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Les cours des céréales chutent, ceux des oléagineux s’envolent

Selon Argus Média, le cours des oléagineux restent fermes tandis que ceux des céréales sont en baisse.

L’élection présidentielle aux États-Unis crée de l’incertitude sur les marchés. Alors que les prix des céréales ralentissent, ceux des oléagineux restent dynamiques, tirés par la hausse de l’huile de palme.

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L’actualité a été marquée cette semaine par l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Leur politique commerciale et les décisions prises à l’encontre du conflit en mer Noire pourront être source de volatilité. À plus court terme, les marchés céréaliers marquent le pas avec l’arrivée des récoltes de maïs en Europe et aux États-Unis, ainsi que des volumes de blé dans l'hémisphère Sud. À l’inverse, la fermeté reste de mise sur le complexe oléagineux, bien soutenu par la flambée de l’huile de palme.

Le blé français en quête d’attractivité

La baisse du prix du blé français se poursuit. Le blé meunier tombe à près de 215 €/t rendu Rouen, cédant –5,50 €/t supplémentaires sur la semaine. Les exportateurs français cherchent à retrouver de l’attractivité sur la scène internationale. Les quelques chargements vendus ces derniers jours au Maroc ne sont pas suffisants pour combler le retard accumulé sur les premiers mois de campagne.

Rappelons toutefois que l’objectif à l'exportation vers les pays tiers chute à seulement 4 millions de tonnes, selon Argus Media, contre 10 millions de tonnes en moyenne ces dernières années, en raison d’une production hexagonale fortement dégradée. Cette quête d’attractivité est néanmoins soutenue par le repli de la parité euro/dollar sous les 1,08. Cette correction est intervenue après l’élection de Donald Trump et de son programme « inflationniste » à la présidence des États-Unis.

Ce regain de compétitivité du blé français devra toutefois se concrétiser par des ventes à l'exportation au cours des prochaines semaines. Pour l’instant, l’origine mer Noire reste privilégiée, comme en témoigne le dernier appel d’offres de l’Égypte, qui favorise pour un total de 290 000 tonnes les origines ukrainienne, roumaine ou encore bulgare. L’origine russe n’a, quant à elle, pas été retenue cette fois-ci, les exportateurs russes ayant tous respecté un prix plancher.

Le gouvernement russe souhaite en effet contrôler ses exportations, marquées par quatre premiers mois très dynamiques, à l’heure où le bilan de la nouvelle campagne affiche déjà quelques incertitudes. En France, les conditions d’implantation posent également question, malgré l’accélération des semis ces derniers jours. FranceAgriMer estime que 62 % des surfaces ont désormais été emblavées, contre 77 % en moyenne ces cinq dernières années. D’ici à un mois, il faudra également compter sur la concurrence croissante de l’hémisphère Sud. La récolte débute tant en Australie qu’en Argentine. En particulier, la Bourse de Buenos Aires estime que 12 % de la sole du pays a été moissonnée.

Accélération des semis d’orge

Faute de demande, l’orge fourragère n’a d’autre choix que de suivre en partie le repli des prix du blé en s’affichant désormais à 189 €/t rendu Rouen, soit une baisse de 4 €/t sur les quinze derniers jours. Toutefois, l’orge résiste un peu mieux à la pression baissière du moment que le reste du complexe céréalier. En effet, la prime fourragère se redresse légèrement en se rapprochant des –20 €/t, après avoir navigué sous les –25 €/t depuis le début du mois de septembre.

Il faut dire que l’orge fourragère est plus compétitive et attractive que le blé et le maïs sur la scène française. La récolte tardive des maïs lui aura également permis de retrouver de l’intérêt auprès des fabricants d’aliments du bétail. À l’international, la demande reste néanmoins morose. Il faut rappeler que depuis trois ans, la Chine, pour l’instant absente aux achats, représentait près de 70 % des destinations à l’exportation vers les pays tiers de la France, ce qui laisse actuellement un vide pour notre origine.

Dans le même temps, le retour du sec aura permis une nette accélération des semis : 78 % des surfaces sont désormais emblavées, selon FranceAgriMer, ce qui permet de réduire l’écart sur la moyenne des dernières années qui est à 87 %. Les opérateurs seront également vigilants à l’arrivée au cours des prochaines semaines des orges australiennes et argentines.

De son côté, après avoir un temps résisté à la pression baissière du complexe céréalier, le marché brassicole cède du terrain. L’orge de printemps Planet perd 5 €/t sur les deux dernières semaines et revient ainsi à 243 €/t Fob Creil. De son côté, l’orge d’hiver Faro chute à 230 €/t Fob Creil. Il faut bien rappeler que les surfaces européennes avaient bondi l’an passé à la suite des conditions déjà trop pluvieuses pendant les semis. Et ce n’est pas la demande internationale, encore trop timide, qui peut actuellement soutenir les cours.

La hausse du colza se poursuit sur le marché des huiles végétales

Le résultat des élections américaines aura un impact sur le marché des oléagineux bien que de nombreux paramètres soient encore difficiles à évaluer. Tout d’abord, la dévaluation de l’euro face au dollar pénalise les importations européennes. Face aux importants besoins d’importations de colza, l’Europe perd de son attractivité à l’importation, ce qui soutient mécaniquement les prix de la graine de colza en France.

Les flux en provenance du Canada commencent à se mettre en place mais sont encore insuffisants pour détendre l’atmosphère en Europe. Les opérateurs sont également vigilants à l’évolution des conditions climatiques en Australie en ce début de récolte. À ces facteurs directement liés à la graine, l’ensemble du marché des huiles déjà très volatil depuis le début du mois de septembre présente également des incertitudes.

Les menaces qui planent sur les échanges entre la Chine et les États-Unis perturbent le marché des huiles et notamment cellui du soja américain. L’huile de palme demeure le facteur d’influence majeur de la hausse des graines oléagineuses. Les prix malaisiens finissent même par dépasser à Kuala Lumpur les 5 000 MYR/t fortement soutenus par le programme de hausse des incorporations d’huiles végétales à l'horizon du début de 2025. La répercussion est immédiate sur le marché européen où l’huile de colza évolue désormais à 1 122 €/t à Rotterdam. C’est donc dans ce contexte de tension aussi bien fondamentale que géopolitique que la graine de colza française Fob Moselle réalise de nouveaux plus hauts de campagne en cassant sa résistance des 520 €/t pour atteindre 536 €/t.

Production des tourteaux de soja soutenue chez les principaux producteurs

Le marché des tourteaux continue d’évoluer à contresens de celui des graines oléagineuses et de leurs huiles. Alors que ces dernières ont pris le chemin de la hausse depuis le début du mois de septembre fortement soutenue par la dynamique de l’huile de palme, le marché des tourteaux a lui cédé du terrain. Le tourteau de soja délivré Montoir sur son contrat spot a cédé au cours du dernier mois –44 €/t pour renouer avec ses plus bas de campagnes à 386 €/t.

Cette situation n’est que la résultante d’un scénario logique dans lequel le secteur des énergies et des biocarburants incite les pays producteurs de soja à la trituration. En parallèle, celui de la demande animale est lui moins florissant et plus concurrencé, y compris par les graines directement. Ainsi, fort d’une production historiquement élevée en Argentine, Brésil et États-Unis, le tourteau de soja continue de se replier. Toutefois, ce dernier gagne petit à petit en compétitivité face à la matière première.

Les ventes à l'exportation hebdomadaires américaines affichent une nouvelle fois une dynamique très soutenue à 2,04 millions de tonnes cette semaine. Aux nombreux débouchés que trouvent la graine américaine s’ajoutent également la période de risque climatique en Amérique du Sud. Si les semis se sont finalement accélérés, il sera tout de même intéressant de suivre la publication mensuelle du ministère américain de l’Agriculture (USDA) du 8 novembre et son actualisation du bilan mondial du soja.

À suivre : Évolution de la parité euro/dollar suite à l’élection présidentielle américaine, compétitivité du blé français sur la scène à l'exportation, évolution des semis de blé en France et en Europe, progression des récoltes de maïs dans l’hémisphère Nord, évolution des exportations de maïs et de soja aux États-Unis, évolution du marché de l’huile de palme, suivi de la consommation et notamment de la demande d’huile en Asie, évolution des importations de colza en Europe

(1) société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, qui nous livre son analyse agricole hebdomadaire.

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