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Le weather market menace le marché des céréales et des oléagineux

Les intempéries récentes bousculent quelques peu les marchés agricoles.

Les incertitudes quant au potentiel de production de la future récolte en Europe commencent à agiter les marchés agricoles.

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Les conditions de semis délicates et la dégradation des cultures en terre en Europe attirent les regards des opérateurs. Néanmoins, cette situation est insuffisante pour relancer totalement les prix des matières premières puisqu’elle se concentre uniquement sur l’Union européenne. La période de risques climatiques débute avec son lot d’incertitudes. Les travaux printaniers commencent aux États-Unis alors que l’USDA (ministère américain de l’Agriculture) a annoncé dans sa publication sur les intentions de semis, une hausse de la sole de soja au détriment du maïs.

Conditions de culture sous haute surveillance en Europe

L’influence des facteurs macroéconomiques prime sur le marché des céréales cette semaine. Le rebond de la parité euro/dollar au-dessus des 1,0800 masque la fermeté du blé français sur la scène internationale. En effet, si le blé meunier rendu Rouen cédait –4 €/t au cours de la semaine pour atteindre 188 €/t, le blé Fob Rouen progresse, lui, de +2 $/t à 206 $/t. Sur la scène internationale, les prix des principaux exportateurs progressent également entre le début du mois de mars et aujourd’hui. En Russie, le blé Fob Novorossiysk gagne sur cette période +14 $/t désormais, à 211 $/t.

Plusieurs facteurs sont à mettre à l’actif de ce mouvement. Dans un premier temps, les incertitudes qui continuent de planer autour du deuxième armateur russe « RIF » poussent les opérateurs à la vigilance. Les origines européennes pourraient alors être sollicitées en cas de retard ou d’annulation en Russie.

Les stocks de fin de campagne de 2023-2024 de blé en Europe de l’Ouest sont attendus sur des niveaux confortables. Les craintes proviennent davantage des potentiels de production de la récolte 2024. À la baisse des surfaces semées à l’automne vient s’ajouter une dégradation des conditions de culture.

La France est sous le feu des projecteurs. Selon FranceAgriMer, 65 % des surfaces de blé tendre sont jugées dans un état bon à excellent, soit une baisse de 1 point par rapport à la semaine précédente. À noter qu’en 2023 à la même date, cette note atteignait 93 %. Le printemps s’accompagne du début de la période de risque climatique. Perspectives de production de blé en Russie ou encore semis de maïs aux États-Unis seront des éléments clés pour l’évolution des prix du blé.

Baisse des surfaces de maïs aux États-Unis en 2024

Le rebond des céréales dans leur ensemble est également à mettre au crédit du maïs. Concernant les récoltes sud-américaines à venir, il semble difficile pour le moment d’établir un consensus, notamment du côté du Brésil. La production brésilienne est attendue selon l’USDA, à 124 millions de tonnes contre 114 millions de tonnes pour la Conab (Compagnie nationale d’approvisionnement du Brésil) dans leurs précédents rapports de mars.

Néanmoins, l’avancée rapide des semis et les précipitations présentes dans les principaux bassins de production donnent pour le moment un avantage à la prévision de l’institut américain. En Argentine, la récolte était réalisée à hauteur de 6 % à la fin de mars et les retours des producteurs seront suivis tout au long des moissons. La production pourrait dépasser les 50 millions de tonnes, loin d’être comparables aux 36 millions de tonnes réalisées en 2023.

Enfin, jeudi 28 mars dernier, l’USDA publiait sa première estimation de surfaces de maïs pour la prochaine récolte aux États-Unis. Contre toute attente, celle-ci ressort bien en dessous des attentes à 90,03 millions d’acres. Malgré une baisse de 5 % par rapport à la précédente campagne, les disponibilités de maïs aux États-Unis pourraient rester confortables en raison d’un stock de fin de campagne pour 2023-2024 attendu à 55 millions de tonnes contre 34 millions de tonnes lors des deux précédentes.

