La pluie retarde les travaux et anime le marché des grains
Les conditions météorologiques viennent perturber travaux aux champs des producteurs et les marchés mondiaux de grains.
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Bon nombre de rapports ont animé cette semaine les marchés agricoles. Toutefois, l’attention reste focalisée sur les conditions météo. Déjà en France, les pluies incessantes retardent les travaux des champs, aussi bien les semis que les récoltes.
À l’inverse au Brésil, le retour des précipitations rassure les opérateurs, alors que s’accélèrent les semis de soja. En Russie, davantage de précipitations seraient également appréciées. Néanmoins, ces éléments d’inquiétude sont en partie compensés par l’avancée rapide de la moisson des maïs et soja aux États-Unis.
Blé : Stabilisation du prix en France dans un contexte mondial incertain
Depuis le début du mois d’octobre, le temps est à la stabilisation du prix du blé meunier français. Actuellement à 228,25 €/t rendu Rouen, il a évolué entre 224 et 231 €/t ces deux dernières semaines.
En France, l’heure était à l’actualisation des bilans de la campagne 2024/2025. Agreste a abaissé de -0,3 millions de tonnes son estimation de production de blé tendre à 25,4 millions de tonnes, se rapprochant de l’estimation d’Argus Media à 25,2 millions de tonnes. À la suite de quoi, FranceAgriMer maintenait l’objectif export vers les pays tiers à seulement 4 millions de tonnes, en baisse de — 60 % par rapport à l’an passé. Si cet objectif semble atteignable sur le papier, il faudra tout de même que le blé français gagne en compétitivité pour attirer les acheteurs internationaux. Et d’ailleurs, l’écart de prix entre les origines françaises et russes s’est réduit à 15 $/t, contre plus de 25 $/t au début de ce mois d’octobre.
Il faut dire que l’incertitude entoure le marché russe. D’un côté, après des exportations dynamiques sur le début de campagne, des rumeurs font état d’un prix plancher que devront respecter les exportateurs russes pour participer à des appels d’offres internationaux. De l’autre, malgré le retour de quelques précipitations, les semis sont compliqués et les premières conditions de culture inquiètent les opérateurs locaux.
Les aléas météo sévissent également parmi les autres grands exportateurs de blé. En France, les semis sont aussi retardés, mais en raison de l’excès de précipitations : 10 % des surfaces de blés d’hiver ont été semées au 14 octobre, contre 27 % en moyenne ces dernières années. Toutefois, le retour d’un temps plus sec à partir du milieu de semaine prochaine devrait permettre une accélération des travaux des champs. Dans le même temps, les regards se portent aussi sur l’hémisphère sud, où la moisson débutera dans les prochaines semaines.
En Argentine, le retour de quelques précipitations rassure quelque peu, et contribue à améliorer la part des blés en bonnes ou excellentes conditions de 29 % à 31 % selon la Bourse de Buenos Aires.
Maïs : des récoltes retardées en France
Après plusieurs semaines de hausse, le marché du maïs s’est légèrement replié de -3 €/t au cours de la semaine pour revenir autour de 205 €/t en base juillet Rendu Bordeaux. Tout d’abord, la progression des récoltes de maïs en France est actuellement au centre des préoccupations. Les pluies incessantes sur la majorité de la zone de production perturbent la fin du cycle cultural et dégradent la qualité des grains.
Les récoltes sont fortement retardées, avec seulement 13 % des surfaces récoltées en France, contre 55 % en moyenne 5 ans à cette date. Malgré cela, le Département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) n’a pas ajusté son estimation de production de maïs en Europe en 2024, à 59 millions de tonnes. Les besoins d’imports sont logiquement inchangés à 19 millions de tonnes mais de plus en plus de questions se posent sur les disponibilités des principaux fournisseurs de l’Europe. L’Ukraine en témoigne avec une nouvelle réduction de la production et des exportations de -1 million de tonnes, laissant planer le doute sur la capacité du pays à conserver ses parts de marché.
Dans ce contexte, les regards se tournent davantage du côté des États-Unis. Les récoltes progressent avec 42 % des surfaces récoltées, en ligne avec les précédentes années. Les conditions favorables tout au long du cycle incitent l’USDA à revoir son estimation de production en nouvelle hausse au-dessus de 386 millions de tonnes. Les potentiels de rendement seront tout de même à confirmer alors que les ventes à l’export restent dynamiques.
