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Renforcer la teneur en protéines d’un blé bio

À la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou (Maine-et-Loire), le mélange de blé et de féverole (ci-contre) affiche un taux de protéines à 10,27 % en moyenne sur trois ans.

Dans le sud de la Sarthe, des agriculteurs expérimentent l’association « blé + féverole » avec des résultats intéressants. Cette technique a également été testée à la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou (Maine-et-Loire) qui confirme sa pertinence.

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En agriculture biologique, la rotation joue un rôle clé pour obtenir un blé riche en protéines. Elle doit être longue et diversifiée avec idéalement en tête, une prairie ou une luzernière pluriannuelle. « Dans notre secteur, le sud de la Sarthe, la déprise de l’élevage bovin éloigne ces options. Concrètement, je n’ai ni luzerne ni prairie dans ma rotation et le rendement moyen du blé plafonne à 35 q/ha, à 11,5-12 % de protéines », témoigne Guillaume Guérineau, agriculteur au Bailleul.

Il associe désormais le blé à la féverole. « J’ai commencé à travailler cet itinéraire il y a trois ans, avec l’idée que la féverole, via ses nodosités, restituerait au blé une partie de l’azote qu’elle capte dans l’air. À l’hectare, je sème 150 kg de blé pour 100 kg de féverole ».

Un taux de protéines à 13,5 %

L’an dernier, Guillaume a semé ce mélange à la fin d'octobre, sur huit hectares et demi. La culture a été implantée derrière un colza, après un labour superficiel et une fissuration du sol à 20-25 cm de profondeur. Guillaume travaille des semences fermières. Pour le blé, il a mélangé plusieurs variétés.

« À la fin de janvier-début de février, j’ai apporté 3 l/ha de sulfate de manganèse, détaille-t-il. En revanche, je n’ai pas pu faire l’apport d’engrais organique qui était prévu, faute de pouvoir accéder aux parcelles qui sont pourtant drainées ! » En année « normale », 5 t/ha de fientes de poules pondeuses ou de fumier de volailles sont épandues en février, mars.

Guillaume Guérineau a moissonné le mélange le 5 juillet. Avec un rendement moyen à 45 q/ha et un taux de protéines à 13,5 % en moyenne, « l’année est correcte. Clairement, la féverole joue son rôle et c’est un blé qui va être valorisé à 450 €/t », apprécie l’agriculteur qui prévoit d’augmenter les surfaces pour 2026. 

Écarter le risque du déclassement

Avec le souci de gérer le salissement et d’optimiser la germination, Guillaume Guérineau sème la féverole à 100 kg/ha. Dans le Maine-et-Loire, la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou travaille à plus faible densité. Dans un essai mené sur trois ans avec quatre répétitions à chaque fois, elle a comparé un blé conduit seul à une conduite « blé + féverole ».

Comme chez Guillaume Guérineau, le blé a été semé à 150 kg/ha. « Mais pour la féverole, nous avons travaillé à 50 kg/ha », précise Aloïs Artaux, chargée de mission « Expérimentation grandes cultures bio » à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. À l’arrivée, les résultats mettent en évidence des rendements moyens proches : 55 q/ha pour le blé pur ; 53,5 q/ha pour le mélange (45,4 q/ha de blé et 8,1 q/ha de féverole). Du côté du taux de protéines, le mélange prend l’avantage avec une moyenne sur trois ans à 10,27 % contre 9,45 % pour le blé. Concrètement, « cela veut dire que notre blé conduit seul est déclassé en blé fourrager deux années sur trois, avec à la clé une perte de marge », pointe Aloïs Artaux.

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