Veaux de boucherie Et si la distribution exigeait le plein air ?
La filière du veau de boucherie a déjà consenti à plusieurs évolutions pour satisfaire les demandes sociétales : cases collectives, introduction de fibres dans la ration ou encore réduction des antibiotiques. Mais à la lumière de ce qui s’est récemment passé dans la filière de l’œuf, les professionnels pourraient se retrouver face à des demandes beaucoup plus radicales.
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« Le marché de l’œuf a basculé d’un coup, faisant suite à l’initiative d’un distributeur sur lequel les autres se sont ensuite alignés, constate Marc Butruille, quelques heures après sa réélection à la présidence du Syndicat de la vitellerie française (SDVF), le 5 décembre 2017. Personne ne peut exclure l’hypothèse que demain la distribution exige du veau élevé en plein air. Nous savons que l’élevage hors sol est dans le collimateur. »
Une projection difficile
« Il faut être proactif et non sur la défensive », insiste-t-il. Et de citer les efforts continus des intégrateurs en matière de baisse de la consommation d’antibiotiques, de confort des animaux et l’intégration de fibres dans les rations. « Des évolutions sur lesquelles personne ne reviendrait aujourd’hui », estime-t-il.
Mais en matière de développement de systèmes d’élevage alternatifs, Marc Butruille avoue « marcher sur des œufs. Nous pouvons réfléchir à mettre en place un mode de production un peu différent et une segmentation dans les rayons. » L’intégration n’a pas investi le champ du bio, « car c’est techniquement très complexe ». Le plein air soulève des questions sanitaires : « En bâtiment l’ambiance est contrôlée, nous n’avons aucune idée de ce qui se passerait si on mettait 200 veaux dehors. »
« Le plaisir d’une bonne pièce de viande »
Et comment réagiraient les consommateurs en apprenant que la part des produits laitiers dans l’aliment « d’allaitement » n’est pas réglementée ? Que la matière grasse est essentiellement apportée par l’huile de palme ? « J’ai interrogé des gens à la sortie de la gare de Lyon, à Paris, répond Marc Butruille. Ils ne veulent pas vraiment savoir comment sont élevés les veaux ; ce qu’ils souhaitent, c’est se faire plaisir avec une bonne pièce de viande. »
Jusqu’où informer les consommateurs qui, dans leur majorité, « pensent que les veaux sont élevés avec leur mère dans les prés ? Faut-il tendre le bâton pour se faire battre ou plutôt défendre la qualité du produit fini ? »
Valérie ScarlakensPour accéder à l'ensembles nos offres :