Bien-être animal Une préoccupation qui monte, qui monte !
Coop de France a organisé pendant le Space une conférence sur la consommation éthique de viande, d’œufs et de lait. Les Français se disent prêts à payer un peu plus cher pour toujours plus de bien-être animal. Mais agriculteurs et distributeurs se demandent jusqu’où ne pas aller trop loin, portefeuille oblige.
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: les Européens et, en particulier, ceux du nord de l’Europe demandent toujours plus de bien-être animal. La quasi-totalité des Français estiment important de protéger ce bien-être. Et les trois quarts aimeraient avoir davantage d’information, une exigence en progression de 9 points depuis 2006.
La moitié des Français
La moitié des Français demandent davantage de choix éthiques dans les supermarchés et une information plus développée sur ce sujet. Les trois quarts se disent prêts à payer plus cher : 40 % jusqu’à 5 % de plus et 20 % entre 6 à 10 %. Pourtant au niveau européen, en particulier en Europe du Sud et de l’Est à l’exception notable de l’Italie, le prix reste le critère premier d’achat. Une tendance que souligne avec force Philippe Goetzmann, d’Auchan : « Cette demande reflète le PIB (produit intérieur brut) par habitant. Elle existe là où la demande est déjà saturée. Mais dans les pays de l’Est où nous sommes très implantés, c’est quasi de l’ordre du luxe. »
Yves-Marie Beaudet, producteurs d’œufs en cages et en plein air et président de la section en charge des œufs au sein des groupements de producteurs de la Bretagne, rappelle qu’en France on produit 68 % d’œufs en cages aménagées. « Monoprix a jeté le discrédit sur les œufs portant le code 3, produits en cages, lance-t-il. La Grande-Bretagne est revenue en arrière sur ce sujet car tout le monde ne peut pas se payer des œufs de poules en plein air. »
Selon le producteur, la moitié des œufs en grande distribution sont produits en cages aménagées (70 % il y a quelques années). Ce pourcentage grimpe à 80 % dans la biscuiterie. Les aviculteurs ont investi 1 milliard d’euros pour mettre les cages aux normes avant 2012. « En 2012, l’investissement s’élevait entre 15 et 20 € par poule. Si on passe au tout plein air, il faudra 20 000 hectares de parcours et un investissement de 30 à 35 € par poule. Attention au virage trop rapide », prévient-il.
Une demande du nord de l’Europe
Christine Roguet, chef de projet au pôle économique de l’Ifip (Institut du porc) qui a étudié les systèmes allemands, néerlandais et danois, incite cependant à la vigilance. « Dans ces pays qui ont de fortes et anciennes associations de défense animale, le débat est virulent. Communiquer sur les formes modernes de l’élevage ne suffit plus. Ils ont fait bouger les pratiques et pousser à la mise au point des labels qui attestent de l’augmentation du bien-être. »
« En Allemagne, les filières ont donné des encouragements financiers aux éleveurs qui adoptaient des règles supplémentaires de bien-être, sans le marquer sur l’emballage, sans différentiel de prix, souligne Christine Roguet. Ce financement est prélevé par les distributeurs, 4 centimes en porc par exemple, sur tout kilo de viande vendu dans le pays. Ces efforts volontaires concernent un tiers des élevages de chair, un quart des dindes et 8 % de la viande de porc. N’en doutons pas : ces pays, tôt ou tard, pousseront Bruxelles à imposer à toute l’Union européenne des règles toujours plus strictes. »
Une demande très diversifiée
Philippe Goetzmann revient sur ses marchés : « Les frontières pour notre activité n’existent plus. On sert des clients avec une demande très diversifiée à satisfaire. L’iPhone est en train de changer le marketing. Ce n’est plus l’image d’une marque que l’on va vendre mais la réalité derrière cette image, la sincérité. Il ne s’agit de dire que l’animal a été bien traité mais de le montrer. Ce qui est caché devient suspect. » Yves-Marie Beaudet, quant à lui, conclut : « En plein air, les poules sont dehors 25 % du temps seulement entre la nuit, les intempéries… Nous veillons aux règles de bien-être animal dans tous les systèmes, à la qualité sanitaire de nos produits. Malgré le tapage, ce n’est pas la fin des poules en cages. »
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