De directeur à éleveur de volailles
Après une carrière chez Nature & Découvertes, Charles Monville vend en direct des volailles bio à Bièvres, en Essonne.
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« Au début des années 2000, j’étais devenu directeur régional chez Nature & Découvertes et je n’avais plus de perspectives d’évolution, se souvient Charles Monville. De mon enfance passée à 15 km de Rouen, j’avais gardé le souvenir du plaisir d’être dehors, des œufs et du lait que j’allais chercher dans les fermes voisines, des jeux avec des enfants d’agriculteurs. En parallèle de ma réflexion sur mon avenir, un ami d’enfance s’est installé en hors-cadre familial, en poulet bio dans le Gers. Il s’était lancé, cela fonctionnait, alors pourquoi pas moi ? »
Charles Monville a le goût du commerce, de la relation avec les clients et une attirance pour l’élevage. « Celui de poulets nécessitait un moindre investissement pour une rentabilité assez rapide », avait-il observé. Après avoir discuté de son projet avec son épouse et après plusieurs séjours chez son ami pour « vérifier que ce métier lui plaisait », la décision est prise. En 2006 et 2007, il pose un congé de formation pour passer un BPREA. Il quitte Nature & Découvertes en septembre 2007 et cherche à s’installer en Touraine où sa belle-famille a une maison.
4 hectares cédés par des voisins
« Nous avions fait une croix sur l’Île-de-France où il n’y avait pas de terre disponible, se souvient-il. En attendant de trouver une exploitation, il signe en juin 2008 un bail avec ses beaux-parents qui possèdent un terrain près de Tours. À l’automne, il livre ses premiers poulets dans des Amap (1) franciliennes car son épouse vivait et travaillait toujours près du plateau de Saclay.
« Lors de la deuxième distribution, un couple d’agriculteurs du plateau, Cristiana et Emmanuel Vandame, proposent de me céder les 4 hectares que je cherchais. Je leur serais éternellement reconnaissant. La Région qui est propriétaire est d’accord. En 2009, tout s’enchaîne. Je dépose le permis de construire pour un bâtiment, une maison d’habitation, un chemin qui traverse mes parcours de volailles. Je déménage mes deux cabanes de poulets de Touraine, et j’en monte deux autres. En février 2010, je reçois mes premiers poussins à Bièvres. »
Avec le recul, Charles n’a aucun regret de s’être d’abord lancé en Touraine. « Cela a donné de la crédibilité à mon projet pour trouver ensuite du foncier sur le plateau. »
Plus de 100 jours d’élevage
Aujourd’hui, neuf cabanes mobiles et leurs parcours trônent sur la parcelle : six pour les poulets de chair, une pour les chapons, une pour les poulardes et une pour les 249 pondeuses. Sont produits et vendus sur l’année : 150 chapons après six mois d’élevage et 150 poulardes de 4,5 mois pour Noël, et 5 000 poulets de chair à 105 jours, 112 jours et 118 jours. « Le cahier des charges en bio impose 81 jours d’élevage, mais pour obtenir la meilleure qualité de chair, il faut dépasser les 100 jours », estime Charles.
Pour nourrir les volailles tous les deux jours, trois fermes bio du plateau de Saclay lui fournissent 45 t/an de triticale, autant de maïs et 6 t/an de féverole. Son fumier de volailles part chez le couple Vandame pour fertiliser leurs cultures. Pour cet homme rigoureux et organisé, la semaine est bien rythmée : « Le lundi soir, j’attrape les volailles commandées pour les abattre le mardi matin avec mon équipe salariée. Le mercredi matin, je découpe et emballe les poulets avant de les vendre à la ferme le jeudi après-midi. L’avantage sur le plateau de Saclay, c’est que les clients ne manquent pas. Ils s’adaptent donc à mon rythme. »
« J’aime échanger avec les gens et quand je leur explique mes contraintes, ils comprennent, poursuit Charles Monville. En revanche, pendant les vacances scolaires, il n’y a plus personne. J’arrête donc la vente pendant sept semaines l’été. Ce qui me permet de partir trois semaines consécutives en vacances. » À 53 ans, Charles se dit prêt à transmettre son outil de production si une opportunité se présentait. « C’est un travail physique que je ne me vois pas faire jusqu’à 64 ans », concède-t-il.
(1) Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne.
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