Cultiver, transformer et vendre du chanvre CBD

En 2021, Alexandra Mirvaux, fille d’agriculteur, et Christophe Gougis, alors salariés à Paris, notent l’émergence de boutiques de chanvre CBD (cannabidiol, qui n’entraîne pas de dépendance) qui s’approvisionnent à l’étranger. 

« Après le Covid, il y eut un engouement des consommateurs pour la médecine alternative mais aussi pour les circuits courts, se souvient Alexandra Mirvaux. De notre côté, nous réfléchissions à un changement de vie. »

Légalisation en décembre 2021

Le 30 décembre 2021, la culture de chanvre CBD est légalisée en France. « C’est le top départ de notre projet. » Ils se consacrent alors à 100 % à sa concrétisation et étudient la réglementation (lire l'encadré), la rentabilité, arpentent les salons, cherchent des fournisseurs. Ils créent une société de commercialisation et investissent 40 000 € notamment dans une effeuilleuse, la construction d’un séchoir, la création de la marque « Terre d’Organ » et du packaging, l’achat de petit matériel (bidons pour conserver les fleurs à l’abri de la lumière, sachets de conditionnement…), de semences certifiées et de matières premières (mélanges végétaux à infuser, beurre de karité…).

0,7 hectare

Au printemps 2022, ils sèment 0,7 ha sur une parcelle clôturée de la ferme familiale près de Provins. En jachère depuis plusieurs années, elle a pu être certifiée bio. La récolte s’effectue à la main, avec famille et amis, entre le début de septembre et la fin d'octobre. « Lors d’un premier passage, les plus belles fleurs sont récoltées pour être vendues pures, explique Alexandra. 

Au deuxième passage, on déshabille le pied. » Toutes les fleurs sont passées dans une effeuilleuse, puis séchées sur des filets deux ou trois semaines à environ 20°C avec 45 à 55 % d’humidité. 200 à 250 kg sont récoltés, soit 50 à 70 kg secs.

Une quinzaine de produits

« Nous faisons ensuite analyser le taux de THC des fleurs », souligne Alexandra. S’il est supérieur à 0,3 %, les fleurs sont envoyées à un laboratoire pour en extraire uniquement le CBD. « L’extrait est dilué dans de l’huile de graines de chanvre bio que nous achetons à un fournisseur », explique l’agricultrice. Si le taux est inférieur à 0,3 %, les plus belles fleurs sont vendues telles quelles. 

Les autres seront décarboxylées (cuisson à basse température) afin de rendre les molécules de CBD solubles dans l’eau pour les infusions. Ces fleurs sont ensuite mélangées (à hauteur de 10, 20, 30 ou 50 %) à d’autres ingrédients bio (cranberry, citron, menthe, lavande…) puis conditionnées en sachet de 30 g. La gamme compte une douzaine de recettes d’infusions (de 13,50 € à 19,50 €/sachet de 30 g), deux huiles dont quelques gouttes sont à placer sous la langue (49,50 € à 20 % de CBD ou 69,50 € à 30 %), et du baume de massage. Objectifs : favoriser le sommeil, atténuer l’anxiété ou les douleurs musculaires, articulaires et inflammatoires…

Commercialisation locale et salons

Depuis 2023, la commercialisation s’effectue via le site internet, dans des boutiques CBD ou des magasins de produits locaux et sur une quinzaine de salons partout en France. « Nous allons sur des salons du bien-être ou des médecines douces, ainsi qu’au salon made in France à Paris, précise Alexandra. Nous sommes aussi présents à la foire de Coulommiers, au Festival de la Terre ou sur des marchés de Noël pour fidéliser notre clientèle locale. En 2025, nous démarcherons davantage les boutiques de produits fermiers. Nous prévoyons aussi d’aller au Salon de l’agriculture grâce à notre label “Produit en Île-de-France”. »