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Condition animale Le député Dombreval veut aller encore plus loin

© M.-G. Miossec/GFA

Président du groupe « condition animale » à l’Assemblée nationale, Loïc Dombreval attise la réflexion pour pousser le gouvernement à améliorer la condition animale.

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« L’épanouissement humain et le bien-être animal sont étroitement liés, un bien-être animal qui place la perception de l’animal au cœur du traitement que l’homme lui réserve », estime Loïc Dombreval, vétérinaire, député de la République en marche et président du groupe en charge de la condition animale à l’Assemblée nationale (40 adhérents).

Pas question pour lui de laisser dire que s’occuper du bien-être des animaux, c’est délaisser celui des hommes. Il s’exprimait lors du lancement de son colloque organisé dans des locaux de l’Assemblée nationale le 7 novembre. Colloque qui posait la question : « Bien-être animal et bien-être humain, un seul bien-être ? » Et qui a fait salle comble.

« C’est dans l’air du temps »

Pas de suspens : la réponse à cette question était oui. « C’est dans l’air du temps », a estimé Cédric Villani (LREM), mathématicien de renom et lui-même député, en ouverture des interventions.

Le très médiatique et néanmoins philosophe, Frédéric Lenoir a jugé à son tour « que le débat est en train de franchir le pas décisif de l’élargissement de la morale à tous les êtres vivants ». Sans aller aussi loin, la représentante de l’Anses (agence nationale sanitaire), tout comme le directeur honoraire de l’Office international contre les épizooties (OIE), ont indiqué que le bien-être animal et la biodiversité sont connectés au bien-être de l’homme. Et se sont retrouvés sur le concept anglo-saxon de « one welfare », un seul bien-être.

Où ces débats qui font salle comble vont-ils mener le président du groupe qui traite de la « condition animale » ? Dans un appel « Politisons la condition animale » signé par 85 députés et publié dans le Journal du dimanche, il rappelait déjà en octobre que « le bien-être lie la condition animale, la condition humaine et la protection de l’environnement ».

Dans un entretien accordé à La France Agricole faisant suite au colloque de vendredi dernier, il précise : « Le progrès humain est lié à la considération pour les animaux. Je ne me focalise pas sur les seuls animaux de rente. Il y a aussi les animaux qui servent aux expériences, les animaux de compagnie ou encore les animaux sauvages en captivité ou en liberté. »

La loi Egalim propose des avancées

Loïc Dombreval estime que la loi Egalim de 2018, contrairement aux dires des associations de protection animale, propose des avancées. « Nous avons étendu le délit de maltraitance et doubler les peines et les amendes, offert aux associations la possibilité de se porter partie civile en cas de mauvais traitements sur les animaux, ouvert la voie à l’expérimentation de la vidéo en abattoir... »

Revers de la médaille : ces mesures contenues dans l’article 13 de la loi empêcheront sans doute d’ouvrir rapidement un autre chantier législatif sur la condition animale. « Mais il faut exploiter activement les résultats des expérimentations des vidéos. Nous devons nous donner les moyens d’aboutir vite au sexage des poussins dans l’œuf. La législation en matière de transport d’animaux vivants doit être appliquée dans sa rigueur. Il faudra peut-être alourdir les amendes. Du côté des abattoirs, la question se pose : y a-t-il assez d’inspecteurs, au bon endroit, avec les bonnes missions ? La présence en bouverie et au poste d’abattage est primordiale. Enfin, il faut améliorer la qualité de vie en élevage industriel et bien veiller à ce que les engagements pris dans les plans de chaque filière soient tenus. La souffrance animale doit baisser. Nos concurrents ne sont pas les Chinois. Nous devons aller vers de la haute qualité. »

« Ce serait une erreur pour l’élevage de ne pas avancer »

Il se défend de toute radicalité : « Je suis délibérément contre toute violence. » Sa position d’équilibriste amène souvent des malentendus. « J’ai une position équilibrée, sensible aux arguments techniques et scientifiques sur les animaux mais aussi aux attentes de nos citoyens. Même si le nombre d’abattoirs dénoncés dans des vidéos n’est pas élevé, le retentissement est immense. Je connais la difficulté de concilier les impératifs économiques dans les exploitations et les attentes de la société sur le bien-être animal. Mais ce serait une erreur pour l’élevage de ne pas avancer alors que d’autres pays européens le font. »

Loïc Dombreval espère que les programmes pour les prochaines élections européennes traiteront de la condition animale. Il veut aussi avancer sur l’interdiction de l’utilisation des animaux dans les cirques et delphinariums : « Le Portugal vient d’interdire les spectacles avec des animaux sauvages. » Sa position sur le zoo est conciliante tant qu’il y a respect de la législation. Quant au loup, il souhaite une remise à plat de la politique actuelle : « Les écolos hurlent. Les loups hurlent. Les brebis meurent et les éleveurs pleurent. Le tout malgré 40 millions d’aides. Tout est à revoir. »

Un groupe en création au Sénat

Prochaine étape qu’il attend de ses vœux : la création imminente d’un groupe sur la « condition animale au Sénat », sans doute pour le début de décembre. « Nous pourrons alors créer un groupe interparlementaire. » Prochain colloque envisagé qui lui aussi devrait attirer la foule : « le luxe et le bien-être animal. » Au moment où le couturier Jean-Paul Gaultier annonce renoncer à la fourrure (10 novembre 2018), après Gucci, Hugo Boss, Tommy Hilfiger, Burberry… le succès médiatique et people est garanti. Une façon de sensibiliser toujours plus l’opinion pour qu’elle fasse pression sur les élus.

Marie-Gabrielle Miossec

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