Login

Lactalis Des résultats d’analyse positifs n’ont pas été transmis

© Christian Watier

Le directeur général de l’alimentation (DGAL) Patrick Dehaumont a affirmé que Lactalis n’avait pas transmis aux services sanitaires les résultats d’autocontrôles positifs à la salmonelle de son usine de Craon, et ce, depuis plusieurs années.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

« Il y a un décalage entre les éléments donnés au niveau de l’inspection et ce qu’on a pu récupérer comme autocontrôles faisant suite à la crise », a-t-il déclaré lors de son audition par les commissions des affaires économiques et sociales du Sénat, le 13 janvier 2018. En clair, des autocontrôles d’environnement positifs faisant apparaître la salmonelle n’ont pas été transmis (1).

« Au-delà du fait que ça n’ait pas été transmis, ce qui est dommage, c’est qu’il n’y ait pas eu un questionnement au niveau de l’entreprise sur le fait que c’était quand même étonnant de retrouver une salmonella agona à plusieurs reprises au fil des années, alors qu’on l’avait trouvée en 2005 », a-t-il ajouté. Contacté par l’AFP, Lactalis n’a pas réagi dans l’immédiat.

Patrick Dehaumont a également déploré les répercussions de l’affaire Lactalis sur la réputation de la filière laitière française à l’étranger. « L’affaire Lactalis nous pose quelques difficultés. Je pense notamment au marché chinois, puisque les autorités chinoises nous demandent des comptes et c’est bien normal. Parce qu’ils sont très loin, ils aimeraient comprendre ce qui s’est passé en France. Ils ont une grande confiance dans le système français ; là, c’est un peu écorné. »

Plainte pour 12 infractions

Cette information qui devrait alourdir les charges pesant sur l’industriel, alors que l’association de consommateurs Foodwatch a annoncé qu’elle allait déposer une plainte au pôle de santé publique du parquet de Paris pour douze infractions qui vont de la mise sur le marché d’un produit préjudiciable à la santé à l’inexécution d’une procédure de retrait ou de rappel d’un produit, en passant par la tromperie aggravée ou encore l’exportation vers un pays tiers à l’Union européenne d’une denrée alimentaire préjudiciable à la santé.

« Dysfonctionnements et défaillances »

Selon l’association, ces infractions révèlent les « dysfonctionnements et défaillances » de Lactalis, mais aussi de la grande distribution, du laboratoire Eurofins (qui a effectué les tests d’autocontrôles pour Lactalis et qui « avait l’obligation de communiquer aux autorités » tout résultat laissant suspecter un danger sanitaire) et des autorités publiques. Foodwatch estime que les différents acteurs « ont méconnu leurs obligations en matière de prévention des risques sanitaires » mais aussi « dans la gestion particulièrement défaillante » de la crise.

Sept familles se sont associées à cette plainte contre X, et trente autres devraient faire de même jeudi. À ce jour, 50 plaintes ont été enregistrées à la section de santé publique du parquet de Paris, chargé de les centraliser dans le cadre de l’enquête ouverte notamment pour « tromperie aggravée ».

Jusqu’ici, 37 bébés ont été atteints de salmonellose en France, ainsi que deux en Espagne et probablement un autre en Grèce. Une première épidémie en 2005 liée à cette usine avait touché 146 nourrissons. La bactérie en aurait également contaminé 25 autres entre 2006 et 2016, selon l’institut Pasteur.

E.C., d’après l’AFP

(1) En termes administratifs et sanitaires, une salmonelle retrouvée « dans l’environnement » signifie qu’elle pouvait être sur un mur, un parquet ou un outil, mais pas dans l’aliment fabriqué lui-même.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement