Débat Repenser la gestion des risques climatiques sur les exploitations
Alors que les aléas climatiques se multiplient, des acteurs du monde agricole proposent des solutions pour y faire face, à l’occasion d’une table-ronde organisée au Sima, le 8 novembre 2022, par La France Agricole sur le thème de l’agriculture en 2030.
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"Les exploitations sont soumises à de nombreux risques" économique, climatique, sanitaire… Gérer ces risques, "nous n’y arriverons pas seuls !" Tel est le constat posé par Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, le 8 novembre 2022, lors d'une table-ronde sur le futur de l’agriculture à l’horizon de 2030. Organisée par La France Agricole sur le plateau TV du groupe NGPA, cette table-ronde était introduite par Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, qui a rappelé que d'ici à 2030, "la moitié des chefs d'exploitation seront en âge de partir à la retraite, une opportunité pour transformer en profondeur notre agriculture, la rendre plus résiliente, plus compétitive, et que les métiers soient plus attractifs".
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Les agriculteurs ont besoin de la recherche, aussi bien fondamentale qu’appliquée, d’outils, au travers des nouvelles technologies et d’accompagnement, notamment financier. Et dans un contexte d’aléas climatiques omniprésents, qu’en est-il de la gestion des risques ? Pour la gestion des risques, certaines réponses commencent à émerger, en particulier sur les sujets du stockage de l’eau, de l’assurance récolte, du stockage du carbone ou des prêts. "Il faut convaincre les agriculteurs de s’assurer" pour se prémunir contre les risques, notamment au travers de l’assurance récolte, affirme la présidente de la FNSEA.
L'agroclimatologie, un outil de prévision des risques
L’agroclimatologie, science qui relie l’agriculture et la climatologie, est un outil qui permet d’évaluer l’impact des aléas climatiques sur l’agriculture mais aussi l’impact de l’agriculture sur le climat, explique Serge Zaka, agroclimatologue chez ITK. Selon ce spécialiste, l’agroclimatologie permet de comprendre l’évolution du risque climatique dans le contexte actuel de modification complète du calendrier cultural (décalages de saisons, de stade de floraison, de semis…). Elle a pour but de prévoir les évolutions climatiques et ainsi éviter des pertes de rendements. Ainsi, "mieux vaut anticiper que subir", souligne-t-il.
Pour Sébastien Prin, responsable du marché de l'agriculture à la Confédération nationale du Crédit mutuel, l’agroclimatologie est aujourd’hui nécessaire pour objectiver et chiffrer le passage de la transition agroécologique. Il s’agit d’un outil d’aide à la décision intéressant. Néanmoins, "la décision d’accorder un prêt d’investissement ne reposera jamais sur un modèle (...), mais sur l’humain et la confiance".
Interrogé sur l'accompagnement financier des agriculteurs et la frilosité que peuvent avoir les banques, le responsable du Crédit mutuel répond que le financement de l'agriculture française est aujourd'hui correctement assuré, soulignant la répartition forte des réseaux bancaires sur l'ensemble du territoire et la proximité des chargés d'affaires spécialisés. Selon lui, ce système actuel se traduit par un coût du risque relativement faible et facilite l'accès aux prêts. Néanmoins, il concède qu'il faut faire évoluer les modèles d'analyse bancaires pour gérer au mieux les risques qui émergent.
Répondre aux défis de l'agriculture en 2030
Interrogée sur quels seront les piliers forts de l’agriculture en 2030, Christiane Lambert insiste sur la souveraineté alimentaire, la transition environnementale et le renouvellement des générations. Selon elle, ces piliers passent par ce qu'elle nomme les "3 R", la relocalisation de la production, avec l’idée de souveraineté alimentaire, la rentabilité des exploitations, via un changement des conditions de travail et un revenu décent, et la ressource humaine, c'est-à-dire le recrutement au sein des métiers de l’agriculture.
Pour Jean-Marie Savalle, président fondateur du groupe Isagri, répondre aux défis de l'agriculture en 2030 passera par l'acquisition de nouvelles compétences qu'il résume en trois mots : "formation, information (de qualité) et vulgarisation" :
- La formation des agriculteurs aux nouveaux outils et le développement de nouvelles compétences agronomiques pour gagner en productivité;
- Une information de qualité et de proximité avec les marchés permettant de "remettre la main sur la commercialisation" afin d'améliorer le revenu;
- La vulgarisation et/ou la communication auprès des agriculteurs sur les bonnes pratiques mais également auprès du consommateur (intégration des réseaux sociaux).
Et pour Jean-Marie Savalle, il y a aussi un travail de communication et de positivisme à faire car "quand on parle d’agriculture aujourd’hui, c’est pour parler de catastrophe". De son côté, la présidente de la FNSEA pense qu’il ne faut pas "accabler les agriculteurs", mais leur montrer des exemples de systèmes et de pratiques pour leur fournir des solutions concrètes tout en les accompagnant financièrement pour qu’ils puissent les réaliser.
Enfin, répondre à ces enjeux est un moyen de faciliter le renouvellement des générations en rendant plus attractif les métiers de l’agriculture. "C’est un autre regard qu’il faut porter aujourd’hui sur l’agriculture", souligne Christiane Lambert.
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