Tester l’impact du stress hydrique sur le lin
Alors que l’impact du changement climatique commence à se faire sentir, Arvalis a conduit des essais pour étudier le comportement de différents profils variétaux de lin fibre.
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La zone de culture du lin fibre, qui s’étend du Calvados au nord des Hauts-de-France, devrait être moins impactée que d’autre secteur par le changement climatique. Cependant, les températures moyennes devraient aussi augmenter sur cette zone et il se profile des printemps et des étés de plus en plus secs au moment où le lin a besoin d’eau pour pousser et rouir.
« Alors que le Sud-Ouest est au pied du mur et envisage des modèles de rupture, nous pouvons encore prévoir des modèles d’adaptation pour la culture du lin », estime Jean-Pierre Cohan, chef du service de l'adaptation des cultures aux agroclimats chez Arvalis. Selon lui, « la précocification du cycle du lin de printemps est une stratégie dont on ne peut se passer à court terme. Mais elle aura ses limites à plus long terme. Le passage en lin d’hiver aussi. Il faudra les combiner avec le développement de variétés plus tolérantes aux stress thermiques et hydriques. »
Deux types d’essais
Pour la première fois en 2023, Arvalis a mis en place un dispositif consacré au lin fibre sur la plateforme Phénofield. Installée depuis 2015 à Ouzouer-le-Marché (Loir-et-Cher), elle permet d’étudier les mécanismes de réponse des profils variétaux au stress hydrique grâce à ses toits roulants. Deux modalités d’alimentation en eau ont été testées, l’une bien alimentée à l’ETM (évapotranspiration maximale), l’autre sous contrainte hydrique, à 50 % d’ETM.
Un essai de variétés visait à repérer celles qui auraient un meilleur comportement en situation de stress hydrique. « L’alimentation en eau n’a pas eu d’effet sur la date de début de floraison, souligne Isabelle Chaillet, ingénieure en évaluation des variétés de lin textile. Mais la maturité a été plus précoce pour la conduite stressée, avec 4 points d’écart en moyenne sur une échelle de 0 à 10. »
Le rendement vert non battu « séché » (à 0 % d’humidité) est supérieur pour le lin conduit à l’ETM par rapport à celui conduit à 50 % ETM (5,5 t/ha contre 3 t/ha). Parmi les 23 variétés testées, Aretha et Elixir sont pénalisées en situation de stress hydrique tandis que Damara s’en sort plutôt bien. Mais aucune variété miracle ne se détache. L’étude de toutes les données des capteurs reste à terminer.
Un autre essai avait pour but de mieux comprendre les processus physiologiques. « L’objectif est de disposer de références pour la construction d’un modèle de culture affecté au lin fibre », détaille Florent Chlebowski, ingénieur écophysiologiste. De nombreuses variables (densité de levée, biomasse des pailles et richesse en fibre, rendement, teneur en azote…) ont été mesurées, pour deux variétés (Aretha et Vivea), avec et sans stress hydrique, avec et sans apport d’azote. Résultats : le stress hydrique pénalise la biomasse, le rendement en fibre totale et en graines.
Un nouvel essai doit être mis en place à l’avenir pour approfondir l’impact sur les composantes du rendement, en appliquant le stress à des périodes clefs, de la levée à 10 cm (nombre de fibres), de 10 cm à floraison (élongation des fibres), de floraison à maturité (remplissage des fibres). Les tests sur l’azote ont, quant à eux, moins répondu.
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