Organisations de producteurs bovins Le champ d’action d’Elvea s’élargit
L’application française du règlement européen Omnibus permet aux organisations de producteurs non commerciales (OPNC) de participer à la mise sur le marché des productions de leurs adhérents. Cette nouvelle possibilité passe par un changement de statuts et de fonctionnement.
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« C’est une demande que nous portions depuis longtemps », s’est félicité Philippe Auger, le président d’Elvea France, lors du 29e congrès de l’association, le 7 septembre à Vittel (Vosges). Invitée à clôturer l’événement, Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, a également salué « les possibilités nouvelles » offertes par le règlement omnibus aux OPNC.
« Historiquement nous participions à la structuration des filières et à l’accompagnement technique des éleveurs, retrace Joël Faure, président d’Elvea Périgord. Nous restions sur notre faim car nous ne pouvions pas aller jusqu’au bout des choses. Avec le décret du 27 avril 2018, qui est la mise en œuvre française du règlement omnibus, nous allons pouvoir négocier les prix et les volumes au nom de nos adhérents, sous réserve qu’ils nous en donnent le mandat. Nous pourrons également construire des contrats tripartites. »
Autre assouplissement, les organisations de producteurs pourront se regrouper en associations d’organisation de producteurs (AOP), ce qui n’était jusqu’à maintenant pas autorisé dans la filière de la viande.
Changement de paradigme
« C’est la première fois que les lignes directrices de la politique agricole commune changent fondamentalement, estime Daniel Gremillet, sénateur des Vosges. Au travers du règlement omnibus, l’Europe se désengage de la certitude du prix et des volumes et demande aux paysans de s’organiser pour mieux vendre. »
Cette possibilité donnée aux OPNC d’intervenir plus en aval des filières voit le jour parallèlement aux Etats-généraux de l’alimentation qui incitent, en viande bovine, à davantage de contractualisation et de production en filière qualité. « Donner un plus grand rôle aux organisations de producteurs, c’est leur permettre de travailler davantage à l’organisation de l’offre », explique Bruno Dufayet, le président de la FNB.
Les acheteurs perdent leur droit de vote
Cet élargissement des missions des OPNC va de pair avec un changement de statut et des compromis. Les OPNC deviennent ainsi des organisations de producteurs de mise sur le marché, sans transfert de propriété. « Les acheteurs perdent leur droit de vote au sein des conseils d’administration (CA), détaille Philippe Auger. Les CA ne seront plus constitués que d’éleveurs. Je comprends que ce soit frustrant, mais en définitive, ça ne changera pas grand-chose pour eux, ils seront toujours incontournables. »
« Notre place va changer, constate Philippe Pruvost, acheteur d’Elvea Hauts-de-France. Après 30 ans d’association avec Elvea, c’est un peu choquant de perdre son droit de vote, mais je reste confiant car nous sommes inséparables. »
Les OPNC dispose d’un peu plus d’un an pour mettre à jour leurs statuts. « Nous ne sommes pas contre le changement, mais nous demandons que les choses soient claires, souligne Philippe Auger. Nous souhaitons que le ministère et la DGCCRF valident nos nouveaux statuts, dès qu’ils seront établis. »
Valérie Scarlakens
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