cela s’ajoute l’arrivée des volumes du côté de l’hémisphère Sud. Les récoltes argentines et australiennes sont attendues sur des niveaux supérieurs à la moyenne des dernières années et permettront d’approvisionner les importateurs en ce début d’année. À plus long terme, il sera intéressant de suivre le développement des cultures pour la récolte de 2025. Si la pluie reste présente en France, les perspectives de production à travers l’hémisphère Nord restent pour le moment optimistes avec des températures douces dans la région de la mer Noire et des plaines américaines protégées par une couverture neigeuse suffisante dans la zone de production de blé d’hiver aux États-Unis.
Le commerce mondial de l’orge ralentit
L’orge fourragère française vient de nouveau tester sa résistance des 200 €/t rendu Rouen, seuil au-dessus duquel les prix se sont maintenus depuis maintenant un mois complet. Il s’agit tout de même du plus haut niveau depuis le début du mois de juin dernier. Pendant l’habituelle trêve des confiseurs, période pendant laquelle la liquidité est très limitée, le cours de l’orge de mouture est même remonté jusqu’à 209 €/t le 3 janvier, dans le sillage du reste du complexe céréalier. Le travail de compétitivité de l’orge fourragère lui aura permis en octobre et novembre dernier de retrouver de l’attrait auprès des fabricants d’aliments du bétail, bénéficiant notamment des retards à la récolte de maïs, mais aussi de ses problèmes de qualité.
C’est ainsi qu’un peu plus de 95 000 tonnes d’orges ont été utilisées au sein des rations fourragères en novembre, soit 10 % de plus que l’an passé selon FranceAgriMer. À l’inverse, les exportations vers les pays tiers peinent à se dynamiser. Il faut dire que les acheteurs chinois restent aux abonnés absents. Avant la mise à jour attendue ce vendredi 10 janvier soir, l’USDA estime les importations d’orges de l’empire du Milieu à 10 millions de tonnes, ce qui est bien loin des 15,9 millions de tonnes de l’année précédente. Rappelons qu’en moyenne la Chine représente 32 % du commerce mondial de l’orge sur les cinq dernières campagnes, total qui était même monté jusqu’à 49 % en 2023-2024.
Sur la scène hexagonale, les opérateurs surveillent avec attention l’état de la plaine, loin d’être optimal pour le moment. Il faudra attendre le 14 février pour la prochaine publication des conditions de culture de FranceAgriMer. Dans les prochains mois, les intentions de semis des orges de printemps seront également scrutées, à l’heure où la prime brassicole navigue seulement autour des 25 €/t à Creil dans un marché atone. L’orge de printemps de la récolte de 2024 se stabilise autour de 240 €/t à Creil, quand la récolte de 2025 est autour de 250 €/t.
Un bilan du complexe oléagineux partagé en 2024
Le complexe oléagineux a été coupé en deux au cours de l’année 2024. D’un côté, les produits issus du continent américain et de l’autre, ceux issus du reste du monde. Au sujet des premiers, graine, huile et tourteau de soja ont chuté de respectivement –20 %, –17 % et –23 % à Chicago. Les conditions de cultures optimales aux États-Unis ont rapidement détendu le complexe soja.
Ces perspectives ont abouti à une récolte presque record à 121,42 millions de tonnes selon l’USDA. L’actualisation ce 10 janvier du rapport de l'USDA et le 14 janvier prochain du bilan de la National Supply Company (Conab) permettra d’appréhender les perspectives de production sur le continent pour la campagne de 2024-2025 en ce début de récolte brésilienne. De l’autre côté de l’Atlantique, l’évolution du prix des graines européennes reflète des conditions nettement moins favorables et des pertes de production.
En tête de file, la graine de tournesol en rendu Saint-Nazaire progresse au cours de l’année 2024 de 46 %. Celle-ci est suivie dans une plus faible mesure par la graine de colza qui gagne de son côté 17 %. Toutes deux ont profité entre septembre et décembre de la tension en provenance d’un facteur extérieur, l’huile de palme. Cette dernière gagne sur l’année civile écoulée 36 % à Kuala Lumpur.
Si la fin d’année a été favorable à une détente des prix en raison d’un rationnement de la demande qui a fini par s’opérer, le bilan malaisien ne demeure pour le moment pas des plus rassurants. Dans la publication du 10 janvier du Malaisian Palm Oil Board (MPOB), à la baisse des exportations s’ajoute le ralentissement saisonnier de la production qui maintient les stocks d’huile de palme en Malaisie, nettement en dessous de la moyenne de ces cinq dernières années, à 1,7 million de tonnes.
Les tourteaux de soja ont sombré en 2024
Le tourteau de soja signe le repli le plus important du complexe oléagineux en 2024 en France. Entre le 29 décembre 2023 et le 31 décembre 2024, le tourteau de soja délivré Montoir a cédé 24 % de sa valeur. Cette baisse est en plus de cela limitée sur la fin d’année par la dévaluation de l’euro face au dollar qui renforce son prix localement.
En effet, entre le 1er octobre et le 31 décembre, le tourteau de soja sur son contrat Spot à Montoir a cédé –66 $/t contre seulement 35 €/t une fois converti dans la devise. Outre les explications paritaires, la tendance baissière s’inscrit de son côté dans l’alourdissement du bilan mondial en graine de soja. Ce sont successivement les conditions de cultures presque optimales conclues par une récolte quasi record aux États-Unis puis les perspectives d’une production historique en Amérique du Sud qui ont poussé les prix du complexe soja dont les tourteaux à la baisse.
En parallèle, l’activité de trituration a tourné à plein régime face à la valorisation des huiles entraînant mécaniquement une surproduction de tourteaux de soja. Emportés par une production de graine de soja qui pourrait dépasser les 168 millions de tonnes selon l’USDA au Brésil, les excès de précipitations en ce début de récolte commencent à soulever des questions. Les opérateurs seront donc particulièrement vigilants au cours des prochaines semaines quant à l’évolution des modèles météo en Amérique du Sud.
(1) Argus Media, société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, nous livre son analyse agricole hebdomadaire.
À suivre : rapport mensuel de l’USDA du 10 janvier, conditions de culture des blés d’hiver sur l’hémisphère Nord, rythme des exportations russes, compétitivité du blé et de l’orge français sur la scène internationale, sec en Argentine, excès de précipitations au Brésil (Mato Grosso, Goiás), début de la récolte de soja au Brésil, correction des prix de l’huile de palme.
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