Login

Des lourdeurs persistantes sur le marché du maïs

La météo des prochains mois aux États-Unis et au Brésil influencera les cours du maïs.

Les fondamentaux du marché du maïs ne permettent pas d’enrayer le repli des cours engagé depuis plusieurs mois. En Europe, les importations ukrainiennes affaiblissent particulièrement le marché.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Pas de signe de reprise pour les cours du maïs au début de 2024 : « On s’attendait en février à un arrêt de l’hémorragie avec l’anticipation d’une forte baisse des surfaces de maïs safrinha au Brésil (1). La sole reculerait finalement de 8 %, non négligeable mais en deçà de ce qui avait été imaginé », constate Arthur Boy, économiste à l’AGPM (2).

Des stocks importants

Aux États-Unis également, les surfaces emblavées en 2024 pourraient sensiblement reculer d’après les prévisions de l’USDA, le ministère américain de l’Agriculture. Un repli toutefois déjà « relativement intégré » par les opérateurs, n’ayant de fait pas eu beaucoup d’effet sur les cours, estime le spécialiste.

De même, la révision à la baisse des stocks mondiaux pour 2023-2024 par l’USDA dans son rapport du 8 mars 2024 n’a eu que « très peu d’impact sur les marchés », selon Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage. Les stocks resteraient nettement supérieurs à ceux des deux dernières campagnes. Sans parler du maïs argentin qui se porte plus que bien. Le pays se dirigerait vers une récolte « record », ou presque, avec une offre à l’exportation significative, ajoute Arthur Boy.

Les estimations des stocks mondiaux de maïs sont supérieures à celles des campagnes précédentes.

Grains ukrainiens

Ayant perdu des marchés au grand export, principalement vers l’Asie, notamment du fait des risques en mers Noire et Rouge, l’Ukraine envoie en Europe quantité de maïs à des prix défiant toute concurrence. « Par manque de compétitivité vers d’autres destinations, la quasi-totalité de nos exportations alimente l’Europe géographique. Nous devons donc nous aligner sur ces prix. À ces niveaux-là, les coûts de production ne sont pas couverts, en France comme en Ukraine », souligne Arthur Boy. À cela s’ajoutent les importations de blé fourrager, dont les droits de douane ont été supprimés pour soutenir le pays en guerre.

Les prix du maïs ukrainiens sont nettement inférieurs à ceux des autres origines.

Quelques éléments sont toutefois susceptibles de ramener un peu de fermeté. « D’abord, des mouvements de couverture de position vendeuse à la Bourse de Chicago. En permettant de réduire l’exposition aux risques des fonds spéculatifs, ils pourraient faire remonter brusquement les prix. Le contexte géopolitique, lui aussi, est surveillé de près avec la guerre en Ukraine et un certain nombre de tensions au Moyen-Orient », énumère Arthur Boy.

« Enfin, les yeux sont tournés vers les États-Unis, où le déroulé des semis et les surfaces effectivement emblavées influencent grandement le marché au printemps, poursuit-il. Tout comme au Brésil où malgré d’excellentes conditions de semis, une sécheresse précoce, pendant la floraison, amputerait les potentiels de rendement. C’est un risque dont la probabilité augmente avec le phénomène climatique El Niño, toujours à l’œuvre. »

Une augmentation des cours pourrait néanmoins être rapidement effacée. « Un certain nombre de producteurs ont refusé de s’engager, du fait de prix très bas. À la moindre hausse, on va avoir un afflux de ventes sur le marché », prévient Arthur Boy.

(1) Semé entre la fin de janvier et le début de mars derrière du soja. Représente aujourd’hui 75 % de la production de maïs brésilienne.

(2) Association générale des producteurs de maïs.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement