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Les cours du blé et du colza européens repartent à la hausse

Cette semaine les cours des céréales comme ceux des oléagineux repartent à la hausse.

Alors que les récoltes progressent dans l’hémisphère Sud et que la Russie a annoncé vouloir mettre en place un quota d’exportations, les cours du blé se sont redressés cette semaine. Dans le même temps, la volatilité des oléagineux reste d’actualité, les cours du colza étant entraîné dans le sillage de ceux des huiles végétales.

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Les marchés céréaliers ont profité des zones de support pour retrouver quelques couleurs la semaine dernière. Les annonces de la Russie concernant la mise en place d’un quota d’exportations de blé en seconde partie de campagne ont animé les cours. Les regards se tournent également vers l’arrivée des volumes de blé et d’orge en Australie et en Argentine, dont les retours de rendement confirment les bonnes perspectives de production. Du côté des oléagineux, la volatilité reste forte. Si la tension reste présente sur les bilans européens, le marché du colza reste fortement influencé par l’évolution des huiles végétales.

Les récoltes progressent dans l’hémisphère Sud

Le marché du blé se stabilise depuis plus d’un mois dans la zone située entre 210 et 220 €/t à Rouen. La zone de support de 210 €/t a permis au cours de rebondir, en hausse hebdomadaire de +9 €/t, à 221 €/t en base juillet rendu Rouen. La semaine a été marquée par l’annonce de la Russie de la mise en place d’un quota d’exportations de 11 millions de tonnes de blé entre le 15 février et le 30 juin 2025. Il faut dire que l’activité portuaire en Russie est remarquable depuis le début de la campagne, avec plus de 24 millions de tonnes exportées sur les cinq premiers mois de la campagne.

La dynamique des prochains mois sera déterminante avant la mise en place de restrictions mais le flux d’exportations sur l’ensemble de la campagne devrait être autour de 45 millions de tonnes, contre 42 millions de tonnes en moyenne sur cinq ans. Les volumes disponibles en provenance de la région de la mer Noire seront plus limités dans les prochaines semaines.

Les regards se tournent du côté de l’hémisphère Sud, où les récoltes progressent et les retours des producteurs permettent d’affiner les estimations de rendement. En Australie, Abares a publié son estimation de production de blé à 31,9 millions de tonnes, en ligne avec le chiffre de l’USDA (ministère américain de l’Agriculture) de 32 millions de tonnes et légèrement au-dessus de la moyenne de ces cinq dernières années. La situation est similaire en Argentine, où 38 % des surfaces sont récoltées et les conditions climatiques ont été favorables tout au long du cycle.

Dans ce contexte, malgré les faibles volumes disponibles à l’exportation, le blé français doit encore se faire une place sur le marché mondial. La compétitivité de l’origine hexagonale sera déterminante. La bonne demande du côté de l’alimentation animale pourrait tout de même réduire une fois de plus les volumes disponibles à l’exportation vers les pays tiers, pour le moment estimés à 4 millions de tonnes.

Quelques exportations d’orges françaises vers le Maroc

La volatilité s’empare, elle aussi, du marché de l’orge fourragère. Après être remontée aux portes des 200 €/t rendu Rouen deux semaines plus tôt, elle est tombée jusqu’à 188 €/t la semaine dernière et revient désormais à 198 €/t. Elle n’a plus dépassé le seuil clé des 200 €/t depuis le début du mois de juin. À la suite de quelques nouvelles affaires à l’exportation à destination du Maroc, la prime portuaire de l’orge fourragère s’est améliorée pour atteindre les –18 €/t, contre –20 à –25 €/t durant l’automne. C’est un retour sur son plus haut niveau depuis le bref pic de mars-avril dernier.

Malgré ce nouveau courant d’affaires, la concurrence reste forte sur la scène internationale, à l’heure où la demande internationale manque toujours de dynamisme, en particulier au vu du faible intérêt acheteur chinois. De nombreux rapports cette semaine attirent d’ailleurs l’attention sur les niveaux de production des grands exportateurs. Déjà, l’office Abares confirme de confortables disponibilités en Australie. La production du pays est estimée à 11,7 millions de tonnes, soit une hausse de +8 % par rapport à l’an passé. Pour autant, un surplus de précipitations alors que progresse la moisson sur l’est du pays, soulève quelques interrogations sur la qualité des surfaces encore à battre.

