En canards gras, réduire la pénibilité du gavage
Dans les Pays de la Loire, le projet Acte a permis d’évaluer l’intérêt d’exosquelettes mais aussi de travailler sur le couple embuc/gâchette.
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D’une main, l’éleveur maintient le canard. De l’autre, il saisit l’embuc, ce tuyau par lequel passe l’aliment, l’introduit dans le jabot et, avec l’index, presse la gâchette. « Cette opération dure environ dix secondes mais dans un élevage de 1 000 à 1 200 canards, l’éleveur la répète quatre heures par jour », rappelle Laurine Gabriel, conseillère en aviculture dans les Pays de la Loire.
À la longue, la plupart des intervenants — éleveurs ou salariés — souffrent de douleurs aux mains et aux épaules. Souvent, elles deviennent chroniques. Pour réduire cette pénibilité, la chambre d’agriculture et les MSA de la Vendée, de la Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire ont donc exploré plusieurs pistes.
Trois exosquelettes évalués
Entre 2021 et 2024, dans le cadre du projet de recherche « Amélioration des conditions de travail en élevage » (Acte), « nous avons notamment travaillé sur l’intérêt des exosquelettes ». Trois modèles ont été testés en élevage : un exosquelette « main actif » et deux autres à technologie passive pour les épaules. L’évaluation a porté sur l’utilisabilité de l’équipement, sa fiabilité, son impact sur la performance et la santé et, enfin, le ressenti de l’utilisateur. Les résultats sont contrastés. Les exosquelettes « épaules » « ont apporté très peu de gains et des contraintes nouvelles », relève Laurine Gabriel.
La chambre d’agriculture met en avant « un risque élevé de nouvelles douleurs, de fourmillements ou de perte de force ». Elle pointe également « la difficulté à garantir un bon réglage de l’équipement ainsi qu’un risque d’usure et d’encrassement lié à l’environnement de travail ». Concernant l’exosquelette « main », les résultats sont plus encourageants, avec « une forte réduction des sollicitations de la main ». Seul bémol : le prix de l’équipement complet — de 7 000 à 10 000 € HT — et la relative fragilité du gant.
Jouer sur la longueur de la gâchette
Au-delà de ce focus sur les exosquelettes, le projet Acte a permis de travailler des améliorations concrètes, notamment au niveau du couple embuc-gâchette. Concernant la taille de la gâchette, « il y a tout intérêt à la rallonger et même à ce qu’elle soit la plus longue possible. L’index sera moins sollicité et la main de l’opérateur retrouvera une position plus naturelle ». Du côté de l’embuc, l’anneau concentre un certain nombre de problèmes. En pratique l’éleveur appuie son pouce contre, ce qui lui permet de manipuler plus facilement le bras de l’embuc.
Mais cet anneau est généralement en inox et l’appui finit par générer un pincement douloureux. L’une des solutions consiste à le scier sur la moitié, « ce qui réduit les points de compression ». Plus intéressant encore : « remplacer l’anneau en inox par un anneau souple, en cuir par exemple ». La chambre d’agriculture et la MSA recommandent également aux éleveurs — et aux équipementiers — d’ajuster la hauteur des cages à la taille des opérateurs. « L’éleveur ne devrait pas avoir à se pencher pour attraper les canards. » Enfin, elles préconisent de régler le bras d’embuc à un niveau bas. « L’effort à fournir pour le relever sera moins intense que si le bras est placé haut et qu’il faut l’abaisser. »
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