Une cotisation pour généraliser l’ovosexage des canards
L’interprofession du foie gras veut étendre l'ovosexage à tous les canards à foie gras d’ici à 2030. Pour en donner les moyens aux accouveurs, les éleveurs versent désormais une cotisation de 25 centimes par caneton.
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100 % de canetons mâles d'ici 2030. C’est l’objectif du Cifog, l’interprofession du foie gras. Pour l’atteindre, un accord interprofessionnel a été conclu entre ses différents acteurs. Il décide que les éleveurs payent désormais une cotisation de 25 centimes par caneton, pour financer l’ovosexage des œufs.
23 millions de canetons
En production avicole, l’élimination des poussins d’un sexe concerne la filière œufs de consommation et la filière foie gras. Pour le foie gras, seuls les mâles sont intéressants, car les femelles produisent des foies très nervurés qui ne correspondent pas aux impératifs de qualité de la filière. Il n’existe en outre que des marchés limités autour de la canette rôtie. Cette situation a été largement aggravée par les derniers épisodes d’influenza aviaire, qui a fait disparaître des débouchés à l’export vers l’Égypte, l’Italie, l’Allemagne et l’Asie du Sud-Est. Les tentatives d’engraissement des femelles en France n’ont par ailleurs pas été concluantes.
Aux 23 millions de canards mâles engraissés chaque année correspondent donc presque autant de femelles qui ne peuvent pas être élevées. Les techniques habituelles, de broyage ou d’euthanasie à 1 jour, ne répondent pas aux attentes sociétales. C’est pourquoi le sexage dans l’œuf a été développé. Le sexe du caneton est déterminé aux environs de 10 jours d’incubation, lorsque l’embryon est au début de son développement et qu’il ne ressent pas la douleur.
Si ce procédé permet d’éviter l’euthanasie d’animaux, il présente aussi l’avantage d’éviter d’occuper inutilement des moyens de productions. Toute la filière gagne en efficacité technique et énergétique.
55 centimes par caneton pour les accouveurs
Mais l’ovosexage a un coût. Pour aider les accouveurs à le financer, un avenant à l’accord professionnel du 5 avril 2024 instaure le principe d’une cotisation prélevée chez les éleveurs de canards, à hauteur de 25 centimes par caneton mis en place. Côté aval, « elle est répercutée tout le long de la filière. Au gaveur, puis à l’abatteur et enfin au fabricant de foie gras », explique le Cifog. Côté amont, les accouveurs reçoivent 55 centimes par caneton vendu issu du sexage dans l’œuf. La différence entre les deux sommes s’explique par le fait qu’il y a, pour l’heure, moins de canetons sexés que de canetons mis en place. Ainsi, chaque caneton ovosexé est financé par environ deux canetons mis en place. Une proportion qui devrait se réduire au fur et à mesure de la généralisation de la technique.
Concrètement, les sommes collectées doivent servir à l’acquisition des équipements par les accouveurs et à la mise au point de leurs pratiques. « Les prototypes sont suffisamment fiables pour que nous puissions les développer à grande échelle, explique Marie-Pierre Pé, directrice du Cifog. Nous voulons donc accompagner chaque accouveurs dans sa transition depuis le stade du prototype vers l’utilisation en routine. Chaque entreprise sera aidée financièrement pendant trois ans dans le déploiement de cette technologie. Trois d’entre elles sont d’ores et déjà prêtes à commencer ».
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