« Le chanvre est devenu ma tête d’assole « Le chanvre est devenu ma tête d’assolement »
Guy Crosnier cultive 20 ha de chanvre. Il a été séduit par ses atouts agronomiques et son marché en devenir.
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Peu gourmand en intrants, le chanvre se prête bien à l’assolement en conversion bio de Guy Crosnier. Installé à la Forêt- Sainte-Croix dans l’Essonne, l’agriculteur de 61 ans en cultive depuis 2014. « Mes rendements en colza plafonnaient à 30 q. J’ai vu le chanvre comme une alternative, qui permet de surcroît d’ajouter une culture de printemps vertueuse dans la rotation, puisqu’elle ne demande aucune application phyto », explique l’agriculteur.
Dans le secteur du Gâtinais, marqué par des sols superficiels, la ferme de Guy compte 180 ha, dont 72 ha sont en deuxième année de conversion à l’agriculture biologique. « Le chanvre est ma tête d’assolement. C’est un très bon précédent pour son effet désherbant. Il valorise bien les petites terres de mon exploitation, avec une faible différence de rendement par rapport aux bonnes parcelles », compare-t-il.
Pour la préparation des sols, il n’y a pas eu de labour cette année. Le chanvre succède à l’orge d’hiver. Aucun couvert n’a été implanté à la suite en raison de l’état de sécheresse post-moisson. « Nous avons réalisé un passage d’Actisol pour aérer en profondeur avant la saison d’hiver et un passage de chisel pendant les gelées. »
Côté amendements, en conventionnel, 100 à 120 U maximum d’azote sont épandues avant les semis. Selon les reliquats, il peut être nécessaire d’ajouter 50 à 60 U de phosphore et 150 U de potasse. « En bio, nous avons épandu 2 t/h de vinasse cet automne », précise Guy.
Levée rapide exigée
Les semis sont réalisés par un semoir combiné à céréales classique avec un écartement de 12,5 cm, suivi d’un passage de rouleau. Ils débutent généralement autour de la deuxième semaine d’avril en Île-de-France, dans un sol réchauffé pour offrir à la culture de démarrer rapidement, idéalement sous cinq jours avec la pluie. La densité oscille autour de 50 kg/ ha avec un objectif de levée de 250 pieds au mètre carré. « Nous semons Fedora, une variété précoce qui permet de valoriser le chènevis et la paille et de récolter tôt pour laisser à la fibre un temps de séchage », souligne Aurélien Babault, le salarié de Guy Crosnier. Les semences de ferme sont interdites afin de contrôler le taux de THC (tétrahydrocannabinole, la molécule active du cannabis), limité à 0,2 % en France pour toutes les variétés. Elles sont commercialisées autour de 250 € les 50 kg, uniquement par le biais de la Coopérative centrale des producteurs de semences de chanvre (CCPSC), devenue récemment « HEMP-it » à Beaufort-en-Vallée, en Maine-et-Loire.
La récolte du chènevis (graines) s’étale de fin août à mi-septembre, selon les variétés. Elle nécessite un équipement spécifique sur la moissonneuse-batteuse, évalué à 180 000 €. « Un prestataire est mandaté par l’entreprise de commercialisation Gatichanvre (lire encadré) et la Cuma gère la presse des andains », commente Guy. L’an dernier, le chanvre a mal supporté le coup de chaud de la fin juillet avec un effet immédiat sur les rendements, en baisse de 30 % en moyenne. Avec des cours en berne, la campagne 2018 est à oublier pour la région. Pauline Bourdois
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