Circuits courts Un distributeur automatique géré à distance
Cécile Cardeillac élève des poules pondeuses en liberté et produit des œufs bio qu’elle vend dans un distributeur automatique à la ferme.
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Cécile Cardeillac a suivi un parcours professionnel atypique, avant de s’installer au domaine de Hustet, la ferme familiale de Mouchan, dans le Gers. Après avoir passé une maîtrise de traduction en anglais et allemand, puis un master en qualité et gestion de l’environnement, elle a travaillé dans différents organismes en lien avec l’agriculture biologique. « Au bout d’une quinzaine d’années, j’avais dans l’idée de revenir à Mouchan et j’ai suivi une formation qui m’a aidée à faire mûrir mon projet et à appréhender concrètement une installation », raconte-t-elle.
À la rentrée 2015, j’ai commencé un BPREA (Brevet professionnel responsable d’exploitation agricole) à distance, avec le lycée agricole de Mirande (Gers). Puis je me suis installée de façon progressive, à partir du 1er janvier 2016, en EARL avec mon frère Gérald, qui cultivait des céréales bio. J’étais contente de m’associer avec lui car s’installer n’est pas facile. »
750 poules en plein air
Cécile décide de relancer l’élevage de poules pondeuses qu’avaient développé ses parents avant de partir à la retraite, en 2012. Alors que ces derniers travaillaient en bio avec une distribution en circuit long, la jeune femme choisit de vendre ses œufs en direct. En septembre 2015, elle fait rentrer 500 poules rousses Lohmann d’un jour, dans un ancien bâtiment d’élevage de la ferme remis aux normes. Six mois plus tard, la production d’œufs bio ayant atteint un rythme régulier, elle commence à les vendre. Pendant plus d’un an, elle produit 470 œufs par jour. La demande de la clientèle est supérieure et, une fois les premières poules réformées, ce sont 750 nouvelles pondeuses qui prennent le relais dans le deuxième bâtiment de la ferme. « J’utilise les deux sites en alternance, afin de n’être jamais en rupture de production, détaille Cécile. Mes poules sont en plein air toute la journée, sur 2 ha de parcours arborés. » Elles sont nourries aux céréales bio de la ferme (blé, vesce), complétées par un aliment acheté à un prestataire.
Plus gros client
Pour commercialiser ses œufs, Cécile investit parallèlement dans un distributeur automatique, qu’elle installe dans un chalet en bois bâti sur mesure, en bordure de la petite route de campagne qui borde la ferme. Celui-ci compte quarante casiers climatisés, gérés électroniquement à partir d’un monnayeur, qui accepte pièces et billets et rend la monnaie. À chaque fois que quelqu’un effectue un achat, Cécile reçoit un texto qui détaille le numéro du casier et la somme payée. Dès que vingt-deux casiers sont vides, une alerte lui est envoyée, afin qu’elle pense à les recharger. Et si quelqu’un tente de forcer une porte, une puissante alarme se déclenche. « Les clients peuvent passer 24 heures sur 24, sans que nous soyons obligés d’assurer une permanence, poursuit-elle. Nous voulions avoir le distributeur à proximité, pour nous faciliter la tâche. Nous y passons seulement quelques minutes par jour pour nettoyer, recharger les casiers et vider le monnayeur. Le distributeur est notre plus gros client. »
Une partie des œufs est également livrée à des magasins bio, des primeurs locaux et des restaurateurs, dans un rayon de 35 km. Dans son distributeur, Cécile commercialise aussi de la farine semi-complète, fabriquée à partir des blés bio de son frère, de l’huile de tournesol vierge, également issue de la production familiale, du jus de raisin bio de son cousin, de la confiture de fruits du jeune verger du domaine, et du miel non bio d’une apicultrice qui installe ses ruches sur l’exploitation. À cela s’ajoutent des fruits frais en saison.
Les prix proposés sont volontairement modérés. La boîte de douze œufs bio est vendue 3 € et la farine, 7,70 € les cinq kilos, « Notre idée est de vendre uniquement ce dont nous disposons, sans forcer la nature, ajoute Cécile. Nous allons élargir la gamme pour ne pas lasser les clients. » Les jeunes agriculteurs proposeront bientôt des courges (potimarron, butternut), des sachets de lentilles cultivées par Gérald et de l’huile de chanvre et de colza produites sur la ferme. Ils disposent pour cela d’une trieuse et viennent d’acheter une petite presse.
Florence JacquemoudPour accéder à l'ensembles nos offres :