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Les initiatives en agroforesterie se multiplient

Les motivations à se lancer dans l’agroforesterie sont variées : de l’amélioration de la biodiversité, à la production de fruits, en passant par la réduction de l’érosion ou la valorisation en bois d’œuvre.

Bien que l’agroforesterie fasse de plus en plus parler d’elle, la pratique est encore peu répandue. Des initiatives privées donnent un coup de pouce nécessaire pour la mettre en place et la gérer au sein des exploitations agricoles.

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Démarré en 2021, l’accompagnement par la fondation Earthworm bénéficie maintenant à cent vingt agriculteurs partenaires du groupe Nestlé. « Notre plus-value est l’accompagnement technique, souligne Nathalie Bonnet, lors d’une table ronde organisée au Salon de l’Agriculture 2025. Nous faisons des projets sur-mesure selon les objectifs de l’agriculteur. » Les motivations à se lancer dans l’agroforesterie sont variées, constate-t-elle : de l’amélioration de la biodiversité, à la production de fruits, en passant par la réduction de l’érosion ou la valorisation en bois d’œuvre.

Jean-Christophe Sailly fait partie des agriculteurs accompagnés par la fondation. Producteur de grandes cultures dans le Pas-de-Calais, il a toujours aimé les arbres et comme son père avant lui, en implante régulièrement. Il n’a pas attendu le soutien de partenaires pour se lancer dans l’agroforesterie. Mais il apprécie le projet de Nestlé avec Earthworm qui lui permet de « rêver à grande échelle » en implantant davantage d’arbres depuis deux ans.

Travaillant en agriculture conventionnelle, Jean-Christophe Sailly se dit très attaché à la biodiversité. « C’est tellement agréable de voir son exploitation vivante qui évolue dans le temps. On a des zones refuges où on observe des insectes, des oiseaux. Bien sûr, cela ne doit pas trop impacter la production. » Or remarque-t-il aussi, « cela peut être compliqué les premières années du fait d’un peu de salissement en bordure ». Et « il y a de l’entretien à réaliser dix ou quinze ans après l’implantation ». Mais les avantages prennent le dessus. « Un trop d’eau ou de la sécheresse, c’est lors d’aléas climatiques importants qu’on voit les bénéfices », témoigne-t-il.

L’expertise progresse

Si les adeptes de l’agroforesterie vantent les mérites de cette pratique sur la biodiversité et sur les productions agricoles, la pratique est encore peu répandue. Elle soulève notamment de nombreuses questions, d’ordre théoriques comme pratiques. Mais les connaissances progressent grâce à la recherche, aux techniciens ou aux agriculteurs, et aux nouveaux projets qui voient le jour.

« Le plan haies est formidable pour mettre le pied à l’étrier. Mais une fois que l’arbre nous est offert, comment je l’implante ? Comment je l’entretiens ? », questionne Audrey Bourolleau, fondatrice de la ferme pédagogique Hectar. Pour accélérer la dynamique et « faire sauter les verrous », l’entrepreneuse a eu l’idée d’« une plateforme d’expertise où sont mis en avant des agriculteurs à succès qui deviennent des super coachs », en plus de techniciens de l’agroforesterie.

Par ailleurs, l’Inrae, Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, a « équipé de capteurs six parcelles en agroforesterie ». Ce dispositif financé dans le Grand Est par l’Office français de la biodiversité « permettra de voir les effets de l’agroforesterie sur le microclimat », explique Nicolas Marron, de l’Institut de recherche.

Une école française d’agroforesterie se met également en place afin de « faire progresser les compétences », souligne le fondateur Fabien Balaguer, soutenu dans ce projet par Nestlé. « La formation d’un an en un tour de France permet d’expérimenter des pédagogies nouvelles, avec un tiers de théorie, un tiers de pratique et un tiers de mise en situation ».

Pour Nathalie Bonnet, de l’entreprise Purina, « l’un des enjeux est de créer une valorisation économique sur le long terme pour que tous les agriculteurs aient envie de planter ». Ce qui nécessite une logique territoriale globale selon elle. « Le rêve serait d’étendre ses initiatives à d’autres potentiels acheteurs du territoire, à des Agences de l’eau, des chasseurs, des collectivités… On les appelle à travailler ensemble, à partager nos enjeux, lance-t-elle. On a tous intérêt à revoir des arbres et des haies. »

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