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« J’implante du chanvre pour le marché du textile »

Sylvain Fraysse a produit 4,5 hectares de chanvre textile cette année, avec un rendement de 4 à 6 t/ha. Une culture aux nombreux avantages, « mais il faut prendre en compte la question du stockage et de l'immobilisation ».

Sylvain Fraysse, éleveur à Saint-Félix-de-Lunel (Aveyron), s’est lancé dans le chanvre textile. Une culture qui « ouvre les horizons », selon lui.

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Si les producteurs de chanvre sont nombreux pour le marché de l’isolation des bâtiments, ils le sont moins pour le chanvre textile. « Cette production pour le textile a pourtant de nombreux avantages… Et ça ouvre sur de nouveaux horizons », se félicite Sylvain Fraysse. Cet éleveur bovin lait s’est lancé voilà trois ans, avec l’impression de « tout redécouvrir ». Quelles sont donc les bases de l’itinéraire technique, sachant que lui est producteur bio ?

Une densité de semis élevée

« À la fin d'avril, nous semons au moins 200 pieds au mètre carré, ce qui est une densité très élevée, indique-t-il. Cela correspond à 60 à 70 kg/ha. L’idée est d’essayer d’avoir des pieds plus fins et donc une fibre plus fine. » Cet Aveyronnais, adepte d’un travail du sol « simplifié », met en avant : « Le chanvre a un avantage, il couvre vite le sol. Mais pour cela, il faut un sol prêt, un lit de semences propre, pour avoir une belle densité de semis. »

Pour le reste, « il s’assimile assez bien au maïs : il n’aime pas le froid ni les excès d’humidité comme on a eu cette année », résume l’éleveur. Avec une qualité majeure : « Il n’a pas besoin d’être irrigué. Il se contente de l’eau qu’il a… Même quand il en a peu, comme en 2022 chez nous. »

Les pieds montent ensuite à 2 m-2,5 m, ils sont fauchés entre le 15 et le 25 août. « Là, on les laisse au sol environ un mois, pour le rouissage », témoigne-t-il. Pour la fauche, plusieurs agriculteurs ont acheté collectivement, en lien avec une Cuma, une faucheuse à doubles lames. « Il faut éviter les outils rotatifs, dans lesquels s’enroulerait le chanvre », éclaire l’agriculteur. L’investissement s’est élevé à 10 000 euros environ, il y a trois ans.

Des coûts importants

Une fois le rouissage effectué vient le temps du pressage, « l’étape la plus délicate », selon l’Aveyronnais. Là, « comme on est sur des longues tiges, il faut un outil le plus simple possible et, encore une fois, éviter les outils rotatifs ». Les agriculteurs ont donc acquis une « vieille presse » dans une Cuma voisine. Laquelle leur sort des bottes de 190 kg. L’agriculteur compte : « On a un rendement de 3,5 à 8 t/ha, l’équilibre étant à 5 ou 6 t/ha. »

La société Virgocoop paie 300 €/t, à quoi peuvent s’ajouter deux primes de 25 €/t (l’une pour la densité au moment de la levée, l’autre pour la qualité du séchage). Notons que le prix du matériel et du chauffeur de la Cuma s’élève à environ 50 €/t. Si on y ajoute le prix de la semence, « élevé », « il faut essayer, avec le chanvre, de valoriser les terres à fort potentiel », souligne-t-il. L’éleveur enrichit aussi ses terres en fumier, auquel « la culture réagit positivement ».

Sylvain Fraysse, dont le modèle est basé sur l’herbe, a décidé d’intégrer cette culture dans une rotation type. « Pour casser le cycle de l’herbe, j’implante du chanvre. Il a un système racinaire qui travaille le sol, en plus de le couvrir, donc il est un bon précédent pour une céréale. Après la céréale, je mets du colza. » Puis, c’est reparti pour au moins dix ans d’herbe… L’agriculteur voit un autre atout, « très important » à cette culture : un hectare de chanvre fixe autant de CO2 (dioxyde de carbone) qu’un hectare de forêt !

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