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Céréales Compétition féroce sur le marché mondial du blé

© C. Thiriet

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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Alors que le blé et le maïs cèdent du terrain cette semaine, l’orge tire son épingle du jeu et reprend des couleurs grâce à la bonne demande à l’exportation.

Un bon millésime pour la récolte française

Cette semaine encore, les blés russes et US ont tiré à la baisse les blés français : les blés d’hiver états-uniens ont en effet perdu 6 $/t (pour les SRW), à –12 $/t (pour les HRW) et les blés russes –3 $/t. Ainsi, le rendu Rouen cède 1 à 2 €/t selon la qualité, avec un euro qui remonte face au dollar (à 1,1806).

Maintenant que le marché a digéré la récolte record en Russie, les opérateurs se demandent si Moscou va être capable d’exporter une grande partie de son disponible. La compétition mondiale est donc féroce en ce début de campagne. Avec la récente baisse des prix, les importateurs sont aux achats, avec notamment 590 000 t de blé meunier par l’Algérie et 75 000 t par la Tunisie.

Dans ce contexte, la France ne devrait pas être à la traîne cette année avec une qualité qui semble bonne, comme le montrent les résultats partiels publiés par FranceAgriMer : 72 % des échantillons ont une teneur en protéines supérieure à 12 % (contre 81 % l’an dernier mais 22 % pour la moyenne quinquennale), 73 % ont un poids spécifique supérieur à 76 kg/hl (contre seulement 25 % en 2016 et 65 % en moyenne quinquennale) et 87 % ont un indice de Hagberg supérieur à 220 secondes (contre 88 % l’an dernier et 80 % pour la moyenne des cinq ans).

L’orge fourragère à contre-courant

Contrairement aux prix du blé, ceux de l’orge ont grimpé cette semaine, gagnant 4 €/t sur le rendu Rouen et 2,75 €/t sur le Fob Moselle. Les cours de l’orge fourragère sont soutenus par une demande mondiale dynamique, notamment de la part de l’Arabie Saoudite et de la Chine. Les exportations vers la Chine ont repris après douze mois de calme plat, grâce à la bonne qualité de cette année. L’orge fourragère Fob Rouen est cotée à 170,5 $/t (+6 $/t depuis la semaine dernière) et conserve ainsi sa bonne compétitivité vis-à-vis de la mer Noire, même si les prix ont très légèrement diminué (–1 $/t à 177,5 $/t pour l’orge russe et –2 $/t à 176,5 $/t pour l’ukrainienne). La récolte d’orge en Russie devrait nettement progresser par rapport à 2016, la baisse des surfaces étant largement compensée par des rendements records. Les orges brassicoles françaises Fob Creil ont chacune reculé de 1 €/t, à 198 €/t pour celle de printemps et 162 €/t pour celle d’hiver.

Hausse du droit à l’importation pour les maïs pays tiers ?

Les prix du maïs dévissent chez les principaux exportateurs cette semaine, sous la pression des disponibilités mondiales : –2 $/t en Fob Bordeaux et US, –4 $/t pour les origines brésilienne et ukrainienne et –5 $/t pour l’argentine. Avec cette récente baisse du prix US, le droit à l’importation (de 5,16 €/t depuis le 8 août dernier, appliqué à tous les maïs entrant dans l’UE et calculé sur la base du prix US) pourrait être revu à la hausse (à plus de 10 €/t) par Bruxelles la semaine prochaine. Malgré cela, les maïs importés dans l’UE (notamment sud-américains et US) devraient rester compétitifs dans l’UE vis-à-vis des maïs européens (français notamment).

Aux États-Unis, les résultats du tour de plaine sont mitigés avec des rendements attendus en hausse par rapport à l’an dernier dans l’Indiana, le Minnesota, le Nebraska et l’Ohio (ces États représentent environ 30 % de la production US) mais en recul dans les deux principaux États que sont l’Illinois et l’Iowa (représentant à eux deux presque 40 % de la production). En France, les conditions de culture s’améliorent, notamment en Bretagne, Centre-Val de Loire, Grand-Est, Aquitaine et Pays de la Loire. Le rendement français devrait donc cette année largement dépasser la moyenne quinquennale.

