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Les prix des céréales rechutent face aux bonnes disponibilités mondiales

Le marché du blé vient de mettre fin à trois semaines de hausses, tiré à la baisse par des volumes mondiaux importants.

Malgré les faibles volumes européens, les cours des céréales s’orientent à la baisse en raison de bonnes disponibilités au niveau mondial. En parallèle, des tensions sont observées sur le marché des oléagineux.

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Le rebond des céréales s’est essoufflé. Face à une forte concurrence des blés en mer Noire et l’arrivée imminente d’importants volumes de maïs aux États-Unis, les quelques informations haussières ne sont pour le moment pas suffisantes pour maintenir la fermeté des cours en Europe. La situation est également partagée sur les oléagineux, entre d’un côté la lourdeur mondiale du soja américain et du canola canadien et de l’autre des bilans européens de colza et de tournesol davantage sous tension.

Rechute des cours face à la concurrence russe

Le marché du blé vient de mettre fin à trois semaines de hausse. À peine les prix sont-ils revenus à leurs niveaux du début d'août dernier, que la pression baissière a repris le dessus. Le blé meunier rendu Rouen perd ainsi 6 €/t sur la semaine à 214 €/t base juillet. La forte tension du bilan européen et les quelques risques climatiques à travers le monde étant intégrés dans le marché, la concurrence de la mer Noire redevient une force de rappel à la baisse.

La capacité des cours européens à progresser seuls est donc arrivée à sa fin pour le moment. Les éléments de soutien n’en restent pas moins présents avec toujours une très forte tension fondamentale du blé européen et des inquiétudes liées au temps trop sec pour les semis d’automne en mer Noire. En Ukraine, le ministère de l’Agriculture commence à revoir à la baisse ses perspectives de surfaces semées en blé pour 2025 à 4,5 millions d’hectares, contre 4,7 millions d’hectares précédemment attendus. Les prix du blé russe regagnent toutefois du terrain ces derniers jours, à la faveur d’une activité commerciale soutenue. La cotation Fob Novorossik publiée par Argus Media progresse de 4 $/t en une semaine, à 221 $/t.

Les regards vont peu à peu se tourner vers les potentiels de récoltes de l’hémisphère Sud. La fin de cycle est un peu trop sèche en Argentine, tout comme dans l’ouest de l’Australie. Les productions y sont néanmoins attendues par l’USDA (ministère américain de l’Agriculture) sur de très bons niveaux, à 18 millions de tonnes pour l’Argentine et 32 millions de tonnes pour l’Australie, contre respectivement 15,9 et 26 millions de tonnes l’an passé.

La demande chinoise comme catalyseur

La semaine fut marquée par une certaine morosité sur le marché des céréales, faisant perdre au cours du maïs rendu Bordeaux près de 3 €/t pour s’afficher à 196 €/t. FranceAgriMer a alourdi dans son dernier bilan l’offre française avec des stocks en hausse de 32 % par rapport à l’an passé, à 2,62 millions de tonnes. La demande à venir sera clé pour le maïs, alors que la concurrence s’annonce importante sur le complexe fourrager.

En Europe, l’arrivée de la pression des récoltes est de mise, malgré la baisse de la production sous la barre des 60 millions de tonnes, qui semble maintenant bien intégrée. Les mauvaises conditions climatiques cette année auront encore davantage touché l’Ukraine pour le maïs, avec une estimation de production au plus bas depuis 2012, à 22,9 millions de tonnes selon Argus Media pour la campagne de 2024-2025. Les besoins d’importation européens conséquents cette année, estimés à 19,5 millions de tonnes, devront donc solliciter d’autres origines que l’Ukraine, qui représente près de 58 % des besoins d’importations du Vieux continent en moyenne depuis cinq ans.

Enfin aux États-Unis, la pression récolte débute, avec environ 10 % des surfaces moissonnées. La production estimée par Argus Media à 385 millions de tonnes, soit le second record historique, viendra soulager les flux mondiaux en première partie de campagne, avec un œil particulier qui sera porté sur la demande chinoise, pour l’instant atone.

Entre lourdeur mondiale et tensions européennes

Le marché du colza est borné depuis le début du mois d’août entre 450 €/t et 475 €/t Fob Moselle. Dans un premier temps, la situation reste fragile sur l’ensemble du complexe oléagineux, entre l’arrivée imminente d’une récolte record de soja aux États-Unis et une demande qui peine à se dynamiser sur le marché des huiles végétales. À court terme, le colza européen suit le canola canadien dans ses mouvements de panique baissière et de rebond technique. Il faut dire que les incertitudes sont nombreuses du côté du Canada. Les stocks de report publiés par StatCan sont ressortis au-dessus des attentes des opérateurs.

Dans le même temps, les récoltes progressent et plus d’un quart des surfaces canadiennes est désormais moissonné. Les conditions climatiques clémentes tout au long du cycle cultural permettent d’envisager une production canadienne de 19,6 millions de tonnes, contre 18,3 millions de tonnes en moyenne sur cinq ans.

Face à cela, la demande pose question suite aux menaces de la Chine de restreindre les importations de canola canadien. Dans ce contexte, l’écart de prix reste très important avec le colza européen. La faible récolte européenne de 2024 et l’augmentation de la trituration nécessitent des besoins d’importations records. Les flux mondiaux seront ainsi à suivre, tout comme le développement des cultures en Australie.

Regards tournés vers le Brésil

Après avoir touché des plus bas niveaux depuis plusieurs années  la mi-août, en dessous de 400 €/t en spot délivré Montoir, les prix des tourteaux de soja ont rebondi de 20 €/t. Les récoltes américaines ont commencé à hauteur de 6 %, en ligne avec la progression des dernières années à cette date. La hausse des surfaces et les conditions climatiques optimales depuis les semis permettent d’envisager une production historique de 124,8 millions de tonnes, bien au-dessus du précédent record de 121,5 millions de tonnes en 2021. Le bilan s’annonce confortable aux États-Unis et les regards se tournent désormais du côté de la demande.

Sur la scène l'exportation, les ventes de soja américain restent dynamiques pour cette période de l’année, notamment à destination de la Chine. Si le bilan américain rassure, les regards se tournent vers l’hémisphère Sud. Les semis doivent débuter au Brésil, les réserves hydriques sont faibles et le retour des pluies n’est pas prévu avant les deux prochaines semaines. Les locaux restent optimistes, à l’image du Conab (Compagnie nationale d’approvisionnement du Brésil) qui affiche un potentiel de production de 166 millions de tonnes, en forte hausse par rapport aux 147 millions de tonnes de l’an passé. La progression des semis et les surfaces emblavées seront tout de même à suivre.

Enfin, du côté de l’Europe, les approvisionnements sont pour le moment facilités par les bonnes disponibilités chez les exportateurs. La fermeté de la parité euro/dollar, toujours au-dessus de 1,11, pourrait être un facteur limitant le potentiel de hausse des tourteaux de soja.

À suivre : compétitivité à l’exportation du blé français ; rythme des exportations de blé en région mer Noire ; progression des semis d’hiver en Russie ; évolution des récoltes de maïs et de soja aux États-Unis ; début des semis de soja au Brésil ; dynamisme de la demande chinoise sur l’ensemble des produits agricoles ; rythme des exportations de blé mer Noire ; activité de trituration en Europe et aux États-Unis.

(1) Argus Media, société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, nous livre son analyse agricole hebdomadaire.​​

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