Les semis débutent et les opérateurs surveilleront attentivement l’évolution des conditions de cultures au cours des prochains mois. La situation à l’est de l’Atlantique ne sera pas non plus à minimiser que ce soit en Europe ainsi qu’en Ukraine.

Forte volatilité sur les cours du colza

La volatilité est forte sur les cours du colza, qui reviennent autour de 436 €/t Fob Moselle, après un plus haut niveau à 447 €/t en cours de semaine. Le complexe oléagineux a profité ces dernières semaines de la fermeté de l’huile de palme à Kuala Lumpur. La baisse saisonnière de production et le retour de la demande ont permis aux prix de l’huile de palme de revenir sur les plus hauts depuis le mois de novembre 2022 à Rotterdam. La hausse du palme a soutenu l’ensemble des huiles végétales, et notamment l’huile de colza, qui est passée de 820 €/t à 940 €/t Fob Rotterdam en l’espace de deux mois.

Du côté de la graine, les disponibilités à court terme semblent confortables pour les industries européennes. Les imports australiens prennent progressivement le relais sur le ralentissement des flux en provenance de l’Ukraine. Pour autant, la situation s’annonce plus fragile du côté de la nouvelle campagne. La période de floraison débute en Europe, une période clé pour l’élaboration des rendements.

Le manque de rayonnement et les pluies incessantes devraient entraîner une révision à la baisse des rendements dans les pays producteurs du Nord, notamment en France, en Allemagne ou au Royaume-Uni. S’il est encore difficile de quantifier les pertes, la baisse du potentiel de production augmentera automatiquement les besoins d’imports sur la nouvelle campagne. La situation fondamentale demeure fragile et le développement des cultures restera également sous surveillance en Ukraine et au Canada, où les productions ne sont pas sécurisées.

Repli des tourteaux de soja

Les prix des tourteaux de soja continuent de se replier en France, revenant autour de 428 €/t en spot délivré Montoir, soit un nouveau repli de 10 €/t sur la semaine. Il faut dire que la situation est confortable à l’échelle mondiale. Tout d’abord, le rapport trimestriel de l’USDA la semaine dernière a confirmé une hausse des surfaces américaines de soja en 2024, passant de 33,8 millions d'hectares l’an passé à 35 millions d'hectares.

À l’heure où les stocks de report s’annoncent confortables, la progression des semis et le développement des cultures seront à suivre dans les prochains mois dans les grandes plaines américaines. La période de risque climatique commence et sera source de volatilité. Les regards se tournent également du côté de l’hémisphère Sud. Si les récoltes sont terminées au Brésil, les estimations de production sont encore hétérogènes. Il sera intéressant de suivre comment l’USDA et la Conab (Compagnie nationale d’approvisionnement du Brésil) ajustent leurs estimations dans les rapports officiels de la semaine prochaine, à l’heure où près de 10 millions de tonnes séparent encore les deux chiffres de production.

Quoi qu’il en soit, les disponibilités s’annoncent confortables aux États-Unis et la trituration s’accélère. Les approvisionnements de tourteaux de soja s’annoncent plus faciles dans les prochains mois, à l’heure où la trituration locale reste également sous surveillance. Selon la Fediol, la trituration européenne totale s’affiche à 3,28 millions de tonnes en février, contre 3,09 millions de tonnes habituellement à cette période. L’activité reste dynamique à l’échelle locale, et notamment en colza avec 1,74 million de tonnes écrasées en février, contre 1,49 million de tonnes en moyenne quinquennale.

(1) Argus Media, société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, nous livre son analyse agricole hebdomadaire.

À suivre : rapport USDA, Conab, MPOB au cours des deux prochaines semaines, évolution des prix mer Noire, perspectives de production de maïs et de soja en Amérique du Sud, avancée des semis de maïs aux États-Unis, évolution des conditions de cultures en Europe, évolution de la parité euro dollar et du pétrole.

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