Le bien-être, argument de campagne Le bien-être, argument de campagne
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Après la transition agroécologique et l’interdiction du glyphosate, le gouvernement a lancé une nouvelle démarche « irréversible », comme aime à les qualifier Didier Guillaume : un plan en faveur du bien-être animal. Voilà plusieurs mois que les éleveurs attendaient de savoir ce que le ministre couvait, et à quelle sauce ils seraient mangés. Ils n’en savent guère plus aujourd’hui. Le 28 janvier 2020, Didier Guillaume n’a fait qu’officialiser des mesures qu’il annonçait depuis plusieurs mois, telles que la fin de la castration à vif des porcelets ou du broyage des poussins mâles d’ici à la fin de 2021.
Pourquoi ouvrir ce chantier après celui des produits phytosanitaires et des zones de non-traitement ? Parce que « la situation de la France commence à choquer beaucoup nos concitoyens », a justifié le ministre face à Jean-Jacques Bourdin sur le plateau de BFM RMC. Et à un mois et demi des élections municipales, autant donner des gages de bonne volonté aux citoyens. N’oublions pas que lors du dernier scrutin, celui des élections européennes, Europe écologie Les Verts est arrivé juste derrière le parti présidentiel, et que le parti animaliste a recueilli près de 2,2 % des voix. Celui qui était encore candidat à la mairie de Biarritz lorsqu’il a dévoilé ses quinze mesures pour le bien-être animal, ne l’a pas perdu de vue.
Son discours n’a pas convaincu les associations de défense des animaux. Toutes dénoncent un manque d’ambition. Faut-il s’en réjouir ? Non, car elles vont continuer leur combat qui, pour les plus radicales comme L214, n’a qu’un objectif : faire interdire l’élevage. Ce serait aussi oublier que Didier Guillaume n’entend pas se limiter à la castration des porcelets ou au broyage des poussins. Il veut aller vers l’interdiction de toutes pratiques douloureuses et imposer un référent bien-être animal dans chaque élevage.
Autant dire que les éleveurs ne sont qu’au début d’une liste de contraintes supplémentaires, ainsi que leurs filières. Pourront-ils le supporter ? L’avenir nous le dira. Évidemment, personne ne conteste que la castration à vif des porcelets est douloureuse, ou qu’il faut cesser de broyer des poussins s’il existe une alternative adaptée. Mais il serait bon de ne pas perdre de vue l’impact économique de ces mesures, surtout si elles sont franco-françaises.
Le ministre peut se donner bonne conscience en disant que « l’amélioration du bien-être animal doit tenir compte de la réalité économique », ou en soutenant la proposition allemande en faveur d’un étiquetage selon le mode de production. L’étiquette peut être la même dans tous les États membres, sans garantir pour autant que les animaux sont élevés de la même façon. Il faudra que quelqu’un le lui rappelle régulièrement. À moins que, d’ici là, il soit appelé à d’autres fonctions, en guise de remerciement pour avoir renoncé à la mairie de Biarritz…
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