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« En bio, j’ai adopté la stratégie du colza robuste »

« Le 11 avril, le colza en fleurs était prometteur. » Pour autant, Pascal Guérin reste prudent : « En bio, des siliques peuvent s’ouvrir en fin de cycle. Ce problème est lié au sclérotinia, entre autres, contre lequel en bio nous ne pouvons pas actionner le levier fongicide. »

Après avoir arrêté le colza bio, le Gaec de la Seine a réintroduit la culture dans son assolement, avec des variétés plus résistantes.

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À Billy-lès-Chanceaux, dans le nord de la Côte-d’Or, la famille Guerin implante chaque année une quinzaine d’hectares de colza sur les terres caillouteuses et argilo-calcaires superficielles de l’exploitation. Les rendements varient entre 12 et 15 q/ha. « Avec la valeur ajoutée issue de la transformation (vente directe et une conduite économe), ces résultats nous satisfont », commente Pascal Guerin, l’un des trois associés.

Résister aux altises

Sur la ferme de 265 ha conduite en polyculture-élevage bovin et en bio, le colza avait été arrêté il y a 25 ans. « Sensible aux insectes, gourmande en azote et donc coûteuse, la culture était difficile », explique l’agriculteur. Réintroduite il y a dix-huit ans pour diversifier l’approvisionnement de l’atelier de transformation mis en place sur l’exploitation (1) et produire plus de tourteaux pour le troupeau, la plante avait failli disparaître à nouveau de l’assolement il y a dix ans.

« Avec l’arrivée des grosses altises, nous n’arrivions plus à récolter suffisamment de graines, précise-t-il. Les essais menés par Terres Inovia et Biobourgogne sur nos parcelles nous ont aidés à avancer (lire l'encadré). Nous nous sommes orientés vers des variétés plus résistantes et nous avons adopté la stratégie du colza robuste. Sur nos plateaux de Bourgogne à 400-500 m d’altitude, il faut avoir des colzas forts à l’entrée de l’hiver, et une floraison pas trop précoce au printemps pour éviter les gelées tardives en avril. »

Ces deux dernières années, les orages d’été ont permis une bonne implantation ainsi que de belles levées. Cet automne, la plante a bien résisté à la forte infestation d’altises (jusqu’à 40 larves par pied contre 12 l’année précédente). Le semis avait été effectué le 19 août à 39 pieds par m², dans de bonnes conditions et dans des parcelles propres. Les pesées de biomasse indiquaient un poids de 120 g par pied en entrée d’hiver (80 g par pied en sortie).

Gérer l’enherbement par la rotation

La fertilisation se compose de 10 t/ha de fumier de bovins, non composté mais recouvert d’un géotextile pour ne pas être lessivé par la pluie, et de 2 t/ha de fientes de poules achetées. Épandues au semis, celles-ci nourrissent le colza et boostent son développement. 50 kg/ha de soufre et 5 kg/ha de bore sont également apportés. L’enherbement est géré au travers de la rotation : trois ans de prairies temporaires, blé, colza.

Implantée dans des champs encore propres, la culture bénéficie des reliquats azotés de la prairie. Le semis s’effectue avec un écartement de 45 cm pour passer la bineuse, deux ou trois fois si c'est nécessaire. L’outil est utilisé en Cuma, comme le semoir. L’exploitation n’est pas encore allée vers l’association avec les plantes campagnes. Un essai avec du fenugrec s’est révélé infructueux.

Le colza est transformé en huile alimentaire (de 4 000 à 4 500 l/an), vendue en direct dans des bouteilles d’un litre et d’un demi-litre. La ferme dispose actuellement d’un an de stock, faisant suite à la bonne récolte de 2023. Sur un marché limité, la concurrence d’autres exploitations venues à la transformation commence à se sentir.

(1) Initialement avec l’huile de tournesol.

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