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Port de Dunkerque : les agriculteurs s’opposent aux compensations écologiques

Le port ambitionne de se développer et a besoin pour cela de nouveaux terrains.

Les producteurs refusent que 1500 hectares de terres agricoles soient rendues à la nature pour compenser l’agrandissement en cours du Grand Port maritime. Ils attendent des réponses du gouvernement.

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Dans le Nord, les agriculteurs sont vent debout contre les compensations écologiques prévues par la loi dans le cadre de l’agrandissement du Grand Port maritime de Dunkerque. Situé sur l’une des routes maritimes les plus fréquentées au monde, le port ambitionne de se développer et a besoin pour cela de construire de nouveaux équipements.

Mais ces projets nécessitent d’être compensés au niveau environnemental.  « Ce développement économique est louable mais compte tenu de l’évolution des textes nationaux, il faut compenser l’intégralité des nouvelles constructions sur des terres agricoles qui n’appartiennent pas au port, tempête Denis Bollengier, coprésident de l’Union agricole de Dunkerque (Fdsea).

« Un non-sens »

Au total, 1500 hectares de terres agricoles seraient impactés d’ici à deux ou trois ans, selon les agriculteurs. Cette surface s’ajoute aux 3000 ha cultivés, dont le port est propriétaire depuis les années 1970, qui vont disparaître pour laisser la place aux nouvelles infrastructures. « Ce qui appartient au port, on savait que ça allait disparaître un jour mais pour le reste, c’est un non-sens », estime le responsable syndical.

Forte pression foncière

« Nous sommes dans un secteur où beaucoup de jeunes veulent s’installer, avec une pression foncière énorme, poursuit-il. Comme l’économie de ces entreprises va profiter à toute la France, voire à l’Europe, pourquoi ce seraient les agriculteurs dans un rayon de 20-30 km autour du Dunkerquois qui paieraient l’addition ? L’impact foncier va se faire sentir sur l’ensemble de ce territoire. »

La loi prévoit en effet que ces compensations soient réalisées à proximité du site endommagé.

Additionnalité des mesures

Les pouvoirs publics leur ont proposés de faire de l’agriculture biologique sur les surfaces concernées. « Le marché est déjà complètement saturé, on ne peut pas emmener les agriculteurs dans le mur », clame Denis Bollengier.

Il demande une additionnalité des mesures : « Il existe des centaines d’hectares de dunes par exemple qui appartiennent au conservatoire du littoral et qu’on pourrait protéger un peu plus. Le département est d’accord là-dessus. »  Les agriculteurs concernés ont rencontré la Communauté urbaine de Dunkerque et elle aurait, selon le responsable syndical, « trouver 150 ha de zones délaissées qui pourraient déjà compenser ».

Actions « coup de poing »

La profession agricole a déjà organisé trois actions coup de poing avec la Dreal (direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) et pris des rendez-vous avec des députés et sénateurs. 

Les Unions agricoles de Dunkerque, Hazebrouck et les JA Flandres s’étaient mobilisés le 19 février 2024 en parcourant en tracteur le territoire du Grand Port maritime, pour dénoncer « la double peine » des compensations et « pousser l’Etat à prendre ses responsabilités. » Le sujet devrait être abordé lors du congrès de la FNSEA qui a lieu ces 27 et 28 mars 2024, à Dunkerque justement.

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