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Engraisser les chevreaux avec le lait post-colostral

« Les derniers nés sont les plus difficiles à élever d’où l’importance de regrouper les mises-bas », explique Amandine Hérissé, éleveuse de chèvre dans le Maine-et-Loire.

Producteur de lait de chèvre, le Gaec Hérissé, dans le Maine-et-Loire, engraisse les chevreaux mâles jusqu’à quatre semaines. Cette approche permet une double valorisation « lait + viande ».

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Au Gaec Hérissé, la décision d’élever les chevreaux mâles remonte à 1979. « Elle a été prise par mes beaux-parents », explique Amandine Hérissé, associée avec son mari. Aux Cerqueux-sous-Passavent, le groupement produit 380 000 litres de lait de chèvre par an. Amandine, qui s’est installée en 2019, est responsable de cet atelier. L’élevage totalise 380 mères et 120 chevrettes de renouvellement, des Alpines.

En parallèle, Amandine engraisse les chevreaux mâles jusqu’à quatre semaines. « Depuis six ans, nous en vendons en moyenne (NDLR : à l’abattoir Loeul et Piriot à Thouars — 79) 232 par an », précise l’éleveuse. Pour cette activité qui est gourmande en main-d’œuvre et concomitante aux mises-bas, Amandine est aidée par ses beaux-parents. « En particulier, ce sont eux qui, chaque matin, retirent de leur mère les chevreaux nés la veille. »

Limiter la pénibilité

Les mâles sont ensuite déposés dans l’une des six cases (de 9 m² chacune) aménagées pour l’engraissement. La première tétée intervient dans la soirée, au seau à tétines. « En principe dès le lendemain, nous transférons les chevreaux dans une autre case, équipée celle-ci d’un bloc de trois tétines. » À partir de là et pendant quatre semaines, ils vont se nourrir à volonté, « tout et autant que nous apportions le lait jusqu’aux cases ce qui demande un peu d’organisation, de manutention et d’être équipé. »

La rentabilité de l’engraissement repose sur la valorisation du lait non commercialisable des sept premiers jours de lactation. À la traite, Amandine commence par le stocker, prioritairement dans deux tanks (1 200 et 450 l). En complément et sous condition qu’il soit refroidi, dans des bidons (4 x 200 l). Pour acheminer ce lait jusqu’aux cases, qui se trouvent à environ 100 mètres de la laiterie, l’éleveuse utilise un taxi-lait qu’elle remplit au seau. « Il peut contenir jusqu’à 120 litres. À mon installation, c’est un des premiers investissements que j’ai réalisé. L’idée, c’était de limiter au maximum le port de charges. »

4 500 litres de lait valorisés

Sur place, le taxi-lait est garé dans le couloir d’alimentation ; à côté de deux réchauffeurs et le lait transvasé de l’un à l’autre. « Les réchauffeurs ont une capacité de 30-40 litres chacun et nous les avons modifiés, explique Amandine. Aujourd’hui, ils fonctionnent à l’inverse d’un bain-marie. Autrement dit, l’eau est dans la colonne du milieu et le lait à l’extérieur ce qui facilite grandement leur nettoyage. » Toujours sur le plan fonctionnel, chaque matériel est équipé de plusieurs sorties : huit pour l’un, douze pour l’autre. Et celles-ci sont reliées aux blocs de tétines.

Au Gaec Hérissé, l’engraissement des chevreaux mâles permet de valoriser en moyenne 5 400 litres de lait non commercialisable par an. « À cela, il faut ajouter le produit de la viande », pointe Amandine. Cette année, les premiers chevreaux (108) sont partis à l’abattoir le 4 mars ; entre 8 et 10 kg de poids vif pour un poids de carcasse moyen de 5,120 kg. « Avec un prix du kilo de carcasse à 6,15 €, ce sont des chevreaux qui ont été valorisés 31,48 € », détaille Amandine.

Un chiffre à rapprocher du temps de travail : de l’ordre de cinq heures par jour dans la période qui suit la mise ; de quatre heures par jour ensuite. Mais qui reste très supérieur au prix du ramassage, « avec en plus la satisfaction de ne pas perdre le bénéfice des tâches post-mises-bas (identification, désinfection, etc.) que nous faisons de toute façon », rappellent les associés.

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