Grippe aviaire La claustration obligatoire des volailles devant le Conseil d’État
Pour cause de risque « élevé » vis-à-vis de la grippe aviaire, les éleveurs ont pour consigne de mettre leurs volailles à l’abri jusqu’à nouvel ordre. Une « claustration forcée » généralisée désapprouvée par la Confédération paysanne et 7 autres organisations, reçues le 17 décembre 2021 au Conseil d’État.
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« Je ne m’imaginais pas un jour me retrouver au Conseil d’État parce que j’élève des volailles en plein air », lance Sylvie Colas, porte-parole de la Confédération paysanne du Gers.
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Le 17 décembre 2021, le syndicat agricole et sept organisations (1) ont été entendus par le juge des référés, faisant suite aux recours déposés pour faire annuler l’obligation de mise à l’abri des volailles en période à risque élevé vis-à-vis de la grippe aviaire en France. Le Conseil d’État devrait rendre sa décision d’ici à Noël.
Les élevages de plein air sont « moins exposés »
« Les élevages touchés jusqu’à maintenant sont des élevages industriels, ce qui montre bien que la claustration des volailles n’est pas une barrière à la propagation de la maladie », affirmait l’avocat mandaté par le collectif, Jean-Baptiste Chevalier, à la sortie de l’audience.
Pour Denis Perreau, de la Confédération paysanne, ce sont les « flux de personnes, de véhicules et d’intrants entre les élevages » qui constituent un risque sanitaire. Les élevages en plein air, pour certains autarciques, sont jugés moins exposés par le producteur. « La contamination par la faune sauvage est assez aléatoire », complète-t-il.
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Perte de revenu en vue
S’ils n’obtiennent pas la suspension des arrêtés grippe aviaire, ou a minima certaines dérogations, les requérants redoutent une fragilisation de la filière avicole de plein air.
« 20 % des éleveurs de volailles de plein air ne sont pas en mesure de cloîtrer leurs volailles, interpelle l’avocat. Aucune solution concrète ne leur est proposée. Soit ils réduisent leur production, et donc leur revenu, soit ils s’exposent à des sanctions pénales. »
Qui plus est, mettre des volailles « de souches rustiques » à l’abri « fait grimper la pression sanitaire » et « peut faire naître des comportements agressifs » chez les pensionnaires à plumes, avertit Denis Perreau. « Nous risquons une perte de revenu, mais également une perte de sens du métier », déplore Véronique Marchesseau, de la Confédération paysanne.
Des mesures « proportionnées »
Du côté des consommateurs, la porte-parole du Mouvement interrégional des Amap (Miramap), Évelyne Boulongne, s’inquiète de « la mise à mal de l’aviculture paysanne » garante « d’une alimentation de qualité ». Elle espère voir la réglementation « nuancée en fonction des types d’élevages et des territoires concernés ».
« Les mesures bio sécuritaires mises en places doivent être proportionnées au risque que fait courir l’élevage de plein air », conclut Nicolas Girod, le porte-parole de la Confédération paysanne.
(1) Confédération paysanne, Modef, Agir pour l’environnement, Anafic, Collectif Sauve qui poule, Bioconsom’acteurs, Fnab (Fédération nationale de l’agriculture biologique), Miramap (Mouvement interrégional des Amap).
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