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Suicide « Je marche 540 km pour dénoncer le suicide »

© MYGG SARL

Patrick Maurin est conseiller municipal (sans étiquette) à Marmande, dans le Lot-et-Garonne. À 65 ans, il quittera sa ville le 23 septembre et rejoindra à pied Sainte-Anne-d’Auray, en Bretagne, pour un périple de 540 km. Son objectif : dénoncer le fléau du suicide des agriculteurs, et libérer la parole en organisant des rencontres dans chacune des 22 villes où il fera étape.

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Quel est-ce qui vous a décidé à prendre votre bâton de pèlerin ?

Je veux dénoncer le drame des suicides en agriculture. Ce fléau n’est pas suffisamment relayé dans les médias. Alors je veux le rendre visible par cette marche citoyenne, pour que les choses bougent. L’idée m’est venue en octobre dernier, en assistant au rassemblement organisé par Jacques Jeffredo à Sainte-Anne-d’Auray, dans le Morbihan. Le choc que j’ai ressenti en voyant les 600 croix blanches en hommage aux victimes devant la basilique m’a décidé à m’engager personnellement.

Quel sera votre parcours ?

Je pars le dimanche 23 septembre de Gontaud-de-Nogaret, à une dizaine de kilomètres de Marmande, en hommage à mon ami d’école, agriculteur dans cette commune, qui s’est donné la mort en 2010. Je rejoindrai le rassemblement de Sainte-Anne-d’Auray le 14 octobre. En tout, ce seront 540 km où j’aurais l’occasion de marcher avec des volontaires et d’organiser des rencontres-débats aux étapes du soir. L’agriculture est le seul secteur avec une surmortalité par suicide : c’est intolérable. Les chiffres officiels [150 par an, NDLR] sont sous-estimés. Beaucoup sont maquillés en accidents. Pour ma part, j’estime qu’il y a plus de 600 suicides par an, soit près de deux par jour.

Pensez-vous que la profession s’occupe suffisamment de ce problème ?

Je pense que les syndicats n’en font pas assez, même s’il me semble que la Coordination rurale en parle régulièrement. À mon avis, les causes principales du passage à l’acte sont les difficultés économiques et la pression familiale. Il faut arrêter avec la course aux hectares que l’on observe depuis 30 ans, l’endettement, les prix bas. Les personnes isolées et de plus de 50 ans, à l’écart de la modernisation, sont les plus à risque.

Voyez-vous des solutions pour enrayer le phénomène ? La première chose est de garantir des prix rémunérateurs aux producteurs en surveillant les intermédiaires. Le gouvernement doit s’emparer de cette question pour que les agriculteurs puissent vivre de leur travail.

Propos recueillis par Sophie Bergot

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