Login

Pouvoir d’achat Joe Biden parie sur l’éthanol pour réduire le prix du carburant

Face à une inflation record et afin de faire baisser les prix à la pompe, le président américain Joe Biden a annoncé le mardi 12 avril 2022 la levée de restrictions visant le E15, carburant qui incorpore 15 % d’éthanol, ainsi que des investissements dans les biocarburants.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Joe Biden a annoncé le 12 avril 2022, depuis l’État rural de l’Iowa, que l’Agence pour la protection de l’environnement (EPA) allait lever en urgence une restriction interdisant que l’E15 soit vendu entre le 1er juin et le 15 septembre. Cette contrainte a initialement été mise en place face aux inquiétudes concernant la pollution de l’air.

 

Une économie à la pompe

Selon la Maison Blanche, aux prix en vigueur aujourd’hui, l’E15 peut permettre en moyenne une économie de 10 cents de dollar par gallon d’essence (4,5 litres). Le E15, ce carburant contenant 15 % d’éthanol, n’est toutefois distribué que dans trente États sur cinquante, par 2 300 stations-service.

 

Ces décisions sont loin de ravir les experts qui ont étudié l’impact de l’éthanol sur l’environnement. « Le bilan carbone de l’éthanol comparativement à l’essence n’est pas aussi bon qu’on le pensait à l’origine », a expliqué à l’AFP Tyler Lark, scientifique à l’université Wisconsin-Madison.

Davantage de maïs en culture

En 2005, le « Renewable Fuel Standard » a instauré qu’un volume de plus en plus important de biocarburant destiné au transport soit vendu aux États-Unis. Une loi encore étendue en 2007. Résultat : 2,8 millions d’hectares supplémentaires de maïs ont été cultivés entre 2008 et 2016, selon une étude publiée en février dans la revue PNAS.

 

Selon Tyler Lark, les conséquences liées à la conversion de surfaces en maïs ont à l’époque été sous-estimées. « En faisant cela, vous labourez des terres qui pouvaient emprisonner du dioxyde de carbone », relâché dans l’atmosphère. Et, une partie des engrais utilisés pour le maïs émet du protoxyde d’azote (N2O), un gaz à effet de serre très puissant.

 

Ainsi, les émissions de gaz à effet de serre liées à l’essence ou à l’éthanol sont finalement comparables, concluent les scientifiques dans leur étude. Autres conséquences listées par les experts du développement de ces cultures : la pollution de l’eau par les engrais, ou encore la destruction d’habitats sauvages.

Pollution estivale

Une fois dans le réservoir, le bioéthanol émet moins de dioxyde de carbone (CO2) au litre que les carburants traditionnels, mais il est nécessaire en plus grande quantité. « Il produit [également] de l’acétaldéhyde et du formaldéhyde, qui sont cancérigènes, et deux des cinq plus gros producteurs d’ozone lors de brouillards photochimiques », ayant principalement lieu en ville l’été, explique à l’AFP Mark Jacobson, professeur à l’université de Stanford.

 

« Et l’ozone représente un danger important pour la santé, causant des problèmes dans les bronches, des maladies respiratoires, de l’asthme », énumère-t-il. L’éthanol est « mauvais à la fois pour le climat et pour la pollution de l’air, et dépenser de l’argent pour lui c’est en retirer aux véritables solutions », comme la voiture électrique, conclut Mark Jacobson.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement