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Marché des grains Inflexion à la baisse pour les céréales et le colza

Les prix du blé, de l'orge et du colza ont décliné cette semaine note le cabinet Tallage, contrairement au cours du tourteau de soja qui a progressé.

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des céréales, oléagineux et protéagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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Après les hausses de la semaine précédente, les prix du blé, de l’orge et du colza ont décliné de manière significative cette semaine, malgré un contexte géopolitique et climatique qui reste très incertain. En revanche, le tourteau de soja a de nouveau progressé.

Baisse généralisée des cours du blé

Les prix du blé tendre se sont significativement contractés cette semaine. En effet, le blé rendu Rouen a perdu 10,5 €/t, à 278 €/t, tandis que celui rendu La Pallice a cédé 11 €/t, à 283,5 €/t. La baisse des cours du blé est mondiale et aucune origine n’est épargnée.

La semaine a été marquée par l’annonce de l’USDA (ministère américain de l’Agriculture) d’une prévision élevée de la surface semée de blé tendre aux Etats-Unis pour cette saison. La surface serait ainsi la plus importante depuis la récolte de 2016. Cette annonce a largement contribué à une baisse généralisée des prix, même s’il faut la relativiser compte-tenu des conditions toujours très sèches sur les zones productrices de blé aux Etats-Unis. Les très bons prix de ces derniers mois ont encouragé les « farmers » américains à semer davantage. Le blé américain HRW a chuté de 27 $/t, pour se situer à 375 $/t cette semaine.

Le blé russe a perdu 7 $/t, à 298 $/t et le blé français a perdu 13,5 $/t, à 306 $/t. La parité euro/dollar a baissé depuis le pic atteint le 1er février, ce qui améliore la compétitivité des blés européens sur la scène internationale.

L’actualité concerne également l’Ukraine et l’avenir du corridor sécurisé d’exportation de grains. Les autorités ukrainiennes souhaitent demander à la Turquie et aux Nations unies de reconduire l’accord pour au moins un an et de l’étendre au port de Mykolaïv. Pour l’instant, cet accord ne concerne que « le grand Odessa » (c’est-à-dire trois ports, proches les uns des autres, autour d’Odessa). Le port de Mykolaïv a été partiellement bombardé ces derniers mois et une partie des infrastructures a été endommagée. Les discussions se poursuivront au cours des prochaines semaines et pourraient être le théâtre de nombreux rebondissements.

Les acheteurs de blé sont présents

La demande mondiale s’est un peu réveillée cette semaine, avec des achats de l’Égypte, de la Jordanie, du Japon et de la Tunisie. Une fois de plus, la Russie a remporté l’appel d’offres de l’Égypte en proposant un prix de 317,5 $/t C&F. L’agressivité des prix russes sur le marché mondial est persistante et illustre la pléthorique offre de ce pays cette année.

Le volume réel de la récolte russe reste difficile à déterminer, d’autant qu’une partie des récoltes dans l’est de l’Ukraine aurait été dérobée pour être vendue par des opérateurs russes. Il est cependant difficile d’évaluer les tonnages concernés par ces vols. En plus des nombreux achats, la Turquie recherche près de 790 000 tonnes de blé tendre, pour une livraison sur le printemps, dans un appel d’offres qui devrait se clôturer le dernier jour de février.

Nette contraction des prix de l’orge française

Après la première quinzaine du mois de février marquée par le rythme soutenu des chargements d’orges françaises à destination de la Chine, les prix de l’orge fourragère sur le marché français sont repartis à la baisse cette semaine, de 11 €/t, à 264 €/t pour le rendu Rouen (base juillet). Le recul des cours s’explique par la très forte concurrence des orges de la mer Noire.

En effet, les orges russes sont encore les moins chères sur le marché, à 268 $/t Fob, et bénéficient de ce fait d’une demande soutenue. Les exportations russes ont été constantes en janvier et semblent se maintenir à un niveau aussi élevé en février, avec 155 000 tonnes exportées entre le 1er et le 21 février, soit une hausse de 25 % par rapport à la même période l’an dernier. Quant aux origines australiennes, leur prix a aussi évolué à la baisse cette semaine (–2 $/t, à 280 $/t Fob), sous le poids de l’offre abondante et la forte compétitivité des origines russes.

