Un pic de collecte précoce et amoindri caractérise la production laitière française au printemps 2020. « Les livraisons ont reculé de 0,8 % en avril, puis de 1,6 % en mai par rapport à 2019, indique Jean-Marc Chaumet, de l’Institut de l’élevage (Idele), lors d’une conférence tenue le 9 juillet 2020. En juin, le recul n’est plus que de 0,5 %, et les sondages hebdomadaires de FranceAgriMer montrent même un retour à la croissance sur la dernière semaine. » Ce regain s’opère sur des marchés a priori ravivés, avec une valorisation beurre poudre qui tend vers son niveau d’avant crise.
Pas de décapitalisation du cheptel
Outre le fait que l’appel à la modération de l’interprofession soit levé, les bonnes conditions climatiques de juin expliquent ce rebond de la collecte. « Les précipitations ont été supérieures à la moyenne 1990-2010 et les températures se sont adoucies », confirme Jean-Marc Chaumet.
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Autre explication, « le solde mensuel entre les entrées (génisses) et les sorties (réformes) est redevenu positif en mai pour la première fois depuis six mois », souligne l’économiste. En juin, le cheptel affiche un repli de 1,5 % sur un an, une évolution moins marquée qu’en avril et mai (- 1,8 %). Le redémarrage de la collecte laisse penser que les éleveurs ont privilégié les réformes anticipées à la décapitalisation.
Prix du lait stabilisé
La valorisation beurre poudre du lait a gagné 32 €/1 000 litres en deux mois et s’élève à 272 €/1 000 litres en juin. Sur le marché spot du beurre (cotations Atla), le cours a repris 800 €/tonne depuis le creux de mi-avril. Sur la poudre maigre, la remontée est de 380 €/tonne. « On retrouve progressivement les niveaux d’avant confinement », indique Jean-Marc Chaumet. « La chute des cours a été moins intense et moins longue que prévue, ajoute Gérard You, de l’Idele. Cela, à mettre en lien avec le faible succès de l’aide au stockage privé de la Commission européenne, est le signe d’un meilleur équilibre des marchés. »
Après avoir perdu 13 €/1 000 litres entre février en avril, le prix du lait standard (toutes qualités) se stabilise finalement autour de 338 €/1 000 litres. Pour rappel, l’Idele craignait un repli des prix réels de 20 à 30 €/1 000 litres entre le premier et le second trimestre au plus fort de la crise. Le pire semble avoir été évité.
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Amélioration du solde commercial
En parallèle, le solde commercial laitier français a progressé de 13 % en valeur sur les cinq premiers mois de l’année. Une bonne surprise, au regard du contexte sanitaire. L’excédent commercial sur la poudre maigre a grimpé de 45 %. Le déficit sur le beurre a été divisé par deux, et celui sur la crème s’est vu annulé. De quoi compenser la perte de vitesse enregistrée sur les segments du fromage et des laits infantiles.