Agriculture Premier état des lieux des dégâts de la sécheresse
Malgré les dernières pluies, la sécheresse et la canicule ont causé des dommages irrémédiables sur les maïs, les élevages et les prairies dans certaines régions. Tour d’horizon.
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La sécheresse a tout d’abord considérablement impacté les nappes phréatiques. « S’il ne pleut pas de manière significative à l’automne, on peut craindre des difficultés sur la recharge des nappes phréatiques, estime Joël Limouzin, président de la commission de gestion des risques de la FNSEA qui fait le point sur les dégâts causés par la sécheresse et la canicule. Cela va dépendre des départements, mais nous avons déjà de fortes inquiétudes pour certains, à l’Est, qui subissent cet effet cumulatif de 2018 et 2019. »
Les récoltes de paille en berne à l’est
En matière de stocks d’herbe , la France est aussi contrastée : la partie de l’est de la France a été très touchée, en particulier la région Rhône-Alpes Auvergne, notamment la Savoie et la Haute-Savoie. « Le Rhône-Alpes avait déjà été très impacté en 2018, et c’est à nouveau le cas. L’Auvergne va un peu mieux, même si en Haute-Loire, j’ai pu voir ces derniers jours des situations très disparates avec de grandes difficultés en matière d’affouragement : certains ont vu leurs stocks complètement à sec en 2018 et n’ont pas pu les refaire en 2019. »
Jusqu’à 100 euros par tonne de paille
À l’opposé, les stocks d’herbe pour la partie ouest de la France sont corrects. Ces bonnes récoltes ont permis des ventes de paille et des échanges avec les départements voisins. « Globalement, la situation a été moins catastrophique en 2019 qu’en 2018, pour trouver de la paille, constate-t-il. On s’inquiète des coûts engendrés par ces opérations. Nous devons parvenir à trouver des solutions pour limiter à la fois les coûts de transport et de péage. On est avec un prix de départ assez raisonnable de la part des céréaliers, avec 25 euros par tonne la paille (prix en andain auquel il faut ajouter les coûts de pressage etc.). Mais quand on cumule avec les coûts de transport et de péage tels qu’ils sont aujourd’hui, on arrive à un minimum de 100 €/t dans la cour de la ferme. Ça reste trop élevé ».
Risque de brûlure sur le maïs
Pour les récoltes 2019 de blé et d’orge, « nous observons globalement de bonnes récoltes, sur les plans quantitatif et qualitatif, quelle que soit la région ». En revanche, les épisodes de canicule de juin puis de juillet ont lourdement pesé sur les cultures de maïs. « Ça a été très dur, quelle que soit la région, notamment sur tous les semis précoces, ceux d’avril et de début mai. On était quand même, durant ces épisodes, à 10 mm d’évapotranspiration par jour. Ça voulait dire qu’un irriguant qui apportait 30 à 40 mm d’eau se voyait contraint de revenir sur la même parcelle 4 jours plus tard. Donc même en culture irriguée, on n’arrivait pas à suivre le rythme. » Les plus gros dégâts sont observés sur les terres les plus séchantes. « Sur les terres plus profondes, on a réussi quand même à tenir le cap ».
« J’incite les gens qui sont assurés à se faire connaître auprès de leurs assureurs pour commencer à faire des expertises sur le maïs, en particulier celui non irrigué, mais aussi sur le maïs irrigué qui aurait subi l’impact de la canicule. Il peut en effet y avoir des brûlures », insiste Joël Limouzin. Le phénomène de brûlure a aussi été observé sur des vignes.
Les maïs semés tardivement, fin mai, n’étaient globalement pas en floraison au moment de la canicule, et donc l’impact sur le rendement pourrait être moindre. La pluie survenue la semaine dernière devrait aussi favoriser la situation. « Début août nous rassure un peu. C’est beaucoup moins brûlant, même si ça ne règle pas le problème des nappes, ni celui de la pousse d’herbe. »
Les volailles et les porcs mis à mal
Les élevages ont été très impactés par les effets de la canicule, en particulier ceux de porcs et de volailles. « Nous procédons actuellement au recensement des dégâts par le biais des centres d’équarrissage pour tous les animaux », explique Joël Limouzin. Les élevages de volailles dans les Pays de la Loire, particulièrement le Maine-et-Loire et la Mayenne, mais aussi en Bretagne (Morbihan) enregistrent de forts taux de mortalité. Et le phénomène touche aussi bien les volailles standards que bio.
Ces derniers ont souffert des écarts de température entre l’extérieur et les bâtiments dédiés à leur alimentation. Peu de bâtiments sont équipés, « car les volailles sont le plus souvent dehors. Mais la canicule a montré que de meilleurs équipements étaient nécessaires. Ça doit nous emmener à voir aujourd’hui des équipements dans nos élevages. Un certain nombre l’avait fait en 2003, après la canicule. Nos efforts doivent se poursuivre en la matière. »
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