Antipucerons, fongicides Deux projets prometteurs de biocontrôle sur grandes cultures
La recherche avance sur de nouvelles solutions de biocontrôle en grandes cultures. De nouvelles offres, pour l’heure freinées par des verrous technologiques, pourraient voir le jour d’ici à quelques années.
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À l’occasion d’un colloque Ecophyto le 7 octobre 2021, deux projets prometteurs de recherche de solutions de biocontrôle pour les grandes cultures ont été présentés.
Extraits de plantes antipucerons
Le projet DicaBio (1) a eu pour objectif d’avancer sur le développement de biopesticides à effet aphicide issus de végétaux : les acides dicaféoylquiniques (diCQ) et dicaféoyltartriques (diCT). Leur intérêt a été confirmé, et ce sont « deux très bons candidats » pour la lutte contre les pucerons, y compris certains ayant développé des résistances aux insecticides de synthèse, estime Myriam Siegwart, ingénieure d’étude à l’Inrae. Ils pourraient être utiles, par exemple, pour la lutte contre la virose des betteraves ou sur les cultures de colza.
Il reste encore à développer une formulation de nouvelle génération pour permettre aux molécules de pénétrer dans les feuilles des végétaux. En effet, les recherches ont montré que ces molécules ne sont efficaces que dans le cas où elles sont ingérées par les pucerons. C’est l’un des principaux verrous techniques identifiés. « Il n’est pas envisageable que ces molécules soient commercialisables avant 5 à 6 ans », précise Myriam Siegwart.
Les deux acides ont également un potentiel fongicide, notamment contre le mildiou.
Des lipopeptides antifongiques
Le projet Lipocontrôle (2) a, quant à lui, porté sur la lutte contre les maladies fongiques via des lipopeptides extraits de cultures de bactériesPseudomonas. De nombreuses molécules de cette famille ont été identifiées, et sont efficaces contre une large gamme de pathogènes, notamment ceux responsables du sclérotinia, du mildiou sur pomme de terre et tomate, de l’oïdium du blé et de la tomate. Six souches ont particulièrement été retenues pour leur activité, et pour leur aptitude à la production de masse (facilité de culture en milieu simple et de purification).
« Nous avons l’espoir que ces lipopeptides peuvent à terme être de nouvelles matières actives de nouveaux produits de biocontrôle dans la catégorie des substances naturelles », indique Philippe Jacques, professeur à l’Université de Liège.
L’efficacité des souches sélectionnées a été testée en laboratoire. La prochaine étape sera la validation de ces lipopeptides aux champs. Les procédés de production et d’extraction à grande échelle doivent également être développés. Il s’agit d’un important verrou technologique, car ces molécules sont produites en faibles quantités par les bactéries.
(1) 2016-2020, avec les partenaires suivants : Inrae Paca Avignon et SBM Développement.
(2) 2015-2020, avec les partenaires suivants : Université de Lille, Inrae, Junia, ULCO et Lipofabrik.
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