Alimentation animale / Protéines La France dépendante mais moins qu’avant
Face aux menaces de pénurie d’eau, d’énergie et de terres qui guettent la planète à l’horizon de 2050, ceci alors que la demande mondiale en protéines animales s’accroît, la France peut-elle et doit-elle améliorer son autonomie en protéines végétales ?
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Le Céréopa (Centre d’étude et de recherche sur l’économie et l’organisation des productions animales) a tenté de répondre à cette question, lors d’une journée consacrée à la protéine, le 16 mai 2017 à Paris. En introduction, Patricia Le Cadre, directrice du Céréopa, a rappelé que la demande mondiale en protéines devrait continuer à croître dans les décennies à venir : +43 % pour les protéines végétales entre 2010 et 2030, et +33 % pour les protéines animales. Néanmoins, la forte hausse en Asie et en Afrique contrastera avec le repli attendu en Europe et aux États-Unis.
Une demande en protéines croissante et durable
La demande en viandes continuera à croître du fait de la croissance démographique. Les choix se porteront toujours plus sur les viandes de volaille, au coude à coude avec les produits de l’aquaculture, suivie par le porc, puis les œufs, les produits laitiers, le bœuf et loin derrière le mouton.
Or, du fait des disponibilités plus ou moins restreintes selon les pays, la quantité de protéines échangées d’un continent à l’autre continuera à s’accroître, et les acteurs français de l’agroalimentaire, soutenus par les pouvoirs publics, ont bien l’intention de prendre part à ce vaste marché – bien que l’Hexagone perde des marchés, du fait d’une compétitivité moindre que ses concurrents.
La France exporte aujourd’hui (vers l’Union européenne et les pays tiers) près de 35 % de sa production laitière et de volailles, 20 % de sa production porcine et 5 % de ses bovins – animaux vivants inclus. Or, ces animaux, il faut leur apporter des matières protéiques végétales. Et c’est là que les choses se compliquent.
En effet, « la France est aussi exportatrice nette de protéines végétales, mais déficitaires en matières riches en protéines (MRP, comptant plus de 18 % de protéines sur la matière sèche) », précise Patricia Le Cadre. Ainsi, elle expédie au-delà de ses frontières 3,5 millions de tonnes (Mt) de protéines végétales, contre 1,5 Mt importée (soit un solde de 2 Mt), tandis que 10 % des besoins de MAT végétales sont importés.
Un déficit en recul
Ce déficit a plutôt tendance à se résorber. Le déficit français sur les MRP est passé de 52 % à 38 % entre 2008 et 2012. L’utilisation de tourteau de soja par les fabricants d’aliments a reculé, en parallèle à une hausse de l’incorporation de tourteau de colza ou de tournesol et de céréales. Elle a en revanche augmenté chez les fabricants d’aliments à la ferme, qui ont moins d’alternatives au soja à leur portée.
Aujourd’hui, le tourteau de soja représente 3 % de l’alimentation du bétail, toutes filières confondues. La dépendance protéique des fabricants français est d’environ 42 %, stable depuis une dizaine d’années.
Les filières sont plus ou moins bonnes élèves. La filière de la volaille a reculé sa dépendance de 10 %, tandis que les bovins et les porcins l’ont accentuée de respectivement 5 et 3 %.
Néanmoins, les sources de protéines évoluent. Ainsi, on a consommé et importé moins de soja (respectivement –25 % et –33 % en 11 ans), pour acheter davantage de tourteaux de tournesol « high pro » (riche en protéine).
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