À l’autre bout du globe, c’est Statcan qui ajuste son estimation de production au Canada à 8,1 millions de tonnes, en hausse par rapport aux attentes mais tout de même sous les 8,9 millions de tonnes de l’an passé. Cette baisse de l’offre locale n’empêche cependant pas le besoin canadien de s’ouvrir à de nouvelles demandes.

Du côté des orges brassicoles, le prix de l’orge de printemps reste stable aux alentours des 235-240 €/t ces dernières semaines. Il faut dire que la demande reste globalement ralentie, les acheteurs européens ayant déjà couvert une grande partie de leurs besoins.

Ajustements des bilans internationaux en graines de colza et canola

C’est bien sur le marché du colza que la volatilité est la plus forte. La graine remonte à 529 €/t Fob Moselle, après avoir brièvement chuté sous les 500 €/t une semaine plus tôt. Il faut dire que l’incertitude revient sur le marché de l’huile de palme, un des principaux éléments de soutien sur le complexe oléagineux.

En effet, les pluies incessantes en Asie du Sud-Est font craindre une baisse de la production, à l’heure où la consommation domestique mais aussi le besoin d’importations en Chine et en Inde sont soutenus. C’est ainsi que l’huile de palme marque de nouveaux plus hauts de campagne, tant sur les marchés malaisiens que chinois. Dans le sillage de cette fermeté, les huiles végétales se raffermissent également, tirant mécaniquement la graine.

Les opérateurs européens s’intéressent également aux disponibilités exportables des grands producteurs internationaux, l’Europe devant cette année couvrir des importations records de colza. En Ukraine, les exportations ralentissent maintenant que près de 80 % de leur objectif à l'exportation est atteint à la fin du mois de novembre.

Au Canada, Statcan surprend en abaissant son estimation de production à 17,8 millions de tonnes, chiffre largement sous les attentes et en baisse de 7 % sur un an. En Australie, Abares projette également une production à 5,6 millions de tonnes, en baisse de 8 % par rapport à l’an passé. Avec moins de volumes à exporter au cours des prochains mois, le rythme des importations européennes sera à suivre de près, à l’heure où les stocks de report européens pourraient être sous tension à l’issue de cette campagne.

Pression baissière sur le tourteau de soja

Les tourteaux de soja continuent de gagner en compétitivité sur le marché français. L’écart de prix entre le tourteau de soja et le tourteau de colza à Montoir atteint –70 €/t soit le plus faible depuis avril 2022. Cette situation émane d’un marché de la graine et des tourteaux de soja nettement mieux approvisionné. Du côté de la matière première, l’optimisme persiste en ce qui concerne les perspectives de production sud-américaines.

L’USDA actualisera le 10 décembre prochain son estimation pour le Brésil et l’Argentine. Les attentes convergent pour le moment vers une reconduction du chiffre du mois précédent, soit 51 millions de tonnes pour la récolte argentine et 169 millions de tonnes pour celle brésilienne. Forte de cette situation, la trituration sud-américaine comme aux États-Unis atteint de nouveaux records mensuels, à l’image du mois d’octobre ou plus de 14 millions de tonnes de graines ont été triturées chez ces trois principaux pays producteurs.

Mécaniquement, l’offre de tourteau de soja augmente entraînant l’accélération baissière sur le contrat Spot délivré Montoir depuis deux mois. L’approvisionnement sur le marché du colza ne présente pas les mêmes garanties depuis cet été. En Europe, les capacités de trituration sont plus limitées, ce qui restreint par la même occasion la production de tourteau de colza qui a rebondi au cours de la semaine de +10 €/t à Montoir, pour atteindre 297 €/t.

(1) Argus Media, société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, nous livre son analyse agricole hebdomadaire.

À suivre : rapport de l' USDA du 10 décembre ; compétitivité du blé français par rapport aux origines mer Noire ; conditions de culture dans l'hémisphère Nord ; avancée de la récolte de blé, d’orge et de canola dans l'hémisphère Sud ; précipitations en Australie ; tension sur le bilan mondial de l’huile de palme ; conditions de culture sur le soja en Amérique latine ; alourdissement du bilan mondial de tourteaux de soja ; rythme des importations européennes de colza et maïs ; production et qualité de la récolte française de maïs ; évolution de la parité euro/dollar ; baisse du rouble et du réal brésilien par rapport au dollar.

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