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Planter des haies en collectif

Planter à plusieurs est plus motivant et efficace, estiment les agriculteurs de la plaine de Saulce. De gauche à droite, Benjamin Vecten, Anicet Bretagne et Patrick Salamolard (Emilien Horton absent).

Quatre exploitations de grandes cultures de l’Yonne, dont celle de Benjamin Vecten, ont implanté ensemble 4 kilomètres de haies.

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Installé depuis 2020 sur le versant sud du plateau de Bourgogne, Benjamin Vecten a repris la ferme familiale : 330 ha morcelés à potentiel faible à moyen dont 25 % de cultures de printemps. Conduite en semis direct, l’exploitation est adhérente à un groupe Dephy. « Après avoir remis de la vie dans nos sols, je désirais travailler à une vision plus paysagère et à la parcelle », explique Benjamin Vecten.

Un an après avoir implanté une quarantaine d’arbres isolés (perchoirs, nichoirs), il a planté au début de 2023 un kilomètre de haies. C’est un premier pas. L’objectif à terme est d’avoir des parcelles de 10 ha entourés de haies, favorables à la biodiversité. « Les carabes se déplacent de 100 m », pointe l’agriculteur de la plaine de Saulce impliqué dans la démarche R2D2 (1).

Le chantier a été réfléchi et réalisé avec trois exploitations voisines qui partagent des objectifs communs. « Nous souhaitons favoriser les zones refuges favorables au petit gibier et aux auxiliaires ainsi que les corridors écologiques, en reliant les bosquets et les îlots de verdure entre le plateau et la vallée. Nous espérons aussi à terme avoir un effet coupe-vent et conserver l’humidité au champ. »

Planter à plusieurs est plus motivant. « L’aménagement paysager est plus rapide et plus efficace. » Après la préparation du terrain (un coup de sous-soleuse, un labour sur 3 à 4 m de largeur, un passage de herse rotative), la plantation a été faite manuellement avec le pépiniériste et son équipe (deux ou trois jours de travail par exploitation). Benjamin a planté les arbres en racine nue, les voisins en godets.

Le paillage, indispensable pendant deux ou trois ans compte tenu des étés secs, a été réalisé avec une machine d’occasion. « A l’avenir pour entretenir et tailler les haies, peut-être choisirons nous d’investir dans un équipement en commun. Nous avons déjà du matériel en Cuma. »

Investissement couvert à 100 %

Comme ses voisins, Benjamin a planté des doubles haies pour accroître la biodiversité. Celles-ci se composent de jets de différentes tailles (hautes, moyennes, petites). « Le CNPF, Centre national de la propriété forestière, a été notre principal interlocuteur, précise le céréalier. Il nous a aidés à identifier les lieux de plantation, à coordonner les projets et à choisir les essences (extrêmement variées). Les haies ont été implantées là où nous sommes propriétaires. Nous avons veillé à ce qu’elles ne gênent pas le passage des machines (pulvérisateur en particulier). »

Près de cinq ans de réflexion, ainsi qu’un gros dossier administratif (un par exploitation), ont été nécessaires. Le coût d’investissement s’est établi à 25 000 € par km. À l’époque, les chantiers de plantation étaient subventionnés à 100 % par la Région et le département.

Dans un souci de pédagogie, deux chantiers participatifs ont été organisés avec une classe de 4e Pro forestier-paysager du lycée de Labrosse d’Auxerre et avec 60 écoliers de la commune.

(1) R2D2 : Restauration de la régulation naturelle et augmentation de la Robustesse des systèmes de culture pour une réduction durable de la dépendance aux insecticides.

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