Inquiétudes pour les situations financières des céréaliers
Après une année humide depuis les semis de 2023 jusqu’à ceux de 2024, les centres de gestion de l’Indre-et-Loire et les banquiers redoutent des situations économiques difficiles chez les céréaliers.
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« Les difficultés restent à venir. On s’attend à un hiver compliqué », a annoncé Florence Priou, conseillère d’entreprise à l’AS Cefiga, le 11 octobre 2024 à Chambray-lès-Tours. Alors que le ton monte au niveau syndical, le centre de gestion de l’Indre-et-Loire s’inquiète de la santé financière des entreprises, après la mauvaise récolte de 2024.
Une perte moyenne entre 400 et 500 €/ha
« C’est pire qu’en 2016. Les exploitants ont peu de marge de manœuvre », ajoute la conseillère, qui estime la perte moyenne pour la moisson de 2024 entre 400 et 500 €/ha. Du côté des banques, les demandes de soutien commencent à affluer. « Il y a les agriculteurs qui sont conscients des difficultés et ceux qui n’ont pas assez mis le nez dans les comptes », indique Cyrille Bineau, chargé d’affaires au Crédit Mutuel.
Face à cette situation tendue, les experts craignent que des agriculteurs cumulent les prêts pour financer leur cycle de production : un crédit-bail chez le concessionnaire, un crédit à la coopérative, une avance à court terme à la banque… « Nous sommes face à un problème structurel depuis plusieurs années », glisse Jean-Claude Robin, président de l’AS Cefiga 37 et céréalier. Dans certains cas, l’arrêt de l’activité sera à envisager.
45 % de charges en plus
Avec une chute moyenne des rendements de 20 à 25 % en blé, l’hétérogénéité des résultats est plus accentuée que les autres années, et n’est pas forcément en fonction des potentiels de sol. « Les écarts sont dus à la technicité agronomique et à la prise de décision de commercialisation », souligne Florence Priou.
« Ce n’est pas la même chose de vendre son blé en juillet 2023 à 240 €/t ou en mars 2024 à 180 €/t », poursuit-il. Les charges explosent : +45 % en quatre ans. En 2023, les charges de mécanisation ont atteint 500 €/ha (+7 %) et celles liées aux intrants 627 €/ha (+10 %). Pour l’année 2023, l’EBE (1) moyen était de 74 193 € par céréalier, et le revenu disponible (après annuités) de 52 118 €.
(1) Pour un échantillon de 758 exploitations céréalières.
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