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Anti-viande L’élevage harcelé

Intrusions dans les élevages, attaques de boucheries, incendie d’un abattoir… Les militants anti-viande se déchaînent. Dans ce climatultra-tendu, les politiques se font bien discrets.

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Ils ne sont que quelques centaines d’extrémistes, mais ils ont bel et bien réussi un hold-up médiatique. Le message antispéciste, selon lequel toutes les espèces se valent - les animaux au même titre que l’homme -, s’est étalé sur internet et dans les journaux, avant de s’écrire en lettres de (faux) sang sur les vitrines des bouchers. En diffusant des images chocs d’animaux soi-disant maltraités en élevage, et en jouant sur la fibre émotionnelle, l’association L214 a réussi à capter une audience massive, aidée complaisamment par des ambassadeurs du show-biz. Plus violentes dans leurs actes et dans leurs propos, d’autres associations anti-viande se sont déchaînées à l’encontre de la filière. Le 26 septembre, pour la troisième année consécutive, le collectif « 269 Libération animale » organisait les « Nuits debout devant les abattoirs » sur cinq sites en France. Les militants antispécistes singeaient des veillées mortuaires pour dénoncer « l’holocauste des animaux ». Face à eux, à chaque fois, des contre-manifestations d’éleveurs, sous l’œil des forces de l’ordre. Mais plus inquiétant que ces simulacres est le message de ces groupuscules, qui appellent à « l’action directe » et à la désobéissance civile.Aussi extrémiste, « Boucherie abolition » n’hésite pas à utiliser le vocabulaire le plus indécent et injurieux : « zoocriminel », « pédophagie industrielle »… Leur objectif : se battre contre toute forme d’élevage, sans exception.

Les provocations se sont poursuivies tout au long de l’année, avec notamment le caillassage des vitrines de bouchers et charcutiers, un peu partout sur le territoire, signées par l’inscription « Stop au spécisme ». Un sommet semblait atteint dans la nuit du 27 au 28 septembre, avec l’incendie criminel qui a détruit la moitié de l’abattoir Gesler, à Hotonnes (Ain). Résultat, pas de blessés, mais quatre-vingts ouvriers au chômage technique, et la filière élevage profondément choquée.

Riposte à l’unisson

« Il s’agit d’un terrorisme alimentaire commis au nom d’une idéologie extrémiste », déplorait Myriam Gesler, DG de l’abattoir. Les interprofessions Interbev et Inaporc ont aussitôt interpellé le président de la République : « Sommes-nous en guerre civile ? Cela ne peut plus durer. » Fait suffisamment rare pour être souligné, la Confédération paysanne, la Coordination rurale, la FNSEA, JA, et le Modef ont condamné d’une seule voix cet incendie : « Un pas supplémentaire a été franchi la nuit dernière dans la stigmatisation des éleveurs. Ces derniers n’en peuvent plus de ces attaques répétées contre leur métier. » Sur le terrain la tension est palpable, avivée par un sentiment d’injustice et d’abandon par les pouvoirs publics.

Mais ce n’était pas fini : début novembre c’était au tour de « 269 Life France » de lancer les « Journées du sang versé » pour dégouter les consommateurs et déstabiliser la filière. Et ce, en toute impunité. « Il est inadmissible d’être les victimes silencieuses du fanatisme d’une minorité, qui […] se situerait au-dessus des lois », s’est insurgée la FNSEA.

Enfin, Greenpeace a ajouté le 27 novembre sa goutte d’eau dans une coupe déjà pleine, en publiant une carte (en partie erronée) et les coordonnées de 4 400 élevages soumis à autorisation (ICPE), qu’elle assimile à des « fermes-usines ». Face au tollé de la profession contre la violence de cette « délation publique », l’ONG a retiré les noms. Mais le mal est fait. Il faudra de l’endurance et de la pédagogie aux éleveurs pour redorer leur blason attaqué.

Sophie Bergot

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