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« J’ai implanté 21 kilomètres de haies »

Jean Harent a commencé à implanter des haies dans ses parcelles en 2022, afin de limiter l’assèchement des sols et de créer de la biodiversité.

Agriculteur dans la Somme sur 400 ha, Jean Harent pratique l’agroforesterie dans une démarche plus large de transition agroécologique.

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Jean Harent est revenu en 2019 sur l’exploitation familiale de grandes cultures située à Sauvillers-Mongival dans la Somme. Il a pris très rapidement le virage de l’agriculture de conservation des sols (ACS), sur de petites surfaces au départ pour arriver aujourd’hui à 90 % de la SAU conduite en semis direct.

Il est passé parallèlement de 5 à 14 cultures dans son assolement. Objectif : faire face au salissement en graminées et à la stagnation des rendements sur les espèces historiques de l’exploitation à cause du changement climatique. Jean a toutefois supprimé la betterave, compliquée à produire sans travail du sol. « Aujourd’hui, deux tiers des cultures tête d’assolement sont en multiplication de semences, afin d’amener de la valeur ajoutée et de valoriser le stockage », complète-t-il.

Retenir l’eau dans les sols

Par ailleurs, les sols sont couverts onze mois sur douze. « Je n’irrigue pas, il faut donc que je trouve le moyen de retenir l’eau dans les champs », explique l’agriculteur. Il sème 7 ou 8 espèces différentes de couverts végétaux choisies selon le précédent (avoine, seigle, légumineuses, crucifères…).

C’est également pour gagner en efficience hydrique que Jean s’est lancé en 2022 dans l’agroforesterie. « La plantation d’arbres et arbustes est un prolongement logique de mes pratiques d’agriculture régénératrice », estime l’exploitant qui a implanté 21 000 arbres et arbustes, soit un total de 21 km, financés en partie par Nestlé-Purina (lire l'encadré).

En partenariat avec Nestlé, différentes phases de plantations ont été programmées. (©  Isabelle Escoffier)

Son parcellaire très regroupé facilite la mise en œuvre de ces chantiers. « Les lignes d’arbres disposées en intraparcellaire permettent de casser les vents dominants et limitent l’assèchement de surface de mes terres argileuses, soutient-il. Cela diminue aussi l’érosion et maintient la biodiversité des auxiliaires et pollinisateurs. » Les arbres ne gênent pas les cultures car la plantation est réfléchie en fonction des largeurs d’engins comme le semoir.

Investissement sur le long terme

« Je ne vois pas l’agroforesterie comme une perte de surface nette mais comme un capital sécurité pour les parcelles autour, développe Jean. C’est un investissement sur le long terme. » Une quarantaine d’espèces composent les linéaires. « Plus il y a d’arbustes avec des floraisons étalées, plus il est possible de capter une biodiversité large et intéressante pour les parcelles. »

À moyen et long terme, les haies basses permettront de produire du bois énergie tandis que les arbres de haut jet seront utilisés pour du bois d’œuvre. En attendant, grâce à ses pratiques agroécologiques et à l’agroforesterie, Jean estime qu’il peut « stocker environ 1 500 tonnes-équivalent CO2 par an, ce qui représente les émissions d’un village comme celui où se situe l’exploitation. »

Entré depuis quatre ans dans le programme Sols vivants de la fondation Earthworm, en partenariat avec Nestlé, il bénéficie d’une prime sur son blé bas carbone. « Les premières années, j’ai pris des risques et je n’ai pas tout réussi », reconnaît-il. Mais d’insister : « C’est important de ne pas faire sa transition tout seul et de s’appuyer sur des partenariats. Cela amène de la valeur ajoutée et c’est une sécurité par rapport aux efforts fournis. »

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