Rebond du prix du colza…

Cette semaine, le ton est plutôt positif pour les prix français. Le prix du colza à Rouen est remonté de 2,50 €/t sur la semaine, tandis que les cours Fob Moselle et l’échéance de novembre sur Euronext ont augmenté de 4,50 €/t. Cette remontée concerne aussi le canola canadien, dont le prix à Winnipeg se redresse d’environ 10 $/t. Plusieurs éléments contribuent à ce rebond des prix : tout d’abord, les récoltes progressent dans l’UE et s’approchent de la fin.

Si la récolte a été une bonne surprise en France, ce n’est pas le cas en Allemagne, en Pologne et en Europe centrale où le rendement des colzas est finalement en dessous des attentes. Au Canada, l’état des cultures reste nettement dégradé par rapport à l’an dernier. Néanmoins, une météorologie clémente durant les prochaines semaines pourrait permettre au canola, plante particulièrement résiliente, de regagner en potentiel de rendement. Autre élément de soutien pour les prix du colza, un nouveau rebondissement sur le marché du biodiesel. Les États-Unis ont en effet annoncé la mise en place de droits d’importation très élevés sur les biodiesels en provenance de l’Argentine et de l’Indonésie. Cela a entraîné une remontée du prix des huiles aux USA et en Europe.

… avec le soutien du soja

Cela a eu un effet direct sur le prix de la graine de soja à Chicago, qui reprend 4 $/t par rapport à la semaine dernière. Le marché est très nerveux à l’approche de la récolte. En effet, les « crop ratings » publiés par l’USDA, témoin de l’état des cultures de soja, se sont un peu améliorés par rapport à la semaine dernière. Néanmoins, plusieurs tours de plaine dans le Midwest montrent des champs très hétérogènes. Si le soja semble avoir mieux résisté que le maïs à la longue sécheresse qui touche l’ouest de la Soybelt, le rendement final peut encore réserver des surprises. Pour l’instant, nous estimons que le rendement US sera proche de la tendance historique, en recul par rapport à l’an dernier qui fut une excellente année pour la graine oléagineuse.

Le prix du tournesol reste stable cette semaine, à 340 €/t. Les récoltes ont démarré dans le sud de l’Europe. La mauvaise récolte espagnole confirme l’effet de la sécheresse qui a touché la péninsule Ibérique. En Europe de l’Est, les premiers retours font état de bons résultats. En Europe centrale (Hongrie notamment), la moisson devrait être correcte. Nous attendons maintenant une progression de 5 % de la récolte de tournesol dans l’UE. En Ukraine et Russie, le potentiel des cultures semble correct : des récoltes records de tournesol y sont encore attendues cette année.

Recul du prix des tourteaux de soja

À Montoir, le prix des tourteaux de soja perd encore 6 €/t cette semaine, à 297 €/t. Les fortes disponibilités mondiales attendues en graines et tourteau pèsent sur les prix, de même que la nouvelle remontée de la monnaie européenne face au dollar US. Par ailleurs, le blé fourrager, dont le taux de protéines est plutôt élevé cette année, concurrence le tourteau, qui doit réagir pour garder sa place dans les rations.

Le pois départ Marne reste coté à 205 €/t, tandis que le prix du pois jaune rendu Rouen recule encore à 208 €/t. Depuis la mi-juillet, la prime entre pois jaune et pois fourrager s’est effondrée, reculant de 35 €/t à seulement 3 €/t. La récolte française de pois est en forte hausse cette année (de plus de 40 %), ce qui fait pression sur les prix. Le pois alimentaire devra trouver de la place sur le segment fourrager pour que tous les volumes produits puissent trouver preneur, à moins que ces prix attractifs ne stimulent la demande à l’exportation.

Tallage

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