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Nouvelle baisse de prix pour le blé

Les exportations françaises de blé vers les pays tiers continuent de chuter depuis le début de la campagne.

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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La faible demande et les disponibilités mondiales continuent de peser sur les prix de la plupart des matières. Le renchérissement de l’euro face au dollar ajoute de la pression baissière sur les prix des blés français.

Blé : nouvelle baisse des prix français

Les prix du blé français ont une nouvelle fois cédé du terrain cette semaine. Le blé rendu Rouen perd 4 €/t, à 216 €/t (base juillet), tandis que le blé rendu La Pallice cède le même montant pour terminer à 216,5 €/t. Les blés français cherchent toujours à gagner en compétitivité face à l’origine russe. Malgré des envois vers la Chine, les exportations françaises de blé vers les pays tiers affichent toujours une très forte baisse depuis le début de la campagne par rapport à l’an dernier (–58 %). En outre, la nouvelle montée de l’euro face au dollar a exacerbé la baisse de prix en euros.

La Russie continue de dominer les échanges mondiaux même si son rythme d’exportation tend à ralentir, dans un contexte de demande mondiale assez calme et de ralentissement saisonnier. Cela n’a pas empêché les blés russes de se renchérir, gagnant 5 $/t, pour finir à 227,5 $/t Fob (à 11,5 % de protéines). À ce niveau-là, les blés russes restent plus compétitifs que les blés français, qui s’élèvent à 244 $/t Fob Rouen. Les blés américains cèdent aussi du terrain sur fond d’exportations hebdomadaires décevantes.

Du côté de la récolte de 2024, les semis français affichent toujours un fort retard, principalement sur la façade atlantique. Ils atteignaient ainsi seulement 74 % au 20 novembre, soit une avancée de 3 % par rapport à la semaine précédente. Si une baisse de la surface semble actée par rapport à la récolte de 2023, la récente accalmie des pluies suscite un peu d’espoir pour des semis tardifs. Ce retard dans les semis n’a pas été de nature à empêcher une baisse des prix.

Maïs : les inquiétudes planent sur la production brésilienne

Les prix du maïs français ont légèrement augmenté cette semaine. Le cours du maïs Fob Rhin gagne 1 €/t, pour s’afficher à 206 €/t (base juillet). Son homologue Fob Bordeaux a augmenté, quant à lui, de 2,5 €/t, pour atteindre les 202,5 €/t. Les prix du maïs sur le marché mondial sont actuellement influencés par les préoccupations autour de la production de maïs au Brésil, en raison des conditions chaudes et sèches dans le principal bassin de production de maïs safrinha. En effet, ces conditions présentes depuis plusieurs semaines retardent les semis de soja. Par conséquent, la fenêtre de semis optimale des maïs safrinha au printemps prochain est décalée, exposant cette céréale à des conditions plus sèches et à des épisodes de gelées. Cette situation suscite des inquiétudes quant à l’offre de maïs en Amérique du Sud. De plus, les agriculteurs brésiliens hésitent à semer du maïs en raison du manque de rentabilité de cette culture.

Toutefois, les disponibilités abondantes aux États-Unis grâce à son excellente récolte (387 millions de tonnes, selon l’USDA, le ministère américain de l’Agriculture) viennent mitiger la tension qui se dessine au Brésil et par conséquent le potentiel de hausse des prix. Le cours du Fob Gulf a même diminué de 10 $/t, pour s’afficher à 210 $/t. Du côté des exportations, on note la réalisation d’un achat chinois de 66 mille tonnes de maïs ukrainien. Toutefois, la question est de savoir si le corridor maritime mis en place par les Ukrainiens a la capacité de se développer pour traiter de manière régulière des volumes importants. Malgré ces quelques facteurs haussiers, la demande relativement faible au niveau mondial contribue à limiter la hausse des prix.

Légère baisse des cours du colza

Cette semaine, les prix du colza ont légèrement diminué, entre 2 et 3 €/t, sur les échéances Euronext de février et mai 2024, et s’établissent à respectivement 437 €/t et 442 €/t.

Dans un contexte où les prix européens sont déjà pénalisés par les bonnes disponibilités en huile et en graine de colza, les cours de l’huile de palme ont rajouté une pression baissière supplémentaire cette semaine. En effet, du 1er au 20 novembre, la demande à l’exportation de l’huile de palme malaisienne aurait chuté entre 2 et 9 % par rapport au mois précédent, selon des informations du marché. De plus, les opérateurs s’attendent à une diminution des achats de l’Inde sur les prochains mois. Les acheteurs indiens avaient réalisé des transactions conséquentes les mois précédents et possèdent aujourd’hui des stocks importants, ce qui devrait limiter leurs achats sur décembre et janvier.

Toutefois, la baisse des prix du colza cette semaine a été modérée par les inquiétudes relatives à l’impact négatif que pourrait avoir le phénomène El Niño sur la production d’huile de palme en Asie du Sud-Est.

Le cours du tourteau de soja repart à la baisse

Les prix du tourteau de soja ont été orientés à la baisse sur le marché mondial au cours de la semaine. Ils ont diminué de 10 $/t sur le marché de Chicago pour le contrat de décembre.

La baisse des prix de la protéine de soja résulte de plusieurs facteurs. L’arrivée des pluies au Brésil, en particulier dans le centre nord du pays, a apporté une certaine détente sur le marché. Cependant, elles ne pourront pas être suffisantes pour combler le déficit hydrique accumulé au cours des dernières semaines. Les semis de soja progressent au Brésil, mais ils accusent toujours un retard, avec seulement 68 % des surfaces semées la semaine dernière. Elles étaient semées à 80 %, à la même période l’année précédente, selon AgRural. Les prévisions de nouvelles pluies dans les jours à venir au Brésil, avec des températures conformes aux normales saisonnières rassurent le marché.

En revanche, en Argentine, la situation météorologique est très favorable aux semis de soja. Au 23 novembre, les données du ministère de l’Agriculture indiquent que 33 % de la superficie a été ensemencée, comparativement aux 34 % à la même période de l’année précédente. D’autre part, la victoire présidentielle de Javier Milei en Argentine pourrait constituer un élément baissier pour les marchés, mais sur le plus long terme. Le projet du nouveau président visant à « dollariser » l’économie nationale pourrait inciter les agriculteurs argentins à vendre leur soja, ce qui rassure les opérateurs sur le marché des graines. Cependant, il reste encore beaucoup d’incertitudes quant à la manière et les délais d’implémentation de ces mesures.

En France, le prix du tourteau de soja a suivi la même tendance, perdant 16 €/t sur la semaine, pour s’afficher à 551 €/t à Montoir. La nette baisse de l’intérêt à incorporer des tourteaux de soja dans les rations animales pèse sur les prix. En raison de la mauvaise compétitivité du tourteau de soja dans l’alimentation animale, sa consommation devrait marquer un net repli au profit du blé et des tourteaux concurrents.

À suivre : conditions des cultures d’hiver en Europe et en mer Noire, avancée des récoltes en Australie et en Argentine (céréales, colza), conditions de semis en Amérique du Sud pour le soja et le maïs, situation géopolitique en mer Noire, prix du pétrole, conjoncture économique mondiale, parité euro/dollar.

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