Cette semaine, de nouvelles ventes exceptionnelles ont été annoncées à destination du Mexique, avec 1,04 million de tonnes pour la campagne en cours et 580 000 tonnes pour la prochaine campagne. Cette bonne demande vient en partie compenser le ralentissement des achats de maïs du côté de la Chine. Entre une production record, le repli des prix locaux et la baisse de la consommation en alimentation animale, l’activité de la Chine sur le marché mondial est source d’incertitudes. L’USDA en profite pour réduire l’objectif import de -2 millions de tonnes à 19 millions de tonnes mais de nouveaux ajustements seront attendus dans les prochains mois.
Colza : un équilibre de moins en moins stable en Europe
Depuis cet été et les pertes de production connues en graine de colza en Europe, deux issues sont inévitables pour l’équilibre du bilan européen. La première est que le recours aux importations de colza et canola sera massif au cours de la campagne et pourrait même atteindre un record de 8 millions de tonnes.
Le second est qu’un rationnement de la demande sera également nécessaire afin de pousser les acheteurs à s’orienter vers d’autres sources de graine et d’autres sources d’huile pour subvenir à leurs besoins. C’est notamment pour cette deuxième raison que l’évolution des prix en Europe témoigne en ce moment d’une très grande hésitation. La graine de tournesol, longtemps pressentie comme un produit de substitution crédible se voit finalement subir de manière peut-être même encore plus prononcée que celle de colza d’importantes pertes en cette période de récolte.
Ainsi, sur les trois principales graines oléagineuses triturées en Europe, deux d’entre elles se retrouvent aujourd’hui fragilisées. Ne reste que la graine de soja qui canalise pour le moment à elle seule une panique générale des acheteurs. C’est dans ce contexte partagé que la graine de colza Fob Moselle reste stable au cours de la semaine à 494 €/t.
La fin de la récolte de soja aux États-Unis, l’évolution de la demande mondiale pour la graine américaine et l’avancée des semis au Brésil en anticipation de la seconde partie de campagne seront autant d’éléments qui impacteront le complexe oléagineux à court moyen terme.
Soja : stabilisation des tourteaux de soja
Le marché des tourteaux de soja a corrigé depuis le début du mois d’octobre et revient désormais se stabiliser sur la zone de support de 400 €/t sur le spot délivré Montoir. La lourdeur s’installe progressivement sur les bilans mondiaux de soja. Les récoltes progressent aux États-Unis, avec désormais 67 % des surfaces récoltées.
Entre la hausse des surfaces et les conditions climatiques optimales tout au long du cycle, la production américaine est attendue sur des niveaux historiques, autour de 124,7 millions de tonnes selon l’USDA, en hausse par rapport au précédent record de 121 millions de tonnes en 2021. La progression des récoltes et l’arrivée des volumes permettent d’accélérer la trituration locale. Le rapport mensuel de la National Oilseed Processors Association (NOPA) montre un important rebond de cette activité, avec 4,7 millions de tonnes de graines de soja triturées en septembre, un record pour cette période de l’année et en forte hausse par rapport aux 4,3 millions de tonnes du mois d’août. Sur la scène internationale, l’activité export reste dynamique, avec des ventes régulièrement annoncées à destination de la Chine.
Ailleurs dans le monde, les regards se tournent du côté de l’Amérique du Sud. Les conditions sèches des derniers mois ont perturbé le début des semis de soja au Brésil mais le retour des pluies dans la principale zone de production rassure.
Cette semaine, la Société Nationale d’Approvisionnement (CONAB) a publié sa première estimation de production de soja au Brésil pour la nouvelle campagne, à 166 millions de tonnes, en hausse par rapport aux 147 millions de tonnes de l’an passé. L’organisme brésilien reste optimiste et la nouvelle hausse des surfaces brésiliennes devra être confirmée par la progression des semis dans les prochaines semaines. Sans incident climatique, ces disponibilités s’ajouteront aux bilans confortables aux États-Unis et le potentiel de hausse du complexe soja restera limité malgré la fermeté du complexe oléagineux.
À suivre : baisse de la parité euro-dollar, retour au plus bas depuis début août, repli des prix du pétrole, regain de compétitivité du blé français, retards sur les travaux des champs en France, dégradation des premières conditions de culture des céréales d’hiver en Russie, pression récolte en maïs et soja aux États-Unis, retour des pluies au Brésil, avancée des semis de soja, rythme des importations de céréales en Chine, début des récoltes à venir en hémisphère sud, activité de trituration en Europe et aux États-Unis, fermeté des prix de l’huile de palme
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