Après avoir bénéficié d’un regain d’intérêt de la part des acheteurs chinois à la fin de janvier, les orges françaises, moins compétitives que les origines russes et australiennes, se sont à nouveau retrouvées en quête de débouchés dans un contexte d’offre mondiale conséquente. Les orges françaises sont tirées vers le bas par les origines russes et australiennes. L’orge tricolore a ainsi atteint 290 $/t Fob le 24 février, soit une baisse de 14 $/t en une semaine (tout comme pour le blé, la baisse de l’euro face au dollar a accentué la baisse des prix en dollars). Du côté des affaires, on note cette semaine un achat de 60 000 tonnes de la Jordanie et 75 000 tonnes de la Tunisie, ainsi que deux appels d’offres de la Turquie et de la Jordanie, de respectivement 440 000 et 120 000 tonnes.

Sur le segment brassicole, les prix n’ont pas évolué depuis vendredi dernier, avec les orges d’hiver et de printemps cotées à respectivement, 275 €/t et 305 €/t Fob Creil au 24 février. Le marché brassicole est atone à l’heure actuelle.

Baisse des cours du colza

Cette semaine, les prix du colza en France ont régressé de 10 €/t, à 534 €/t. Ils restent sous la pression d’une abondante offre en graine de colza, qui affiche une récolte record au niveau mondial et des importations importantes en Europe. Les bonnes conditions pour le développement des cultures de la prochaine récolte pèsent aussi sur les prix. Mis à part un déficit hydrique marqué sur l’hiver en France, le reste de l’Union européenne bénéficie de conditions climatiques favorables.

La baisse des prix du pétrole cette semaine a également participé à cette baisse des cours. En effet, malgré la réouverture de la Chine, des incertitudes subsistent en raison des forts taux de contamination de Covid-19 dans le pays. Dans l’attente du retour de la Chine, l’incertitude qui plane sur l’économie mondiale pénalise le marché. Par ailleurs cette semaine, la hausse des stocks américains a intensifié la pression baissière sur le cours du pétrole.

Toutefois, la hausse des prix de l’huile de palme est venue tempérer ce mouvement de baisse. En effet, les cours de l’huile de palme ont progressé cette semaine sous l’influence des restrictions à l’exportation menées par l’Indonésie afin de protéger son marché intérieur. Enfin, les pertes en soja induites par la sécheresse en Argentine continuent également de soutenir le complexe oléagineux.

Tourteaux de soja : le cours poursuit sa hausse vers les sommets

Le cours du tourteau de soja à Montoir-de-Bretagne a poursuivi sa progression au début de la semaine, avant de reculer légèrement ce jeudi 23 février 2023 pour s’installer à 618 €/t. Finalement, la cotation a gagné 6 €/t sur la semaine et reste ainsi à un niveau historiquement élevé. Le prix du tourteau a progressé dans le sillage des prix de la graine sur le marché mondial.

Au début de la semaine, le cours du soja sur le CBOT s’est renforcé, porté par le dynamisme des exportations américaines vers la Chine. Entre le 1er septembre et le 9 février, les ventes de soja entre ces deux pays ont bondi de 71 % par rapport à la même période un an plus tôt. L’empire du Milieu est en manque de fèves. Les stocks chinois de soja ont chuté d’environ un million de tonnes en deux semaines pour s’afficher à 4,19 millions de tonnes au 18 février. Cela montre la bonne dynamique de trituration (et donc de production de tourteau) dans le pays.

De plus, les conditions climatiques en Argentine et dans le sud du Brésil continuent de menacer la production et contribuent également au maintien des cours. Par ailleurs, dans l’Union européenne, l’offre de tourteaux de soja reste faible compte tenu du rythme de trituration historiquement bas, notamment sur le premier trimestre de la campagne (étant donné la forte concurrence du colza dans les lignes de trituration européennes).

Toutefois, les marges de trituration de soja se sont améliorées ces dernières semaines et s’avèrent désormais aussi attractives que celles du colza. Cela devrait contribuer à redynamiser un peu la trituration de soja et faire augmenter l’offre en tourteau dans l’Union européenne, surtout à partir du second semestre (avec l’arrivée de la récolte argentine en avril). La hausse des cours dans l’Union européenne pourrait être limitée par une demande animale en tourteaux plutôt faible, du fait de leur perte de compétitivité face aux céréales.

À suivre : climat en Amérique du Sud (soja, maïs), temps sec dans l’ouest de l’Union européenne, discussion autour du corridor maritime ukrainien, prix du pétrole, parité euro/dollar, demande en huiles des pays émergents, situation économique mondiale.

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