Le biocontrôle montre des limites dans les vergers de pêchers
L’AOP Pêches et abricots de France expérimente de nouvelles pratiques avec des arboriculteurs, de la production jusqu’à la commercialisation.
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Depuis 2021, l’AOP Pêches et abricots de France teste des itinéraires sur pêche et nectarine avec uniquement des produits de biocontrôle après le stade petits fruits. « Nous voulons voir jusqu’où il est possible de réduire les IFT et les résidus, en partenariat avec des enseignes souhaitant mettre en avant des fruits produits en agroécologie », explique Muriel Millan, responsable technique de cette association d’organisations de producteurs.
Sept arboriculteurs des Pyrénées-Orientales, du Gard, des Bouches-du-Rhône et de la Drôme engagés aux côtés de l’AOP ont mis à disposition une parcelle d’un hectare, conduite pour moitié en agroécologie et pour moitié suivant leur itinéraire habituel. L’AOP et la station Sudexpé du Gard ont assuré le suivi technique et relevé les résultats agronomiques et commerciaux.
Des impasses techniques
« Dès 2021, nous avons constaté que les produits de biocontrôle ne suffisent pas à maîtriser les monilioses dès lors que la pression devient forte », note Muriel Millan. Dans deux parcelles, le rendement a décroché. Dans la plus touchée, plantée avec une variété tardive sensible à ces maladies de conservation, il a chuté de 60 % par rapport au témoin. Dans d’autres avec une pression moindre, le rendement s’est maintenu mais avec plus de catégorie II et d’écarts de tri, ce qui a réduit le chiffre d’affaires de 10 %.
Des itinéraires alternatifs se sont par contre révélés efficaces contre l’oïdium. Les pucerons, quant à eux, ont pu être contrôlés avant le stade petits fruits. Et en intervenant tôt pour piéger massivement la cératite, la pression a été réduite et les traitements aussi. « La première année, nous avons ainsi diminué les IFT hors biocontrôle de 44 %, avec une forte baisse des résidus dans les fruits, voire une absence dans trois des parcelles », détaille-t-elle. L’année suivante, la réduction de l’IFT n’a été que de 37 % et la baisse des résidus, un peu moins marquée.
Les enseignes, qui ont suivi ces essais, se sont rendu compte qu’il n’était pas envisageable de supprimer les traitements conventionnels contre les monilioses sur pêcher, car les risques sont trop élevés. En revanche, il est possible de réduire les résidus. Mais cela entraîne un surcoût car les produits de biocontrôle, plus chers, doivent aussi être appliqués plus souvent. « En fonction des parcelles, ce surcoût a varié entre 126 et 643 €/ha en 2021 », précise-t-elle.
En 2023, cet observatoire a également permis de tester des itinéraires sans zirame, une matière active utilisée contre la cloque et mise sur la liste noire à ne pas utiliser par une enseigne. « Il y a des alternatives qui marchent, mais avec un surcoût chiffré à 90 €/ha. Nous avons aussi testé des alternatives sans Movento, un antipuceron qui devrait être retiré en 2025. Là, c’est une vraie impasse technique ! ».
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